Bone tomahawk
Un grand merci à M6 Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Bone Tomahawk » de S. Craig Zahler.
« L’intelligence est le seul avantage que nous ayons sur ces sauvages. Il va falloir essayer de le garder. Autant que notre sang froid. »
1850 - quelque part entre le Texas et le Nouveau Mexique. Dans la paisible ville de Bright Hope, une mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Le shérif local accompagné de quelques hommes se lance alors à leur poursuite pour tenter de les retrouver et de les sauver…
« On est là pour un sauvetage. Pas pour un massacre. »
Bercé et nourri par le cinéma, et notamment par le cinéma de genre, le jeune S. Craig Zahler rêvait d’écrire et de faire des films depuis son plus jeune âge. De son propre aveu, il a même commencé à écrire ses premiers scénarios dès l’âge de seize ans. Pour autant, en dépit de tentatives nombreuses et répétées et d’une persévérance à toute épreuve, il n’avait jusqu’alors jamais réussi à percer dans une industrie cinématographique devenue frileuse et peu prompte à s’engager dans des projets trop originaux. Au fils des années, il parviendra pourtant à vendre ou à faire mettre des options sur pas moins de 21 scénarios mais un seul verra finalement le jour (en l’occurrence « The incident » du français Alexandre Courtes), Zahler faillit renoncer au cinéma, déçu de n’avoir jamais véritablement eu sa chance. D’autant qu’en parallèle, il a entamé avec un certain succès une jolie carrière d’auteur, publiant une poignée de romans dont le dernier en date (« Mean Business on North Ganson Street ») a même attiré l’attention du grand Leonardo Di Caprio qui en a acheté les droits pour l’adapter sur grand écran. Finalement, il décide en 2012 de réaliser lui-même et avec ses propres moyens, pour une plus grande liberté artistique, « Bone Tomahawk », basé sur l’un de ses scénarios. Soutenu par Kurt Russell, attaché très tôt au projet, ainsi que par le producteur indépendant Dallas Sonnier, il parvient finalement à boucler son film avec un budget minime et surtout en un temps de tournage très resserré de 21 jours. Film à part dans la production cinématographique américaine actuelle, le film est ainsi présenté dans de nombreux festivals. Il remporte notamment le Grand Prix du Festival « Fantastic’Arts » de Gérardmer.
« Tu diras au revoir à ma femme. Je dirai bonjour à la tienne. »
« Bone Tomahawk » avait, de prime abord, l’air d’un western tout ce qu’il y a de classique. A priori du moins : des pionniers se font assassiner et détrousser par un brigand de grand chemin, lui-même sauvagement appréhendé par le shérif de la bourgade dans laquelle il a trouvé refuge. Et puis le prisonniers et ses geôliers se font kidnapper une nuit, obligeant le shérif, son adjoint et deux volontaires à partir à travers le désert pour tenter de leur porter secours. A l’évidence, le réalisateur connait ses classiques sur le bout des doigts et l’ombre des grands maitres du genre planne comme une évidence sur toute la première partie du film. On pense ainsi à John Ford (dont l’intrigue fait furieusement penser à celle de « La prisonnière du désert »), à Howard Hawks (pour l’amitié virile, pour ses personnages, comme le vieil adjoint amoindri tout droit sorti de « Rio Bravo ») ou encore à Monte Hellman à qui il emprunte la langueur contemplative et désenchantée de « La mort tragique de Leland Drum ». Car finalement, le deux premiers tiers du film se révèlent plutôt tranquilles, principalement centrés sur les relations entre ces hommes, de caractère très différents et obligés de cohabiter le temps de cette traque, qui s’effectue dans les difficiles conditions du désert. Et puis dans le dernier tiers, S. Craig Zahler change subitement de ton, faisant glisser brutalement son récit du western au film d’épouvante en introduisant des éléments horrifiques, en l’occurrence une communauté de cannibales primitifs et troglodytes, communiquant uniquement par d’étranges sifflements. Le rythme s’accélère soudain et le récit fait alors place à une explosion de violence inouïe, par moment même à la limite du gore. Le supplice de l’un des adjoints, devant les yeux impuissants des autres captifs, est ainsi à la limite du soutenable. Mais tout cela donne lieu à un final dantesque, à l’efficacité aussi redoutable que jouissive. C’est là que réside toute la réussite de ce « Bone Tomahawk » : un mélange des genres improbable mais savoureux entre western et film d’horreur, quelque part entre John Ford, Wes Craven (« La colline a des yeux ») et Antonia Bird (« Vorace »). Le tout porté par un casting quatre étoiles, un quatuor de grands acteurs parfaitement complémentaires (Kurt Russell, le génial Richard Jenkins, Patrick Wilson et Matthew Fox). Voilà donc un film original, surprenant et diablement efficace. Une vraie bonne surprise qui renouvelle bien le genre.
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Le dvd : le film est présenté en version originale américaine ainsi qu’en version française. Des sous-titres optionnels français sont également proposés. Côté bonus, le film propose une bande-annonce et surtout un making-of du film.
Edité par M6 Vidéo, « Bone Tomahawk » est disponible en dvd et en blu-ray depuis le 11 mai 2016.
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