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19 Oct

Vicky Cristina Barcelona

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Tu n’es pas obligée de faire carrière. Je suis certaine que tu vas épouser un homme riche et que tes problèmes se résoudront quand il te mettra enceinte »

Vicky et Cristina sont d'excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l'amour : la première est une femme de raison, fiancée à un jeune homme respectable ; la seconde, une créature d'instincts, dénuée d'inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences sexuelles et passionnelles. Lorsque Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky, offrent de les accueillir pour l'été à Barcelone, les deux amies acceptent avec joie : Vicky pour y consacrer les derniers mois de son célibat à la poursuite d'un master ; Cristina pour goûter un changement de décor et surmonter le traumatisme de sa dernière rupture. Un soir, dans une galerie d'art, Cristina "flashe" pour le peintre Juan Antonio, bel homme à la sensualité provocante. Son intérêt redouble lorsque Judy lui murmure que Juan Antonio entretient une relation si orageuse avec son ex-femme, Maria Elena, qu'ils ont failli s'entre-tuer. Plus tard, au restaurant, Juan Antonio aborde Vicky et Cristina avec une proposition des plus directes : s'envoler avec lui pour Oviedo, consacrer le week-end à explorer les beautés de la ville, à boire du bon vin et à faire l'amour. Vicky est horrifiée ; Cristina, ravie, la persuade de tenter l'aventure...

« Au fond, tu me cherches dans toutes les femmes »

Après sa trilogie londonienne – qui a semble-t-il relancée un peu la popularité du réalisateur new-yorkais – Woody Allen boucle son périple européen par une dernière escale à Barcelone, le temps de ce « Vicky Cristina Barcelona ». Un cycle européen qui devait initialement comprendre une étape parisienne (Michelle Williams et David Krumholtz étaient pressentis pour en tenir les rôles principaux), projet finalement abandonné en raison d’un coût jugé excessif. Son prochain film (dont le tournage est déjà bouclé) retrouvera donc le traditionnel cadre new-yorkais et sera porté par Evan Rachel Wood, nouvelle venue dans l’univers d’Allen. Pour l’anecdote, « Vicky Cristina Barcelona » marque l’ultime collaboration de Allen et de son producteur historique Charles H. Joffe avec qui il travaillait depuis ses débuts de réalisateur dans « Prends l’oseille et tire-toi » en 1969, ce dernier étant décédé en juillet dernier. « Vicky Cristina Barcelona » a été présenté au Festival de Cannes 2008 en Sélection officielle.

« Mon père déteste les hommes et leur reproche après des millions d'années à ne pas avoir appris à s'aimer »

Après une trilogie londonienne assez sombre et dramatique (meurtre, serial killer et culpabilité étaient entre autre au programme), Woody Allen semblait rechercher un peu de légèreté dans la capitale catalane, symbole de l’attractivité retrouvée espagnole et ville cinématographiquement incontournable du moment. A ce titre, l’ouverture du film, avec sa musique énergique et sa lumière caniculaire, annonçait d’entrée un spectacle virevoltant, léger et sexy. De quoi contenter les spectateurs les plus sceptiques à propos des films « londoniens » de Allen, très décevants (à l’exception du très distrayant « Scoop », « Match point » restera probablement le film le plus surcoté de ces dernières années). D’autant que ce début de film s’avère des plus prometteurs, imposant son énergie et ses bons mots sans fausse note et sans temps mort, trouvant son apogée dans une drolissime et déjà culte scène de séduction, durant laquelle Javier Bardem vient accoster nos deux touristes américaines, leur proposant de manière très cash de l’accompagner pour un week-end sensoriel et sexuel voué aux plaisirs. L’atmosphère s’y fait extraordinairement légère et drôle, et la tension érotique est à son comble. Hélas, passé ledit week-end, le film retombe comme un soufflet avec le retour sur Barcelone. Le film se focalise alors sur une série de réflexions sur l’amour (avec ses désirs, ses jalousies, ses non-dits) et sur la difficulté de se réaliser au sein du couple, prenant le pas sur la tonalité légère et caustique qui régnait jusqu’alors. Pour ce faire, le vieux Woody développe son récit en l’articulant autour d’un quatuor avec au centre Javier Bardem (qui cristallise les désirs de ces dames) et trois personnages féminins qui gravitent autour. Celles-ci, telles les différentes facettes d’une même femme (la raison, le désir, la passion), sont volontairement très différentes et démarquées. Malheureusement Allen a perdu en cours de route toute la légèreté du premier quart d’heure qui rendait le film aussi pétillant et agréable que du champagne. Ainsi, les situations deviennent convenues (le baiser féminin), agaçantes (horripilant personnage de Pénélope Cruz, archi caricatural), et souvent grotesques (le ménage à 3). Mais surtout, ce scénario facile et creux rappelle combien le réalisateur avait su faire preuve d’intelligence, de subtilité et d’humour pour traiter ces mêmes thèmes dans ses œuvres antérieures, telles le génial « Annie Hall », « Hannah et ses sœurs », ou encore « Tombe les filles et tais-toi ». Une comparaison obligatoire, qui montre combien ce « Vicky Cristina Barcelona » demeure au final une coquille vide. A l’image de la représentation caricaturale et farfelue de l’Espagne (qui se résume à Gaudi et aux terrasses de restaurants sous les tonnelles où on trouve immanquablement des guitaristes andalous en buvant du vin).

« Seul l’amour non satisfait peut être romantique »

Après, soyons honnêtes, un Allen médiocre reste tout de même un film relativement agréable à regarder. Parce qu’une fois encore le réalisateur fait l’étalage de son talent en matière de découpage, de cadrage, de direction de ses acteurs (sauf pour P. Cruz) et parce qu’il a toujours un redoutable sens des dialogues qui font mouches. Côté comédiens, malgré le beau casting, on regrettera donc (au risque de paraître lourd !) l’interprétation affligeante de Pénélope Cruz, et la prestation minimum de Scarlett Johansson. Du coup, même si elle paraît au premier abord moins lumineuse que ses partenaires, c’est bel et bien la troublante Rebecca Hall qui s’affirme comme étant la révélation du film, tandis que Javier Bardem, mélange de présence animale et de fragilité, confirme tout le bien qu’on pensait de lui. Malgré cela, « Vicky Cristina Barcelona » peine à convaincre sur la durée et – contrairement aux généreux échos des critiques – ne demeure qu’une petite comédie, certes sympathique, mais mineure à l’échelle de la carrière du maître. D’ailleurs, on peut même légitimement remettre en cause la notion de comédie à propos de ce film, tant cette réflexion particulièrement pessimiste sur l’amour, le désir et le couple en fait peut-être le film le plus mélancolique et le plus sombre de sa période européenne.

  



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S
Sa période européenne est loin d'être purement comique, excepté Scoop. Match Point est une pure tragédie sans réel moment comique, sans légèreté. Le Rêve de Cassandre, pourtant assez drôle, est rattrapé par la tragédie antique à la toute fin. Et celui-ci est une comédie-dramtico-romantique, certes mineure, mais agréable.
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V
Woody n'est pas mort depuis longtemps, il vieillit dans le sens le plus artistique du terme. Il peint comme bon lui semble, suivant le gré de son envie, savourant la compagnie de chaque actrice, chaque acteur. Le plaisir qu'il prend à faire un film ne peut pas être toujours aussi communicatif avec son public, la preuve ici. Mais ne le fustigeons non plus, même si ce film-ci est médiocre.
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B
Pour ma part, très grosse déception. Long, ennuyeux, convenu, caricatural, pathétique. Woody Allen peine depuis quelques années, et dans celui-ci, c'est carrément la bérézina. Même le premier quart d'heure est bateau. C'est vrai qu'il reste l'expérience et quelque chose qui se rapproche de son univers, mais qui s'enfonce inexorablement. Arrêtons de s'extasier sur le moindre nonos sous pretexte que c'est du WA. C'est faire du bobo et du parisianisme qu'il ne mérite plus. L'ex-maître est décevant, tout simplement parce que Woody Allen est mort depuis longtemps ! Il serait temps de le reconnnaitre et de tourner vos regards ailleurs.
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