Frances
Un grand merci à StudioCanal pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Frances » de Graeme Clifford.
« Elle avait trois passions : le théâtre russe, Broadway et moi »
À 16 ans, lycéenne à Seattle, elle remportait tous les prix ; à 23 ans, étoile montante et troublante de la scène et de l’écran, on l’admirait pour sa beauté et son talent. A 27 ans, un enchaînement d’événements insignifiants entraîne son arrestation et son internement d’office définitif dans un établissement psychiatrique.
« Vous êtes comédienne. Tout ce qu’on vous demande, c’est d’avoir du talent »
Pour des générations entières de spectateurs et d’aspirants comédiens du monde entier, Hollywood reste depuis près d’un siècle synonyme d’une certaine forme d’excellence en matière de spectacle et de divertissement populaire. Une sorte de gigantesque « usine à rêves » dont les productions sont autant de miroirs déformant qui renvoient au monde l’image d’une Amérique idéale, prospère et heureuse où tout semble « bigger than life ». Mais Hollywood reste, surtout, le siège d’une puissante industrie trustée par une poignée de grands studios. Côté coulisses, loin des paillettes du star system, Hollywood demeure ainsi un univers impitoyable, fonctionnant sur la base de faux-semblants et d’une concurrence exacerbée, qui peut très vite se transformer en machine à broyer. Pour son premier film, l’australien Graeme Clifford qui était jusqu’ici connu pour ses talents de monteur, choisit de s’intéresser au terrible destin de l’actrice Frances Farmer (1913-1970), étoile filante de la galaxie hollywoodienne qui reste sans doute comme l’une des plus célèbres victimes de l’industrie cinématographique américaine.
« Rentrer à Hollywood, ce n’est pas vraiment rentrer chez soi »
« Frances » est ainsi le récit d'une terrible déchéance. D’une très longue descente aux enfers. Celle d'une petite fille rêveuse et surdouée promise a une brillante carrière d'actrice. Son seul tort sera d'avoir des idées trop en avance sur son temps (féminisme, socialisme) doublé d’un tempérament indocile la poussant à croire qu’elle pourrait profiter du système hollywoodien sans devoir s'y plier une fois la célébrité acquise. Mais Hollywood a toujours été un monde à part, avec ses propres lois, ses propres règles et ses puissants patrons de studios qui lui feront payer très cher ses écarts. Car non content de briser sa carrière, le système (y compris son entourage familial) mettra tout en œuvre pour détruire cette femme aussi bien physiquement que psychologiquement en la faisant passer pour folle. Ce qui sera pour elle le début d'un (très) long cauchemar éveillé: privation de liberté, enfermement en asile où elle subira, en vrac, des séances d’électrochocs, des viols collectifs organisés pour finir par une lobotomie. Un chemin de croix d’autant plus éprouvant pour le spectateur que le cinéaste fera le choix de ne lui épargner aucun détail, donnant à son film une dimension particulièrement oppressante. Un parcours chaotique qui montre l'envers peu reluisant du rêve hollywoodien. Et qui rappelle combien, à Hollywood peut être encore plus qu'ailleurs la liberté se paye cher. Mais si élève soit le prix à en payer, la belle « Frances » n'y perdra jamais sa dignité. Un film fort, mais terriblement dur et écrasant, dominé par la performance intense de la belle Jessica Lange.
***
Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, cette édition est agrémentée d’une présentation signée Jean-Baptiste Thoret (9 min.) ainsi que d’une analyse par Mathieu Larnaudie (55 min.).
Édité par StudioCanal dans la collection « Make my day » (dont il constitue le n°34), « Frances » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 28 avril 2021.
Le site Internet de StudioCanal est ici. Sa page Facebook est ici.
Commenter cet article