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04 Oct

Un homme d'exception

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« Il y a sûrement une formule mathématique pour décrire une cravate aussi laide ! »

En 1947, étudiant les mathématiques à l'université de Princeton, John Forbes Nash Jr., un brillant élève, élabore sa théorie économique des jeux. Pour lui, les fluctuations des marchés financiers peuvent être calculées très précisément. Au début des années cinquante, ses travaux et son enseignement au Massachusetts Institute of Technology ne passent pas inaperçus et un représentant du Département de la Défense, William Parcher, se présente à lui pour lui proposer d'aider secrètement les États-Unis. La mission de John consiste à décrypter dans la presse les messages secrets d'espions russes, censés préparer un attentat nucléaire sur le territoire américain. Celui-ci y consacre rapidement tout son temps, et ce au détriment de sa vie de couple avec Alicia. Ce job n'est toutefois pas sans risques : des agents ennemis surveillent ses moindres faits et gestes. Mais personne ne le croit.

« Le génie connait la réponse avant la question »

Personnage hors normes, John Nash restera dans l'Histoire comme étant un mathématicien de génie et surtout l'un des plus grands économistes de son époque. Au point de s'être vu décerner le Prix Nobel d'économie en 1994. Pourtant, le destin de cet homme n'était pas forcément tracé à l'avance et cousu de fil blanc. En effet, psychiquement fragile, il s'est battu toute sa vie contre une schizophrénie paranoïaque chronique, qui lui valut de connaître les hôpitaux psychiatriques et qui faillit lui couter sa carrière et son mariage. Une parfaite success story, comme les américains en raffolent, porté par un héros vulnérable mais déterminé, et que John Nash a lui même raconté dans son autobiographie. Des mémoires dont l'adaptation au cinéma incombera à Ron Howard, réalisateur prolifique et éclectique s'il en est, et pour laquelle son film sera nommé huit fois aux Oscars, obtenant quatre statuettes (dont celle du meilleur réalisateur pour Howard).

« Le vrai cauchemar de la schizophrénie c’est de comprendre que rien n’est réel »

On savait Ron Howard adepte du cinéma d'Entertainment et des grandes fresques familiales bourrées de bons sentiments. On savait aussi que le cinéaste n'était probablement pas le plus fin pour traiter d'un sujet aussi ample et périlleux que celui de la schizophrénie. Le résultat du film est ainsi tel qu'on pouvait le craindre: lénifiant, simpliste, et terriblement décevant. La faute à un réalisateur trop basique, trop lisse, incapable d'apporter la moindre dimension critique à son sujet. S'enfermant ainsi dans le sacrosaint schéma hollywoodien du héros déchu en quête de rédemption, le réalisateur se perd dans un récit terriblement simpliste divisé en deux parties, consacrées respectivement à la mission occulte de Nash et à son combat contre ses démons intérieurs. Si la première se révèle assez anxiogène, la seconde, à grands renforts de poncifs (le personnage de l'épouse dévouée et courageuse) et d'effets tire-larmes (les adieux à la petite fille imaginaire), se révèle des plus indigestes. Ceci est d'autant plus dommage que Howard tenait là un sujet en or, qui brassait nombre de thèmes potentiellement passionnants (l'émulation scientifique dans les universités américains au lendemain du triomphe de la seconde guerre mondiale et de la bombe A, la paranoïa et le contre-espionnage durant la guerre froide, ou encore le traitement de la psychiatrie dans les 50's) qu'il ne fait ici qu'effleurer. Mais comme si cela ne suffisait pas, le film finit de sombrer en abusant des maquillages vieillissants particulièrement grotesques. Dentier, coupe au bol, teint cireux et démarche torturée, Russell Crowe semble victime du syndrome « Simple Jack » (pour les incultes, voir l'excellent « Tonnerre sous les tropiques » de Ben Stiller, vous comprendrez!). Acteur massif, il souffre tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, pour paraître crédible. En fait, de l'impressionnant casting réuni par Ron Howard (Ed Harris, Josh Lucas, Paul Bettany, Christopher Plummer), seule Jennifer Connelly, dans une performance très « Actor's studio » récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, relève un peu le niveau. Plus surprenants (injustifiables?) les Oscars récompensant Ron Howard en qualité de meilleur réalisateur et de meilleur film. Car qu'on se le dise, « Un homme d'exception » aurait mérité un film exceptionnel. Ce qu'il est très loin d'être.



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B
Finalement, j'ai fini par le voir... hélas ! qu'est-ce que je me suis fais chier ! ça n'en fini jamais, c'est grotesque, pénible atroce ! pourtant ç'aurait du être génial... réalisé par un autre ! ou m'en tenir à ma prémière impulsion, ne pas le voir :)
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F
Bon me voilà rassuré... A l'époque j'étais le seul dans mon entourage à avoir détesté ce film... Justice m'est rendue des années après (rires) ! Ta critique est d'une belle justesse ;-)
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F
Ron Howard est un mauvais réalisateur, ce film était déjà mauvais mais il a fait encore pire par la suite !
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B
Tu m'enlève une épine du pied. Déjà pas très friant des films d'espionages, si en plus celui-ci n'est pas à la hauteur....
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!