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08 Oct

Appaloosa

Publié par platinoch  - Catégories :  #Westerns

« La vie a la faculté de transformer quelque chose de prévisible en quelque chose de totalement imprévisible »

Au Nouveau-Mexique, en pleine conquête de l'Ouest, la petite ville minière d'Appaloosa vit sous la domination du tout-puissant Randall Bragg et de ses hommes, qui n'ont pas hésité à éliminer le shérif.
Pour mettre fin au règne de la terreur, la communauté fait appel au marshal Virgil Cole et à son adjoint, Everett Hitch, réputés pour avoir ramené la paix et la justice dans des villes où plus aucune loi n'avait cours. Pourtant, cette fois, Cole et Hitch vont se heurter à un adversaire d'une autre dimension. Leurs méthodes implacables risquent de ne pas suffire. L'apparition d'Allison French, une séduisante veuve, va aussi mettre leur duo à l'épreuve.
Appaloosa va rapidement devenir le théâtre d'une de ces histoires où la vie, la vérité, la trahison et la mort se côtoient avant de se combattre. Voici une saga comme seule la légende de l'Ouest sait les écrire...

« - C’est la loi   - C’est votre loi  - C’est la même chose »

Cinq années après son premier passage derrière la caméra pour le biopic du peintre « Pollock » qui lui aura valu une nomination à l’Oscar du meilleur acteur, Ed Harris revient à la réalisation et signe son deuxième film : « Appaloosa ». Adaptation du roman de Robert B. Parker publié en 2005, « Appaloosa » marque la première incursion de Harris dans le genre du western, tant en tant que comédien qu’en tant que réalisateur. Un projet qui a cependant failli ne jamais voir le jour en raison de la frilosité des producteurs à investir sur un tel projet, le western étant devenu un genre marginal qui à priori ne rameute pas les foule. Reste que pour l’occasion, Harris a fait appel à Viggo Mortensen, qu’il a rencontré sur le tournage de « History of violence » (Cronenberg) et avec qui il avait très envie de retravailler.

« Tu n’es pas moins rapide que nous pourtant tu es moins bon. C’est parce que tu éprouves des sentiments. Les sentiments ça vous tue. »

Genre aussi indémodable qu’inépuisable, le western semblait devoir mourir de sa belle mort, en même temps que les légendes qui ont construit son mythe. Et ce ne sont pas les séries Z produites à la pelle depuis les années 80 qui allaient ressusciter un genre qui semblait mort et enterré (« Young guns », « Mort ou vif », « Belles de l’ouest », «Wild wild west »). Pourtant, sous l’impulsion de quelques cinéastes (dont le légendaire Clint Eastwood), le genre s’offrait encore quelques belles parenthèses (« Impitoyable », « Danse avec les loups ») comme s’il ne voulait pas mourir définitivement. Finalement ce sont les années 2000 qui verront émerger toute une nouvelle génération de cinéastes et de comédiens voulant renouant avec le western « classique », fait de contemplations, de personnages rugueux, et de grands paysages (« Open range », « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », « 3h10 pour Yuma »). Dans ce contexte, la deuxième réalisation (et première incursion dans le genre du western) de Harris frappe par son classicisme, avec ces deux marshals, justiciers laconiques aux vraies « gueules », engagés pour mettre hors d’état de nuire un gangster local qui terrorise la petite ville d’Appaloosa avec l’aide de sa bande. Un synopsis des plus classiques, en forme d’hommage, d’où émergent nombre de références : le titre, tout d'abord, fait référence au titre original de "L'homme de la sierra", ensuite, les deux marshals « privés » à l’amitié ambiguë avec la femme qui les met à mal leur relation rappellent fortement « L’homme aux colts d’or », le gangster intelligent et rusé pillant à sa guise le petit village à l’aide de sa bande fait penser à des films comme « Les sept mercenaires » et « 3h10 pour Yuma », tandis que sa mise en prison et le siège de celle-ci par ses hommes fait tout de suite penser à « Rio Bravo ». Autant de références bien digérées qui montrent l’amour du réalisateur/acteur pour le genre, et qui permettent d'installer parfaitement l’histoire. Une histoire développée avec beaucoup de classe et de mordant par Ed Harris, qui impose une tonalité aussi personnelle que particulière, où le drame et la violence laissent parfois place à l’humour au détour de quelques répliques bien senties. Tout juste pourra-t-on reprocher à ce « Appaloosa » un léger manque d’action et de dynamisme. Encore que son aspect contemplatif participe également à son charme. La réussite du film tient également pour beaucoup à sa réalisation, très « Fordienne » avec son goût pour la mise en valeur de ses grands espaces (magnifiquement soulignés par la formidable photographie), ainsi qu’à son impeccable casting, reposant sur un trio de comédiens épatants, véritables « gueules » qui après coup semblaient prédestinés pour jouer dans des westerns. Ainsi, Viggo Mortensen (au look improbable) nous livre une nouvelle fois une éblouissante performance, tandis que Jeremy Irons se révèle un peu contre toute attente un parfais méchant de western. Dans un rôle plus caricatural, Ed Harris se montre également très charismatique. Finalement, c’est peut-être la trop godiche Renée Zellweger qui se révèle être la seule erreur de ce remarquable casting. Sans que cela ne remette en cause la qualité de ce très bon western, qui s’inscrit dans la grande tradition du genre et qui ravira tous les amateurs.

  

. . . Groundswell Productions           



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A
J'approuve totalement ton discours, cette réalisation à la fois très personnelle et en forme d'hommage est l'une des belles surprises de cette année. Superbe même. <br /> Concernant Zellweger, disons que... le choix de la comédienne pour ce type de film ne paraît aps particulièrement évident à première vue. Mais en y réfléchissant bien, ce côte "godiche" que l'on peut lui trouver colle en réalité assez bien à la personnalité frivole de la veuve French, non?
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B
Un bon western comme on n'en avais pas eu depuis longtemps, dans la bonne tradition. Pas de ceux qui éclaboussent de 150 morts sans intérêt. L'histoire est linéaire mais maitrisée, les acteurs excellents et les profils psychologiques denses. Renée Zelwegger n'est pas nulle, mais ne colle pas au personnage. C'est du Bridget Jones qui n'a pas se place ici.
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S
Entièrement d'accord avec toi, sauf sur Renée Zelwegger, beaucoup décriée, que j'ai pourtant trouvé très bien, collant parfaitement à ce personnage ambiguë, beau personnage féminin de western.
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