Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 Sep

Le goût de la vie

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« La vie serait triste sans votre merveilleuse caille sauce aux truffes »

 

Affiche française. Warner Bros. FranceNew York. Kate est chef dans une cuisine réputée de la ville. Dure et autoritaire, elle a centré sa vie sur son travail et sa réussite professionnelle, et mène en parallèle une vie d’ascète, sans amis ni relations amoureuses. Mais suite à un tragique accident dans lequel sa sœur trouve la mort, Kate hérite de la garde de sa jeune nièce, Zoé. Durant ses quelques jours d’absence pour organiser sa nouvelle vie, sa patronne, sans lui demander son avis, engage un sous-chef, le facétieux Nick. Si dans un premier temps Kate ne voit en Nick qu’un rival à éliminer d’office, petit à petit, elle semble succomber à son caractère extraverti et à la gentillesse dont il fait preuve à l’égard de Zoé.

 

« - Vous savez Kate, la vie est toujours imprévisible…

   - Pas dans ma cuisine »

 

.

.

Aaron Eckhart et Catherine Zeta-Jones. Warner Bros. FranceDécidément, la cuisine est un thème qui revient à l’honneur au cinéma. Après l’énorme succès de « Ratatouille » sorti le mois dernier, et la sortie plus modeste de « Waitress », voici donc une nouvelle plongée dans l’univers de la cuisine et de la gastronomie avec cette nouvelle comédie romantique américaine, « Le goût de la vie ». Pour information, il est bon de savoir que ce film est un remake hollywoodien d’un succès allemand, « Bella Martha » de Sandra Nettelbeck, sorti en 2002, et qui a révélé sur la scène internationale l’actrice Martina Gedeck (« Les particules élémentaires » en 2006, « La vie des autres » et « Raisons d’état » de De Niro en 2007). A noter également que la réalisatrice de l’original a participé à l’écriture du remake. Aux commandes de ce film, on retrouve le réalisateur australien Scott Hicks. Fort d’une carrière sinueuse faite de films à petits budgets labellisés « indépendants » et de productions moyennes n’ayant pas franchement rencontrés leur public (« La neige tombait sur les cèdres » en 2000, et « Cœurs perdus en Atlantide » en 2002), on retiendra surtout de sa filmographie le film « Shine » datant déjà de 1996. Il était donc surprenant de le retrouver aux commandes d’un film plutôt annoncé comme « grand public » avec en prime un duo d’acteurs plutôt coté.

 

« Pour le travail, on fera comme avant : tu me diras quoi faire, et j’en ferais qu’à ma tête dès que tu auras le dos tourné ! »

 

Catherine Zeta-Jones. Warner Bros. FranceLa comédie romantique est un genre pleinement anglo-saxon. Certain le considéreront à tort comme un genre mineur. Toujours est-il que l’exercice est toujours périlleux, reposant sur un équilibre fragile entre humour et romantisme, que les excès de bons sentiments guimauves et cucul peuvent totalement ruiner. Et ce « Goût de la vie » semble au final passer tout près de la recette bien équilibrée. Il faut dire qu’à la base, le film s’appuie sur un scénario relativement solide. Bien évidemment, comme souvent dans le genre, il n’y a rien de bien original et les évènements sont dans l’ensemble très prévisibles : on ne coupera ainsi pas à l’héroïne qui se croyait solitaire et autoritaire et qui va se révéler passionnée et généreuse, tandis qu’elle va craquer pour le bellâtre de service, alors que bien évidemment tout semblait les opposer. Et ce malgré un ultime rebondissement qui les éloigne pour mieux les réconcilier après la traditionnelle déclaration. Malgré cette trame si bien connue, le scénario du « goût de la vie » recèle une certaine légèreté, un certain humour, et des dialogues plutôt savoureux qui permettent de faire passer la pilule de manière agréable. En outre, le scénario évite de s’attarder trop sur le drame de l’accident, et jongle ainsi subtilement avec les ellipses temporelles. De même, il s’attache à créer de vraies personnalités à ses personnages, qui bien que caricaturaux nous évite une énième version de la fille délurée et du mec timide et un peu gauche. On regrettera simplement le changement de parti pris en cours de route par le réalisateur qui décide après plus d’une heure de film que ses spectateurs devront verser une larmichouille coûte que coûte. La longue scène de la fugue de Zoé et ce qui s’en suit (le visionnage des photos, de la vidéo, etc…), joue trop la carte du misérabilisme et de la guimauve, et n’était pas franchement utile. Au contraire, elle plombe un petit peu la fin du film.

 

« J’aimerais des recettes sur la vie qui vous disent quoi faire »

 

Aaron Eckhart. Warner Bros. FranceEt c’est dommage car jusque là, Hicks relevait plutôt bien le défi de la comédie romantique. Avec une mise en scène sobre, qui a défaut d’être révolutionnaire ou proprement ingénieuse, était de bonne facture, et une direction d’acteur honnête, il n’avait rien à envier aux spécialistes du genre. D’autant que le trio de comédiens principaux reste irréprochable. Face à une Catherine Zeta-Jones au jeu limité mais crédible dans ce rôle de femme revêche en apparence, on ne peut que souligner la jolie performance d’Abigail Breslin, notre petite « Little Miss Sunshine ». Mais l’atout charme numéro un de ce film, c’est sans aucun doute l’ami Aaron Eckhart. Il use parfaitement de son physique et de son potentiel de séduction pour signer là une grosse performance. Sans nul doute, il est la nouvelle icône virile qu’Hollywood attendait depuis des années. On notera également la présence de la toujours impeccable Patricia Clarkson dans un court second rôle.

 

« - Cette cuisine, c’est ma vie !

   - Non, c’en est juste une infime partie »

 

Catherine Zeta-Jones et Aaron Eckhart. Warner Bros. FrancePetite comédie romantique plutôt réussie sans pour autant révolutionner le genre, « Le goût de la vie » pose néanmoins la sempiternelle question de l’intérêt artistique de faire systématiquement des remakes hollywoodiens des succès européens et asiatiques. Bien évidemment, sur le plan purement artistique de la chose, ce film n’a pas d’intérêt majeur. Néanmoins, bien que comme la plupart des films de ce genre le scénario reste assez prévisible, ce « Goût de la vie » se suit avec plaisir, et apporte une jolie bouffée d’air frais (et sucré !) pour une séance de cinéma pas prise de tête. Comme une petite gourmandise, le film n’apporte pas grand chose de nourrissant si ce n’est un plaisir, presque coupable, de s’être fait bercer pendant une heure et demie. Un agréable divertissement.



Commenter cet article
B
Apprenant, grace à ton blog, que ce film était un remake, je me suis précipité pour le voir et comparer. "Bella Martha" ou "chère Martha" en VF est incontestable beaucoup plus fort que sa version américaine, qui pour une fois, n'est pas si loin de l'originale. Il manque les belles subtilités from Europe. La version allemande est plus émouvante, plus forte, plus juste. A voir les deux !
Répondre
B
Tout à fait d'accord avec cette excellente analyse, qui de surcroit, m'a apprise beaucoup de choses. Critique intelligente et instructive. Merci
Répondre

Archives

À propos

Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!