L'assassinat du Père Noël
Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le bluray du film « L’assassinat du Père Noël » de Christian-Jaque en version restaurée.
« J’ai voyagé dans tous les pays du monde pour comprendre qu’on est nulle part ailleurs chez soi »
Le soir du 24 décembre, dans un petit village de Savoie enfoui sous la neige, le bon père Cornusse, fabricant de globes terrestres, s'apprête à jouer comme chaque année le rôle du père Noël, tandis que Catherine, sa fille, rêve d'un prince charmant en cousant des robes de poupées. Le mystérieux retour au château du baron Roland alimente quant à lui bien des conversations. Puis, un homme en habit de Père Noël est retrouvé mort...
« Tout le monde est un peu pestiféré »
Petit flashback. 1940. Après sa capitulation, la France est occupée par l’Allemagne. Parmi les conséquences de l’occupation, l’Allemagne tente d’imposer ses productions cinématographiques dans les salles françaises. Mais le succès n’étant pas au rendez-vous, il est donc décidé, avec l’aval de Goebbels, de créer une filiale française de la société de production cinématographique allemande U.F.A. afin de produire des films français. Ce sera la Continental Films, qui produira trente longs métrages entre 1941 et 1944, réalisés par les grands réalisateurs français du moment qui n’ont pas fuit vers des cieux plus cléments : André Cayatte, Henri Decoin, Maurice Tourneur, Fernandel, Henri-Georges Clouzot. Et donc Christian-Jaque, qui signe avec « L’assassinat du Père Noël » le premier film produit par la Continental. Ce dernier avait accepté de tourner un film pour la filiale française de l’U.F.A. à la condition spécifique qu’il ne s’agisse pas d’un film de propagande. A noter qu’il s’agit de la deuxième adaptation d’un roman de Pierre Véry signée par Christian-Jaque après « Les disparus de Saint-Agil » en 1938. A noter que deux des principaux acteurs seront rattrapés par la Grande Histoire : Harry Baur décèdera des suites d’un internement et des tortures qui lui seront infligés tandis que Robert Le Vigan, collaborateur célèbre, sera condamné à la dégradation nationale et aux travaux forcés.
« Il est déjà minuit passée, il ne viendra plus le Père Noël »
« L’assassinat du Père Noël » est un film étrange. Inclassable. C’est d’abord la chronique sociale d’un village savoyard isolé du monde pour cause d’enneigement, donnant à voir un instantané de la société française des années 30. On y retrouve le prêtre qui prépare l’office de Noël, l’instituteur viscéralement anticlérical, le café du commerce où les vieux tapent le carton, l’étrange baron qui revient mystérieusement au pays après avoir passé des années à courir le monde, et même la Mère Michelle qui a perdu son chat... Puis peu à peu à le film dévie vers une enquête policière avec l’agression du prêtre, le vol de l’anneau de Saint-Nicolas dans l’église et enfin le meurtre du Père Noël. Le récit fait se croiser plusieurs intrigues sans qu’aucune ne vienne prendre le pas sur les autres. On s’étonne d’ailleurs de l’absence de militaires, de miliciens, d’occupants, de rationnements... Comme si là-haut, dans la montagne, la guerre n’avait jamais eu lieu. Comme si le temps s’était figé dans une sorte d’avant insouciant et joyeux (les enfants attendent le Père Noël à qui les parents payent des coups à boire, on rit et on chante dans le café du coin). Et puis finalement, le film prend des allures de conte de Noël : les méchants seront arrêtés et l’anneau volé retrouvé. Le Père Noël est bien vivant et rendra le sourire aux enfants. Même le petit malade réussira à remarcher dans un authentique miracle de Noël. Quant au baron esseulé dans son château, il finira lui aussi par trouver sa princesse. Avec « L’assassinat du Père Noël », Christian-Jaque signe un film étonnamment optimiste sur l’espoir. L’espoir d’un renouveau. L’espoir de voir venir des jours meilleurs. A l’image de cette dernière phrase au double sens évident dont on s’étonne qu’elle ait pu franchir la censure.
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Le bluray : Merveilleusement restauré par Pathé, « L’assassinat du Père Noël » bénéficie d’une seconde jeunesse. Le film est disponible en VF. Côté bonus, un reportage consacré à la restauration des trois films adaptés de Paul Véry est proposé (20 min, le même documentaire que celui proposé sur « Goupi Mains rouges » et « Les disparus de Saint-Agil »), de même qu’une table ronde consacré à l’analyse du film.
Edité par Pathé, « L’assassinat du Père Noël » est disponible dans une très belle édition combo bluray + dvd à compter du 16 décembre 2015.
A noter que « L’assassinat du Père Noël » fait partie d’une série de 5 films restaurés édités par Pathé qui comprend également « Goupi Mains rouges », « Les disparus de Saint-Agil », « Trois hommes à abattre » et « Pour la peau d’un flic ».
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