Huit millions de façons de mourir
Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Huit millions de façons de mourir » de Hal Ashby.
« Dans cette immense ville où la criminalité ne cesse d’augmenter, il y a huit millions d’histoires distinctes. Et huit millions de façons de mourir »
Hanté par la vision du trafiquant qu’il tue sous les yeux de ses enfants, Matt Scudder quitte la brigade des Stups. Abandonné à son sort par sa femme, il sombre dans l’alcool. Six mois plus tard, il reprend pied en acceptant d’assurer la protection de Sunny, une jeune prostituée dont il ne peut pourtant pas empêcher le rapt et l’exécution par des inconnus. Scudder se jure de la venger et, en Angel Maldonado, trouve le coupable, un puissant baron de la drogue doublé d’un psychopathe qui, en trophée, porte sur lui le bijou de sa victime…
« T’es pas qu’une pute, t’es une pute con. Tu crois qu’un mec est plus sûr parce qu’il veut te baiser. Mais confidence ne veut pas dire confiance. Et à la fin c’est toujours toi qui est baisée »
Monteur attitré de Norwan Jewison au cours des années 60 (« L’affaire Thomas Crown », « Les russes arrivent », « Dans la chaleur de la nuit » pour lequel il obtient l’Oscar du Meilleur monteur), Hal Ashby passe à la réalisation dès le début des années 70 et s’impose avec une poignée de films devenus cultes (« Harold et Maud », « La dernière corvée », « Shampoo », « Le retour ») comme l’un représentants les plus libertaires et anticonformistes du Nouvel Hollywood. Mais après le succès de « Bienvenue Mister Chance » (1979), sa carrière de cinéaste décline. Ainsi, après une série d'échecs commerciaux (« Cœurs d’occasion », « Match à deux ») il finira par réaliser en 1986 le polar Huit millions de façons de mourir qu'il ne pourra mener à son terme (il est remercié du tournage à quelques jour de son terme) et qui sera son dernier film puisqu'il décèdera brutalement quelques mois plus tard, laissant à son œuvre un goût d'inachevé.
« Je suis un alcoolique, pas un menteur »
Adaptation d'un roman de Lawrence Block, scénarisé par Oliver Stone et Robert Towne (scénariste de « Bonnie and Clyde » et de « Chinatown »), le film est un petit polar qui transpose les codes du film noir classique (le détective paumé et manipulé, la femme fatale) dans le contexte de la Californie des années 80. Mais derrière les figures imposées par l’exercice (le personnage de l’ex-flic alcoolique en quête de rédemption) et son côté parfois tape-à-l’œil, le film est traversé d’une étonnante noirceur et d’une mélancolie qui flirte par moment avec le nihilisme. Surtout, Hal Ashby joue avec les rythmes alternant les longs échanges verbaux et les fulgurances de brutalité, à l’image de la scène d’ouverture ou du beau final tout en tension dans l’entrepôt portuaire. Si Jeff Bridges et Rosanna Arquette forment un couple de cinéma plutôt séduisant, le réalisateur peut également compter sur un personnage d’antagoniste parfaitement retors et admirablement interprété par Andy Garcia, dont le moindre regard comme le moindre mot prononcé fait froid dans le dos. Bien que formellement assez classique, ce « Huit millions de façons de mourir » n’en demeure pas moins un polar solide et bigrement efficace.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Edité par BQHL Editions, « Huit millions de façons de mourir » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 18 avril 2019.
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