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04 Oct

Âmes à la mer

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Âmes à la mer » de Henry Hathaway.

 

Ames_à_la_mer

« C’est un meurtre de prendre une vie. Même pour sauver la vôtre ! »

 

En 1842, Michael Taylor, un marin, est accusé d’avoir provoqué la mort de 19 personnes lors du naufrage d’un navire négrier. Plusieurs témoignages l’accablent et jettent un doute quant à la culpabilité de Michael. Un représentant de la couronne d’Angleterre venant témoigner décide de raconter tout ce qu’il s’est véritablement déroulé…

 

« Si tu as déjà été poursuivi par la police alors tu sais qu’il est préférable d’être derrière le policier et non le contraire ! »

 

Ames_à_la_mer_George_Raft

Figure de proue du cinéma d’aventures de l’âge d’or hollywoodien, Henry Hathaway aura filmé avec boulimie des westerns (« L’attaque de la malle-poste », « Le jardin du diable »), des films de guerre (« La pagode en flamme », « Le renard du désert ») ou encore des fresques d’aventures exotiques voire coloniales (« Les trois lanciers du Bengale », « La glorieuse aventure ») ou même médiévales (« Prince Vaillant »). Mais il fut aussi l’un des rares cinéastes hollywoodiens à filmer avec autant d’intérêt des aventures maritimes. L’élément marin et la vie sur les bateaux étant des éléments que l’on retrouve dans nombre de ses films, des « Gars du large » (1938) aux « Marins de l’Orgueilleux » (1949) en passant par « Le porte-avions X » (1944) ou encore « La marine est dans le lac » (1951). Un sous-genre qu’il aborde pour la première fois en 1937 à l’occasion de « Âmes à la mer ». L’occasion pour le cinéaste de retrouver son acteur fétiche, Gary Cooper, pour une quatrième collaboration (ils front au total sept films ensemble) après « C’est pour toujours » (1934), « Peter Ibbetson » (1935) et « Les trois lanciers du Bengale » (1935).

 

« En Chine, on dit que si on aide quelqu’un trois fois, alors on fait partie de sa famille. J’aimerai bien vous aider encore ! »

 

Ames_à_la_mer_Frances_Dee

Librement inspiré du véritable naufrage du William Brown en 1841 qui a donné lieu à un arrêt de justice célèbre en Amérique sur la question de la légitime défense, « Âmes à la mer » voit un marin américain arrêté par les anglais pour des faits de traite négrière accepter d’infiltrer les réseaux de marchands d’esclaves américains. Mais suite à une avarie, le navire qui le doit le conduire en Amérique n’atteindra pas les côtes et la justice lui reprochera alors d’avoir sacrifié certains passagers pour en sauver d’autres. Pour l’occasion, Henry Hathaway nous propose un film assez étrange en ce qu’il mélange des éléments de plusieurs genres cinématographiques – film d’aventure, fresque dramatique, film de procès, film d’espionnage – mais en réussissant l’exploit de toujours garder son cap. Surtout, il interroge le spectateur sur des questions morales quant aux actions menées par le personnage principal : est-il un héros pour avoir sauver une partie de l’équipage du bateau s’apprêtant à couler ou, au contraire, est-il un salopard pour en avoir laissé sciemment se noyer car ne pouvant matériellement pas sauver tout le monde ? En creux, le film interroge surtout les consciences sur un problème plus socioculturel, à savoir sur la question de l’esclavage et, à travers elle sur la condition de l’Homme noir. Une thématique résolument audacieuse pour un film de cette époque où l’Amérique est encore largement raciste et où la ségrégation est encore pratiquée ouvertement dans une partie du pays. Et ce d’autant plus que le cinéaste porte un regard profondément humaniste et progressiste sur cette question. En cela, la scène de la révolte des esclaves dans la cale du bateau, qui finit par le lynchage pure et simple du capitaine pendant qu’il les fouettait, est assez courageuse et novatrice. Et force est de constater hélas que quatre-vingt-cinq ans plus tard, dans l’Amérique de George Floyd et de Charlottesville, le message garde toujours sa même acuité et sa même force.

 

Ames_à_la_mer_Gary_Cooper

 

***

Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Samir Ardjoum (13 min.) ainsi que de Bandes-annonces. Un livret collector « Redécouvrir Henry Hathaway » par Denis Rossano (24 pages) vient compléter cette édition.

 

Édité par Éléphant Films, « Âmes à la mer » est disponible en DVD depuis le 13 septembre 2022.

 

Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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