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15 Aug

Chaines conjugales

Publié par Platinoch  - Catégories :  #comedies dramatiques

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Chaines conjugales » de Joseph L. Mankiewicz.

 

Chaines_conjugales

« J’aime les contes de fée. D’ailleurs, j’ai écrit le mien »

 

Membres de la bonne société, Deborah Bishop, Lora Mae Hollingsway et Rita Phipps partent en croisière le temps d’une journée. Peu avant d’embarquer, elles reçoivent une lettre en provenance d’une relation commune, la séductrice Addie Ross. « Je me suis enfuie avec le mari de l’une d’entre vous », y écrit sans détour cette dernière, ne précisant intentionnellement pas le nom du conjoint concerné. Piquées au vif, les trois épouses n’ont désormais plus sur le bateau qu’une question à l’esprit. Inquiètes, elles se souviennent d’épisodes de leur vie conjugale, en quête d’un indice qui pourrait identifier le mari volage…

 

« C’est un monde d’hommes. Quand on veut quelque chose, on le prend. Le sexe fort est là pour subvenir aux besoins du sexe faible. Tel est le rôle de l’homme »

 

Chaines_conjugales_Jean_Crain

Né au sein d’une famille bourgeoise d’immigrés allemands, Joseph L. Mankiewicz mène de brillantes études universitaires en littérature qui le destinent à une carrière de journaliste. Mais alors qu’il est envoyé comme reporter à Berlin, alors capitale de la République de Weimar, Mankiewicz se laisse totalement absorber par l’effervescence de la vie culturelle et nourrit ses premiers contacts avec l’industrie du cinéma en faisant quelques piges pour les Studios de la UFA comme traducteur des intertitres. Son retour précipité en Amérique le conduira tout naturellement à Hollywood où il gravira rapidement les échelons au sein des différents studios, passant de gagman à scénariste puis de scénariste à producteur. Une ascension fulgurante qui devait le mener immanquablement vers la réalisation. Ses premiers pas derrière la caméra sur « Le château du dragon » (1946) sont ainsi le fruit du hasard, Mankiewicz se retrouvant à remplacer au pied levé Ernst Lubitsch, alors amoindri suite à un récent infarctus. Ses premiers films sont ainsi marqués par une prédominance des contes gothiques (« Le château du dragon », « L’aventure de Mme Muir ») et des films noirs (« Quelque part dans la nuit », « L’évadé de Dartmoor »).

 

« Dans ce pays, les professeurs sont des intellectuels qui appartiennent au prolétariat »

 

Chaines_conjugales_Kirk_Douglas

Ce n’est qu’en 1949 qu’il a l’occasion de s’émanciper et de se frotter à la chronique sociale avec « Chaines conjugales », adaptation du roman éponyme de John Klempner. Construit à la manière d’un whodunit ingénieux et particulièrement machiavélique, on y suit les mésaventures de trois femmes de la bourgeoisie WASP américaine, recevant chacune la même lettre d’une amie commune les prévenant qu’elle quitte la ville le jour même en emportant avec elle le mari de l’une de ses trois amies. Sans bien évidemment préciser lequel. Une annonce qui aura l’effet d’un coup de semonce dans la vie trop bien rangée de ces femmes et qui forcera chacune d’elles à procéder à une radioscopie de son couple. Un examen de conscience - et de confiance - pour déterminer les moments clés où chacune a, de par ses actions, risqué de mettre son couple en péril. Avec une modernité folle et une totale maitrise, le cinéaste procède à l’examen quasi chirurgical de ces couples et leurs lignes de fractures. En creux, il se livre surtout à une cinglante critique sociale de la bourgeoisie américaine, de ses mœurs rétrogrades (la place de la femme par rapport à l’homme, le mariage comme ascenseur social) et de sa morale hypocrite qui visent à donner en permanence l’illusion du bonheur parfait. Pour le cinéaste, c’est aussi l’occasion d’affirmer un style (beaucoup de flashbacks et d’introspections) qui deviendra la marque de fabrique de ses plus grands films (« Eve », « La maison des étrangers », « La comtesse aux pieds nus », « Un américain bien tranquille »...). Il signe là un film subtil et jouissif, chef d’œuvre intemporel et absolu, grâce auquel il décrochera ses deux premiers Oscars (Meilleurs réalisateur et scénario).

 

Chaines_conjugales_Linda_Darnell

 

****

 

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’un Entretien autour du film avec Antoine Sire.

 

Edité par ESC Editions, « Chaines conjugales » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 18 juin 2019.

 

Le site Internet de ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!