L'étalon sauvage
Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « L’étalon sauvage » de Phil Karlson.
« Le bon vieux temps est passé pour de bon. Il n’y a plus assez de chevaux sauvages pour que cela vaille le coup de les chasser »
Chihuahua, Mexique : Scotty Mason, sa femme Margarita et The Kid cherchent à capturer le cheval légendaire nommé Thunderhoof. Scotty ignore que The Kid qu’il a arraché dix ans plus tôt à des sables mouvants, aime Margarita qu’il a connue avant son mariage. Margarita reste fidèle à Scotty et The Kid décide de partir. Scotty sait en revanche qu’il ne pourra capturer Thunderhoof sans son aide.
« Les indiens pensent que quiconque attrapera cet étalon sera comme béni et obtiendra tout ce qu’il veut »
Après de brillantes études de droit, Phil Karlson se destinait à une carrière d’avocat. Mais le destin joue parfois de drôles de tour et il lui suffira d’un stage juridique au service d’un grand studio hollywoodien pour qu’il se prenne de passion pour le cinéma et se décide à abandonner ses rêves de barreau. Embrassant finalement une carrière de technicien, Karlson passe quelques années dans l’ombre à apprendre les ficelles du métier avant de devenir dès le début des années 30 un prolifique assistant réalisateur, œuvrant notamment sur de nombreux films du duo comique populaire Abbott et Costello. Il côtoiera quelques pointures, comme les réalisateurs Tay Garnett ou René Clair. Il doit néanmoins attendre le milieu des années 40 pour réaliser ses premiers films. De ses trente prolifiques années de carrière, on retiendra de Karlson son appétence pour les films noirs (« L’inexorable enquête », « Le quatrième homme », « The Phenix City story ») et un goût immodéré pour une certaine liberté artistique, pour laquelle il préfèrera - à de rares exceptions près - les productions modestes à petits budgets. En 1948, il signe « L’étalon sauvage », un western à petit budget qu’il considèrera à titre personnel comme l’une de ses plus grandes réussites. Resté inédit en France, tant en salle qu’en vidéo ou à la télévision, la sortie du film en DVD constitue donc un petit évènement pour les cinéphiles.
« Les chevaux aussi suivent leur partenaire dans le pétrin »
A première vue, « L’étalon sauvage » est un film de facture assez classique aux faux airs de western. L’histoire y est a priori assez simple : deux cowboys ambitionnent de capturer au Mexique un fameux étalon sauvage afin de le ramener à travers le désert jusqu’au Texas où ils comptent établir un élevage. Mais entre la blessure de Scotty, les éléments déchainés et la faune sauvage, leur balade n’aura rien d’une promenade de santé et le danger sera partout. Surtout, c’était sans compter sur la présence d’un personnage féminin qui cristallisera les passions - épouse de l’un et convoitée par l’autre - et qui viendra complexifier quelque peu les rapports entre les deux hommes au point de mettre en péril leur amitié ainsi que la réussite de leur entreprise. Basculant dans le drame psychologique, le film se focalise alors sur l’évolution des relations entre les personnages, passant pour l’un du paternalisme à la méfiance et pour l’autre de la gratitude à la jalousie. Des sentiments contradictoires qui donnent au film une dramaturgie forte ainsi qu’une tension de tous les instants. En cela, le parcours de l’étalon sauvage qui passera du statut d’animal indomptable à celui du destrier salvateur, apparait comme une métaphore du comportement humain. Mais plus encore, l’intérêt du film réside dans la façon dont Karlson parvient à transcender un sujet très simple pour un faire une œuvre complexe. Le tout avec une rare économie de moyens (trois personnages et cinq chevaux en tout et pour tout, dans un huis clôt à ciel ouvert) et très peu de scènes spectaculaires (si ce n’est une bagarre à flanc de falaise). Un petit exploit en soi qui prouve toute l’ingéniosité du cinéaste qui signe là un joli petit western aussi singulier que sensible.
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Le DVD : Le film est présentée en version restaurée, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Bertrand Tavernier et Patrick Brion.
Edité par Sidonis Calysta, « Thunderhoof » est disponible en DVD depuis le 12 septembre 2017.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.
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