Tuer n'est pas jouer
Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Tuer n’est pas jouer » de William Castle.
« J’ai vu ce que vous avez fait et je sais qui vous êtes ! »
Alors que leurs parents sont absents, deux adolescentes, Libby et Kit décident de passer la soirée en s’amusant à faire des blagues au téléphone. Elles appellent au hasard des numéros et effraient les correspondants en leur déclarant qu’elles « savent ce qu’ils ont fait ! ». Mais quand elles appellent un véritable tueur, les conséquences de leur jeu risquent d’être fatales.
« On n’aurait peut-être pas du les laisser toutes seules... »
Attention, titre équivoque ! Qu’on se rassure : non, il ne sera pas ici question de l’un des plus infâmes épisodes de la saga « James Bond » période Timothy Dalton. Mais plutôt d’un honnête petit thriller d’épouvante, sorti quelques vingt ans plus tôt et réalisé par William Castle, un ancien publicitaire reconverti sur le tard comme réalisateur. Connu pour son goût du spectacle et son sens inné de l’accroche et du sensationnel, le cinéaste restera ainsi célèbre pour les campagnes de promotion de ses propres films. Les cinéphiles se souviendront ainsi de l’hommage à peine voilé qui lui est rendu dans le très attachant « Panic sur Florida Beach » (1993) de Joe Dante. Après quelques westerns et autres films d’aventures sans envergure tournés durant les années 50, le cinéaste amorce un virage à l’orée des années 60 en signant coup sur coup avec « La nuit de tous les mystères » et « Le désosseur de cadavres », deux succès inattendus dans le registre horrifique. Dès lors, Castle se spécialisera durant la décennie suivante dans la réalisation de petits thrillers d’épouvante de série B à petits budgets, qui l’imposeront comme l’un des maitres du cinéma de genre au sein de la Columbia. Mais il devra sans doute sa postérité au fait d’avoir produit le célèbre « Rosemary’s baby » de Roman Polanski.
« Tu as le choix : vivre avec moi ou ne pas vivre du tout ! »
En 1965, après avoir signé des films aux titres aussi évocateurs que « Treize filles terrorisées » ou « La meurtrière diabolique », il signe « Tuer n’est pas jouer » d’après le roman « Les heures noires » d’Ursula Curtis. Soit l’histoire de deux adolescentes qui montent un canular qui tourne mal : tandis qu’elles s’amusent à faire des blagues téléphoniques au hasard des numéros de l’annuaire, ces dernières tombent sur un véritable tueur en série qui croit avoir à faire à des témoins aussi gênants que menaçants dont il doit à tout prix se débarrasser. Si à l’évidence, le scénario se révèle assez basique, tout le talent de Castle consiste ici à alterner les moments de franche légèreté (les gamines qui s’amusent au téléphone) et les moments plus angoissant (les meurtres du tueur, sa venue chez l’héroïne), en lorgnant ouvertement sur Hitchcock (avec un scène de douche qui renvoie directement à « Psychose »). Surtout, Castle parvient à insuffler de la tension à son récit en jouant sur la naïveté de ses jeunes héroïnes et s’appuyant sur un format particulièrement resserré (82 minutes à peine) qui lui permet d’aller à l’essentiel sans laisser la place au moindre temps mort. D’une certaine manière, son film joue aussi sur une peur très américaine de voir la bonne société WASP devenir la proie d’un détraqué violent issu des classes populaires. Sans grand génie et malgré des personnages très primaires, le film se révèle malgré tout plutôt amusant à regarder, telle une curiosité. Il vaut aussi pour John Ireland, qui campe avec malice un tueur sadique et inquiétant, ainsi que pour la courte apparition de la grande Joan Crawford qui trouve là l’un de ses derniers rôles. A voir, donc. Même si pour ce qui est de la frayeur, on repassera.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Eddy Moine (15 min.), une Bande-annonce d’époque et une galerie de photos.
Edité par Elephant Films, « Tuer n’est pas jouer » est disponible en combo collector blu-ray + DVD, ainsi qu’en DVD, depuis le 2 mai 2018.
Le site Internet de Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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