La vérité sur Bébé Donge
Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La vérité sur Bébé Donge » de Henri Decoin.
« Les affaires c’est comme les femmes : il y a celles qu’on conclue dès le premier jour et puis il y a les autres... »
François Donge, un riche industriel amateur de femmes, rencontre une jeune fille, Elizabeth, surnommée Bébé, qu’il épouse. Dix ans plus tard, empoisonné par sa femme, agonisant sur un lit d’hôpital, il revit le parcours de son couple et comprend comment cette jeune fille qui l’adorait a souffert de ses multiples liaisons et s’est meurtrie à son indifférence.
« Je veux seulement t’aimer François »
Nageur olympique, pionnier de l’aviation pendant la Première guerre mondiale, journaliste... Henri Decoin aura vécu mille vies d’aventures hors normes avant de se consacrer au cinéma à partir des années 30, où sa carrière sera intimement liée à celle de la jeune première du cinéma français Danielle Darrieux dont il sera un temps l’époux et le Pygmalion. C’est ainsi en la dirigeant qu’il signera ses premiers succès (« Le domino vert » en 1935, « Battements de cœur » en 1939 ou encore « Premier rendez-vous » en 1941) jusqu’à devenir l’un des réalisateurs majeurs du cinéma français des années 40 et 50, s’illustrant aussi bien dans le mélodrame (« Les amoureux sont seuls au monde », 1947), les films historiques (« L’affaire des poisons », 1955) et surtout les polars (« Le feu aux poudres », « Razzia sur la chnouf »). Après « Les inconnus dans la maison » (1942) et « L’homme de Londres » (1943), il signe avec « La vérité sur Bébé Donge » (1951) sa troisième et dernière adaptation de romans de Georges Simenon. Le film marque également les retrouvailles du cinéaste avec Danielle Darrieux, dix ans après leur divorce et leur dernière collaboration (« Premier rendez-vous »).
« A quoi bon se mettre à deux pour vivre si ce n’est pas pour être mieux qu’à soi tout seul ? »
Des retrouvailles placées - ironie du hasard - sous le signe d’une histoire d’amour manquée, saccagée et au dénouement tragique. Car si elle fut à l’origine une jeune femme naïve et passionnée, Elizabeth « Bébé » Donge est devenue une femme froide et désabusée, lasse du cynisme et du manque d’attention de son époux, riche industriel provincial peu intéressé par la vie maritale. C’est d’ailleurs pour le punir d’avoir tuer la passion intérieure et les rêves qui l’habitaient que « Bébé » Donge a finalement choisi d’empoisonner son mari. Telle une version acide de « Roméo et Juliette » qui aurait mal tourné. Cloué sur son lit d’agonie, celui-ci se remémore alors leurs dix années de vie commune. Construit en une série de flashbacks, le film se livre ainsi à la radioscopie du couple Donge, passant en revue les moments clés de leur histoire (leur rencontre, leur voyage de noces...) ainsi que les bons et les mauvais souvenirs. Et tandis qu’il voit sa vie défiler devant ses yeux, François Donge prend peu à peu conscience du mal que son attitude, ses frasques adultères et son égoïsme ont pu causé à son épouse. Toute la subtilité du scénario reposant sur l’inversion progressive des rôles, la flemme de François se rallumant à mesure que celle de sa femme s’éteint et se glace. Si le scénario - et plus encore son traitement - parait aujourd’hui un peu daté, le film vaut surtout pour la rencontre des deux monstres sacrés - Jean Gabin et Danielle Darrieux - qui forment ici un couple de légende. Et qui livrent ici de formidables performances d’acteurs.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée, en version originale française (2.0) ainsi qu’en audiodescription (2.0). Des sous-titres anglais et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Retour sur l’affaire Donge » (52 min.) : Documentaire inédit de Roland-Jean Charna (Inser & Cut), avec les participations de Didier Decoin, Clara Laurent, Jean-Jacques Jelot-Blanc et Claude Gauteur.
Edité par Gaumont, « La vérité sur Bébé Donge » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 28 février 2018.
Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.
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