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12 Jul

Avoir vingt ans

Publié par Platinoch  - Catégories :  #comedies dramatiques

Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Avoir vingt ans » de Fernando Di Leo.

 

Avoir_vingt_ans

« Donnez-moi un paquet de Malboro et je vous taille une pipe ! »

 

Lia et Tina, deux jolies jeunes femmes, se rencontrent lors d’un rassemblement hippie. Elles deviennent amies et décident de faire du stop pour partir à l’aventure. Parvenues au sein d’une communauté, elles ont du mal à s’intégrer, étant un peu trop volages. Leur attitude délurée ne sera pas du goût de tout le monde…

 

« La communauté ? Vous voulez dire ce ramassis de pédés, de drogués et de putes ? »

 

Avoir_vingt_ans_Gloria_Guida

En marge des grands noms hérités du néoréalisme puis de la grande comédie italienne, le nom de Fernando Di Leo sera, lui, intimement lié au cinéma de genre italien qui connut ses heures de gloire entre les années 60 et les années 80. Sa carrière débute ainsi sous le signe du western, où il officie comme scénariste (« Pour une poignée de dollars » et « Quelques dollars de plus » de Leone, « Le retour de Ringo » de Tessari). Mais en tant que réalisateur, après quelques détours par le film de guerre (« Roses rouges pour le Führer »), c’est surtout dans le poliziottesco - sous-genre du film policier classique influencé par les années de plomb et marqué par une forme de brutalité et de démagogie - qu’il s’impose comme une référence. Avec, en point d’orgue, sa « trilogie du milieu », composée de « Milan calibre 9 » (1972), « Passeport pour deux tueurs » (1972) et « Le boss » (1973). Mais alors que le genre amorce son déclin à la fin des années 70, Di Leo termine la décennie avec « Avoir vingt ans » (1978), un film plus personnel qui dénote avec ceux qu’il a pu réaliser jusqu’alors.

 

« La Révolution sexuelle ? Je ne l’ai pas lue, je l’ai faite ! »

 

Avoir_vingt_ans_Lilli_Carati

« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » disait Raimbaud. On ne l’est définitivement pas beaucoup plus quand on en a vingt selon Di Leo. Un âge de transition entre l’adolescence et le monde des adultes, fait d’insouciance, de légèreté, d’expériences et de remise en cause de l’ordre établi. « Avoir vingt ans » s’ouvre ainsi comme une chronique de la jeunesse de son époque : on y suit les pérégrinations de deux jeunes femmes résolument libres et hédonistes, ouvertement hippies et qui traversent le pays en stop avec la ferme intention de vivre au jour le jour, selon leurs envies et en dehors de toutes conventions. Une attitude provocatrice et transgressive dans une Italie conservatrice et très largement dominée par le poids des préceptes de la religion catholique. Ce qui donne lieu - au départ du moins - à quelques scènes cocasses dans lesquelles leur attitude provocatrice est en parfait décalage avec la société puritaine d’alors (le vol au supermarché, l’arrivée dans la communauté). Mais très vite, on se rend compte que la légèreté de l’ensemble n’est au fond qu’apparente. A l’image de leur déambulation sexy dans les rues de Rome le temps d’une balade folk. Très vite, en effet, les deux héroïnes se retrouvent rattrapées par la société et sa morale rétrograde. D’abord au sein de la communauté hippie où on veut réduire leur statut de femme à celui d’esclave (sexuelle et ménagère). Puis lors d’une descente de police aux méthodes brutales durant laquelle elles serviront de bouc-émissaires. Jusqu’à un final saisissant et particulièrement éprouvant où la société machiste et patriarcale leur fera payer chèrement le prix de leur transgression. Y compris de façon symbolique en s’en prenant délibérément à leurs organes génitaux. Plus encore qu’une ode à la jeunesse et à la liberté de mœurs, Di Leo filme là la fin d’une époque, en l’occurrence celle des hippies. Une utopie libertaire rattrapée par le retour d’un ordre social et moral particulièrement dur. En cela, il porte la même dimension élégiaque et crépusculaire que le très beau « Knightriders » de George Romero, sorti trois ans plus tard.

 

Avoir_vingt_ans_Fernando_Di_Leo

 

***

Le blu-ray : Le film est présenté en version intégrale dans un Master 2k restauré, et proposé en version originale italienne (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Emmanuel Le Gagne ainsi que d’un diaporama d’affiches et de photos.

 

Édité par Artus Films, « Avoir vingt ans » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 1er juin 2021.

 

Avoir_vingt_ans_Artus_Films

 

Le site Internet de Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!