Tous à l'ouest: une aventure de Lucky Luke
« Arrête Joe ! Tu sais bien que Lucky Luke est plus rapide que toi ! »
New York. Alors quils doivent être jugés, les Dalton sévadent du tribunal, peu avant larrivée de Lucky Luke, qui doit témoigner contre eux. Dévalisant une armurerie puis plusieurs banques, ils sèment rapidement la pagaille dans la ville. Traqués par la police, ils planquent leur butin dans la structure dune caravane perdue dans un terrain vague. Lorsquils reviennent le lendemain pour le récupérer, plusieurs dizaines de caravanes identiques sont regroupées là, prête pour le départ vers louest. Alors que Lucky Luke vient les arrêter, ce dernier est reconnu par le leader de lexpédition qui lui demande son aide pour atteindre la Californie en moins de 80 jours, clause obligatoire pour prendre officiellement possession des terrains quils ont acheté à un entrepreneur véreux. Poussé par les Dalton qui veulent gagner du temps pour récupérer leur bien, Lucky Luke finit par accepter. Mais face à limpératif de rapidité du voyage, il na dautres choix que dopter par la route la moins sûre, passant par le désert texan et le territoire des indiens
« Joe, tu vas pas recommencer avec tes plans ! Je ne les comprends pas et ils ne marchent jamais ! »
Fort du succès de la série animée diffusée à la télévision, notre légendaire cow-boy qui tire plus vite que son ombre a droit à une aventure sur grand écran pour les fêtes de fin dannée. Si cela peut constituer un événement en soi pour les aficionados de ce monument de la bande-dessinée populaire, il ne sagit pas pour autant dune première, puisque Lucky Luke a précédemment fait lobjet de quatre longs dessins-animés pour le grand écran (« Daisy Town » en 1971, « Le juge » également en 1971, « La ballade des Dalton » en 1978, « Les Dalton en cavale » en 1983). Le cow-boy à la célèbre banane a également fait lobjet de plusieurs aventures « live » : à la télévision tout dabord, sous les traits de litalien Terrence Hill, et sur grand écran ensuite, que ce soit dans « Les Dalton » (Haim 2004) où lallemand Til Schweiger lui prêtait ses traits, ou dans le prochain « Lucky Luke », où il sera interprété par Jean Dujardin. Pour cette nouvelle aventure, léquipe de la série télévisée a été bien évidemment reconduite. Une grande première pour le réalisateur Olivier Jean-Marie, qui navait jusquici été réalisateur et concepteur que sur la série télé « Les nouvelles aventures de Lucky Luke ». Pour loccasion, il a été décidé dadapter lalbum « La caravane », 24ème album de la série, publié en 1964.
« On arrivera à temps en Californie, vous savez pourquoi ? Parce quon pense positif. Et quand on pense positif, on pense pas négatif »
La première chose frappante dans ce film, ce sont les grandes libertés prises par les scénaristes par rapport à lalbum original. Ceci étant motivé par une envie défendable de moderniser un peu lunivers de la BD en y incorporant un certain nombre de références à notre époque, ainsi que par une volonté dy apporter une touche personnelle. La première partie du film, située à New York, est ainsi une pure création de léquipe aux commandes du projet. Difficile dès lors de sy retrouver complètement pour ceux qui ont grandi nourri à lhumour de Goscinny. Car la plupart du temps, les nouvelles « trouvailles » scénaristiques se mettent en porte à faux avec lhumour si caractéristique et subtil de lauteur original, et la plupart des effets comiques tombent à plat. Le coup du patch remplaçant le calumet de la paix est assez représentatif de cela, et obtient la palme du gag le plus raté, au même titre que laffreux rap introductif de Rantanplan. Ceci est dautant plus dommage que le film jouit dun rythme soutenu et sans temps morts, et de quelques morceaux de bravoures fonctionnant bien (Averell est toujours phénoménal, le running gag de ses revolvers sculptés dans différentes matières fonctionne bien, tout comme Rantanplan, dont lesprit du personnage est bien préservé). Mais faute dimagination débordante et innovante, Olivier Jean-Marie abuse un peu trop dinterminables scènes de courses-poursuites (dans N-Y et dans la mine) inutiles, qui napportent rien à lhistoire, si ce nest de lui permettre datteindre la durée respectable dune heure vingt, et de montrer une belle maîtrise technique par linsertion de quelques plans en 3-D dans un dessin-animé en 2-D.
« Où allons-nous si on ne peut même plus compter sur les indiens pour massacrer une caravane ? »
A ce titre, la forme du film est assez convaincante. On est content de retrouver un dessin animé en 2-D, lapport des quelques plans 3-D donnant une plus grande fluidité à lensemble et permettant dembellir visuellement certaines scènes. De manière générale, tant dans lanimation des personnages que dans la réalisation, le film paraît visuellement très maîtrisé, et lambiance visuelle de la BD parfaitement respectée. Côté casting, seul Bernard Alane (Averell), déjà présent sur la série télé, est de la partie sur grand écran, les autres personnages étant confiés à des voix plus célèbres. Si le casting peut étonner à première vue, Lambert Wilson (Lucky Luke) et Clovis Cornillac (Joe Dalton) trouvent le ton juste sans en faire des tonnes. Même chose pour François Morel (Rantanplan), qui connaissait déjà son personnage puisquil le doublait pour la série animée télévisée qui lui était consacrée il y a quelques années.
« Et mon Q.I., cest du boulet ? »
Au final, bilan assez mitigé pour cette nouvelle aventure de Lucky Luke sur grand écran. Si on ne peut que reconnaître la maîtrise visuelle de lensemble qui respecte parfaitement lunivers de la BD de Morris, on ne pourra quêtre plus réservé quant à lhistoire. En effet, celle-ci prend pas mal de libertés par rapport à la BD originale, et les gags « modernes » ajoutés par la fine équipe de réalisation ne collent jamais réellement à lhumour et à lunivers de Goscinny. Pire. Très ciblés jeune public et ne volant jamais bien haut, la plupart de ses rajouts peinent à faire sourire les spectateurs de plus de dix ans. En cela, « Tous à louest » sapparente davantage à un épisode de la série dont la durée serait celle dun film, quà un véritable film de cinéma. Clairement calibré pour les plus jeunes, ce film réjouira sans aucun doute les enfants. Pour les autres, la ballade dans louest ne sera pas forcément désagréable, à condition de ne pas être trop regardant. On regrette quand même la plume de René Goscinny !
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