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10 Apr

Les randonneurs à Saint Tropez

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Mon groupe de cons du GR20 ! J’ai pas que des bons souvenirs mais ça me fait plaisir de vous voir ! »

Dix ans se sont écoulés depuis leur chaotique randonnée sur le GR20 de Corse. Toujours très liés, Cora, Nadine, Mathieu et Louis, décident de partir en vacances tous ensemble. Cette fois, ils ont opté pour un séjour tranquille dans une résidence de la Côte d’Azur. Entre les mésaventures de Cora, désormais mariée et souffrant de la routine de son couple, et celles de Nadine, toujours embarquée dans des histoires sans lendemain avec des hommes mariés, ces vacances sont l’occasion idéale pour se couper de la morne réalité, et se retrouver entre amis. Une sorte de petite parenthèse où tout semble permis et possible. Même de retrouver par le plus grand des hasards Eric, l’ex de Nadine qui avait officié comme guide lors de ladite randonnée, et qu’ils s’étaient jurés de ne plus fréquenter. Sauf que ce dernier a beaucoup changé. Ayant visiblement eu beaucoup de réussite dans les affaires, connaissant tout le gratin du coin, il semble être devenu l’un des rois de la fameuse station branchée. Suffisamment pour devenir à nouveau le guide de la petite bande dans l’univers VIP de la petite cité balnéaire…

« Tu veux rentrer en stop ? T’es resté un poète, toi ! »

Onze années après le succès surprise de ses « Randonneurs », qui avaient réunis près d’un million et demi de spectateurs, Philippe Harel remet donc le couvert, en réunissant de nouveau toute sa petite équipe pour un second opus. Une occasion pour lui de tenter de donner un second souffle à une carrière un peu moribonde dans les années 2000. En effet, si Harel s’est pourtant montré prolifique (« Extension du domaine de la lutte » en 1999, « Le vélo de Ghislain Lambert » en 2001, « Tristan » en 2003, « Tu vas rire mais je te quitte » en 2005), aucune de ses réalisations n’a cependant réussis à rencontrer un réel succès. De plus, si le film pouvait compter sur le thème fédérateur du film de potes (« Un éléphant ça trompe énormément » de Robert, « Mes meilleurs copains » de Poiré, « Le cœur des hommes » d’Esposito), et sur la reconnaissance obtenue par Poelvoorde et Viard devenus bankables, pour attirer le public dans les salles, sa sortie dans la foulée du gigantesque succès « Bienvenu chez les ch’tis » et du succès annoncé « Disco » n’était pas pour lui faciliter la tâche. Restait également à savoir si le film ne souffrirait pas du syndrome « Saint Tropez », synonyme d’échec ou de bêtise pour tous les films mentionnant le nom du célèbre petit port varois (« Le gendarme de Saint-Tropez » de Girault, « Les branchés de Saint-Tropez » et « Deux enfoirés à Saint-Tropez » de Max Pécas, ou encore « Le curé de Saint-Tropez » de Balducci).

« -     C’était le roi de la téléphonie mobile. Un milliardaire.

-         Je pouvais pas deviner, il était en tongs !

-         J’ai pas dit qu’il était le roi de la godasse ! »

Autant le dire, je n’avais pas garder un souvenir impérissable des « Randonneurs » première version. Je ne m’attendais donc pas à grand chose en allant voir l’acte deux. Et la surprise n’a hélas pas été au rendez-vous. Et pour cause, sans être totalement raté ou mauvais, le film n’arrive quasiment jamais à être à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre d’une grosse comédie populaire. La faute à un scénario inégal et inabouti, qui n’exploite pas assez tous ses personnages, se focalisant sur deux d’entre eux (Viard et Poelvoorde), aux détriments des autres (principalement Pailhas et Harel). Un déséquilibre qui pénalise l’ensemble. De même, la trame et les situations du scénario manquent cruellement d’originalité : les affres des vacances azuréennes, avec ses embouteillages, ses plages surchargées et ses tarifs prohibitifs, ça a déjà été fait et refait. De même que la plongée dans le milieu bling bling et superficiel de la jet set locale, avec son lot de lieux communs tels que les mafieux (forcément russes), les arnaqueurs et les putes, largement déjà-vu. Sans parler des improbabilités scénaristiques (pour des « pauvres » comparés à la jet set, nos camarades dépensent des sommes hallucinantes avec une légèreté confondante), et des personnages caricaturaux à souhait (Harel en râleur invétéré, Poelvoorde en goujat grossier débitant des vannes sur un rythme de mitrailleuse). Du coup, au final, Harel ne peux nous proposer mieux qu’une gentille et facile apologie de la beaufitude (quel plaisir de se taper deux heures d’embouteillages pour aller bouffer une glace sur le port de St Trop’ en regardant les riches bouffer sur leurs bateaux), se terminant par une chute toute aussi convenue (nos amis ont voulu vivre dans le rêve de la jet set, mais se retrouvent rattraper par la réalité en payant cher les pots cassés à leur réveil). De toute évidence, l’ensemble trop lisse et balisé, manque cruellement d’audace et de peps pour convaincre.

« Forcément, pour toi, un pauvre, il peut pas réussir sans enculer les autres »

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 Côté réalisation, Harel se contente d’assurer le minimum syndical, tant sur le plan de l’esthétique qu’au niveau du montage, paresseux, qui manque clairement de rythme et de dynamisme. Dès lors, les bons points viennent des interprètes : Karin Viard est proprement géniale dans ce rôle de femme insatisfaite revigorée par son nouveau statut de poule de luxe. En outre, très à l’aise dans un registre à la fois très sexy et drôle, c’est elle qui est clairement le plus en vue. A ses côtés, si Poelvoorde fait une nouvelle fois du Poelvoorde, c’est un registre qu’il connaît bien et qu’il maîtrise, assurant là aussi quelques bons moments. Vincent Elbaz est également très bon en imbécile insouciant. Les déceptions viennent finalement de la douce Géraldine Pailhas, cantonnée à sa décharge dans un rôle secondaire et trop peu développée pour lui permettre de faire parler son talent, et de Philippe Harel, enfermé dans un rôle de râleur pessimiste un peu trop caricatural. En bref, si le retour des « Randonneurs » se laisse regarder sans réel déplaisir, il souffre quand même d’un manque flagrant d’originalité et de punch pour convaincre. Sans être bon ou mauvais, ce film est surtout trop terne. Dommage.

  



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B
N'ayant qu'entre-aperçu le premier, un soir a la télé, j'avais passé mon temps à zapper. La bande annonce du second ne me tentant pas, je profite donc de ta critique pour m'éviter de perdre mon temps et aller voir autre chose. Cependant, St trop attire vraiment des masses qui mangent leur glace, on chez Sénéquié, ou les nombreux restos, devant les énormes bateaux de riches. Je crois bien l'avoir déjà fait. Suis-je beauf ?
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!