La maison rouge
Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La maison rouge » de Delmer Daves.
« La vérité ne devrait faire peur à personne, homme ou garçon... »
Pete Morgan vit dans une ferme isolée avec sa sœur Ellen et sa fille adoptive, Meg dont les parents ont disparu il y a quelques années dans des conditions mystérieuses.
Handicapé, il a besoin de quelqu’un pour l’aider aux différents travaux de la ferme.
Il embauche le jeune Nath Storm comme homme à tout faire, mais l’avertit : en aucun cas, il ne devra s’aventurer dans les bois qui entourent la ferme. Selon lui, ils seraient hantés…
« Tu penses qu’il existe un homme qui n’a rien à cacher ? Chaque âme vivante a son bois d’Oxhead »
L’américain Delmer Daves se destinait initialement à une carrière de juriste. Mais de ses études au sein de la prestigieuse Université de Stanford, il retint surtout les heures passées au sein du club de théâtre. Après une première expérience au sein du service juridique de la Paramount durant ses études, il décide de renoncer à sa carrière d’avocat pour tenter finalement sa chance à Hollywood. Après quelques apparitions comme figurant, il fut un temps accessoiriste puis assistant jusqu’à devenir scénariste à la fin des années 20. Travaillant ainsi pour des réalisateurs de renom tels que Frank Borzage, Mervin LeRoy ou Archie Mayo, il s’affirme comme l’un des scénaristes les plus en vue de cette époque grâce au succès de « La forêt pétrifiée » (1939), « Elle et lui » (1939) ou encore « Ô toi ma charmante » (1942). Il profite de la guerre pour accéder à la réalisation en 1943 avec le film de guerre « Destination Tokyo », point de départ d’une carrière qui durera une vingtaine d’années et qui comptera une trentaine de réalisations. Plus encore que ses films noirs (« Les passagers de la nuit »), ses films de guerre (« Diables au soleil ») ou ses teens movies (« Susan Slade », « Amour à l’italienne »), Daves s’affirma surtout comme un grand réalisateur de westerns à tendance progressiste, tels « La flèche brisée », « Cowboy », « L’homme de nulle part » ou encore « 3h10 pour Yuma ». En 1947, il signe « La maison rouge », sa cinquième réalisation, adaptation du roman homonyme de George Agnew Chamberlain.
« Je ne peux pas le laisser partir. Tant que la maison rouge existe là-haut, ma vie lui appartient et sa vie m’appartient »
Avec « La maison rouge », Daves nous convie à une étrange partie de campagne. Une chronique rurale où la nature semble, en apparence, garante de ce que l’Amérique compte de plus sain : des paysages grandioses, du bon air pur, des produits agricoles de première qualité et surtout des jeunes gens droits et travailleurs. C’était sans compter la présence d’une étrange forêt mystérieuse et de l’inquiétante mise en garde du patriarche Morgan interdisant formellement à quiconque de se promener dans les bois. « La maison rouge » bascule alors dans le film noir aux accents de mystère et de fantastique : les grands espoirs sauvages se transforment alors un piège oppressant à mesure que l’attitude du père Morgan devient paranoïaque et agressive. L’intrigue, assez classique et prévisible, lorgne ouvertement vers le cinéma d’Hitchcock des années 40 et plus spécifiquement vers ses thrillers psychologiques (« Rebecca », « L’ombre d’un doute », « La maison du Docteur Edwards »). On y retrouve ainsi ce même goût pour les personnages ambivalents et tourmentés (Le vilain infirme Pete Morgan et sa brave sœur qui sait tout mais ne dit rien), pour les mystères un peu glauques ainsi que pour les ambiances anxiogènes et oppressantes. L’acte de transgression - l’exploration de ladite forêt - se transforme ainsi en un voyage au pays de la peur et de la folie dont la plus grande réussite réside dans son atmosphère angoissante et électrique, dont on regrettera simplement le dénouement, sombre mais un petit peu trop convenu. On saluera néanmoins la mise en scène raffinée et efficace de Delmer Daves ainsi que la formidable interprétation de l’inquiétant Edward G. Robinson et de l’excellente Judith Anderson.
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Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau master HD, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Christophe Champclaux, historien du cinéma.
Edité par Rimini Editions, « La maison rouge » est disponible en DVD depuis le 11 juillet 2017.
La page Facebook de Rimini Editions est ici.
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