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27 Jun

La grande horloge

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

Un grand merci à Eléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La grande horloge » de John Farrow.

 

La_grande_horloge

« Le monde tourne vite. Vous devez aller encore plus vite et anticiper les tendances »

 

George Stroud, le meilleur reporter d’un grand journal, se trouve dans une situation des plus compliquées : il est chargé par son rédacteur en chef de se mettre en chasse du coupable du meurtre d’une jeune femme. Seul problème, Stroud semble le suspect tout désigné. La course contre la montre est lancée…

 

« Le boss veut me congédier également mais j’en sais assez sur lui pour qu’il nous garde tous les deux »

 

La_grande_horloge_Charles_Laughton

A l’instar de son compatriote Errol Flynn, l’australien John Farrow a d’abord vécu une première vie d’aventures sur les mers avant de débarquer à Hollywood et de trouver sa voie, un peu par hasard, dans l’industrie cinématographique qu’il intègre à la fin des années 20 d’abord comme consultant puis comme scénariste avant finalement de devenir cinéaste à partir du milieu des années 30. Prolifique réalisateur de séries B, il se spécialise rapidement dans les films d’aventures et de guerre, le plus souvent au cadre exotique (« A l’est de Shanghai », « La sentinelle du Pacifique », « Révolte à bord », « Meurtres à Calcutta », « Le renard des océans »). Ce qui ne l’empêche pas cependant de se frotter au genre du western (« California terre promise », « Vaquero », « Hondo, l’homme du désert ») et de signer quelques films noirs (« Les yeux de la nuit », « Un pacte avec le diable », « La femme et le rôdeur »). En la matière, il signe en 1948 « La grande horloge », l’un de ses films les plus célèbres et les plus aboutis.

 

« L’heure de Greenwich, l’heure officielle, l’heure d’été... Il y a trop d’heures. Et l’homme ne fait que lutter contre le temps ! »

 

La_grande_horloge_Ray_Milland

Dans le monde de journalisme et de la presse, le temps vaut bien plus que de l'argent. C'est une question de crédibilité et de pouvoir : disposer de l'information en temps et en heure et, si possible, avant les autres. Et ce peu importe l'endroit du monde (et le fuseau horaire) où l’évènement se produit. Pour Janoth, le grand magnat de la presse, la grande horloge monumentale qui trône dans le hall de ses éditions est ainsi le symbole de ce pouvoir. Pour George Stroud, son journaliste spécialiste des affaires criminelles, c’est tout le contraire : la grande horloge symbolise l’oppression du temps compté qui lui reste pour prouver son innocence dans une sordide affaire de meurtre à laquelle il se retrouve impliqué bien malgré lui. Adaptation du roman éponyme de Kenneth Fearing (qui sera traduit en français par Boris Vian), « La grande horloge » est un polar assurément malin et emprunt de second degré qui oscille constamment entre film noir et whodunit. Reprenant à son compte le postulat – très utilisé dans le film noir – du personnage devant prouver son innocence d’un crime dont on l’accuse à tort (« Le dahlia bleu », « Le quatrième homme », « Nightfall »), le film se construit ainsi sous la forme d’un huis clos très efficace qui surprend par sa tonalité assez immorale (pour l’époque du moins) flirtant souvent avec les limites du code de censure et à rebours des standards moraux de l’époque (le héros marié qui se retrouve dans une situation équivoque avec une autre femme que la sienne, le patron sans scrupule qui endosse le rôle du méchant sociopathe). La bonne idée scénaristique étant de faire d’un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles le principal suspect du meurtre. Mais surtout, il faut souligner la mise en scène très astucieuse de John Farrow (notamment l’utilisation des décors, avec des horloges qui apparaissent régulièrement dans le champ jusqu’à devenir l’arme du crime, ou encore des locaux qui deviennent un labyrinthe sans issue) pour renforcer la dimension anxiogène de son intrigue. Un film très efficace et particulièrement plaisant à suivre.

 

La_grande_horloge_John_Farrow

 

****

Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition, et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Eddy Moine (13 min.), d’un Entretien avec Stéphane Du Mesnildot (10 min.) et d’une Bande-annonce d’époque.

 

Édité par Eléphant Films, « La grande horloge » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 25 mai 2021.

 

Le site Internet d’Eléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!