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15 Aug

Les noces funèbres

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films d'animation-Dessins animés

« De ma main, je chasserais votre peine, votre coupe ne sera jamais vide car je serais votre vin. Avec cette bougie, j’éclairerais votre chemin dans l’obscurité. Avec cette alliance je vous demande d’être mienne »

 

Warner Bros. France

Europe de l’est, XIXème siècle. Dans une petite bourgade de province, on s’apprête à célébrer les noces de Victor et de Victoria. Mariage purement arrangé entre deux jeunes gens qui ne se connaissent pas, celui-ci doit permettre à la famille Van Dort, riches commerçants et parents de Victor, d’accéder à un rang social supérieur, et à la famille Everglott, parents de Victoria et accessoirement nobles sans un sous, de retrouver une certaine santé financière. S’il semble que le coup de foudre s’empare de nos deux futurs mariés, Victor, quelque peu stressé et maladroit avec le protocole finit par aller répéter ses vœux dans la forêt. Mais en passant l’alliance à une branche en guise d’entraînement, il ne pensait pas se retrouver marié à une défunte suite à un mauvais sort. Entraîné dans le monde des morts, il y découvre un monde coloré et joyeux. Mais il ne parvient pas à oublier Victoria…

 

« Un toast à Emily, toujours le témoin, jamais la mariée »

 

Warner Bros. France

Tim Burton est définitivement l’un des réalisateurs les plus atypiques d’Hollywood. Alors qu’il est en plein tournage de « Charlie et la chocolaterie », il supervise en même temps la conception d’un autre de ses films, « Les noces funèbres ». Pour son deuxième long en « Stop motion » (technique d’animation consistant à prendre des clichés de chaque position du sujet, ici des marionnettes, et de les mettre à la suite de manière accélérée pour créer un mouvement) après « L’étrange Noel de Monsieur Jack » (1994), il a choisit de porter à l’écran un conte dont il est l’auteur, inspiré d’une légende russe sur un prince qui épousa une défunte.

 

« Ne vous inquiétez pas, vous n’endurerez ce mariage que jusqu’à ce que la mort nous sépare ! »

.

Warner Bros. France

 On y retrouve une thématique forte chez Burton, à savoir le passage de la vie à la mort (« Beetlejuice »), avec toujours une certaine vision de la mort, plus colorée et délirante que le monde des vivants. Dans un mélange des genres phénoménal, brassant entre autre conte, romance, et comédie musical, Burton signe un film très abouti, qui ne sombre jamais dans aucun cliché moraliste ou dans les sentiments faciles, caractéristiques de l’animation pour enfants. Dans un univers en perpétuelle innovation visuelle, Burton dessine deux univers en opposition, le monde des vivants, sinistre, froid, et aux couleurs ternes, et le monde des morts, chatoyant, coloré, et toujours enclin à la fête. C’est dans ce mélange des genres, dans la coexistence des univers oniriques et gothiques, que la force poétique de ce film réside. Les personnages principaux, sont aussi présentés de manière très attachante, que ce soit Victor, le timide maladroit, Victoria, l’amoureuse discrète, ou la Mariée, personnage du monde des morts mais ô combien solaire, caractérisé par une joie de vivre et d’aimer qui cache une mélancolie plus profonde.

 

« - Alfred…vous êtes mort depuis quinze ans…

   - Franchement ma chère, en cet instant précis, c’est le cadet de mes soucis ! »

 

Warner Bros. France

Les acteurs prêtant leur voix à ces personnages sont excellents. A commencer par Johnny Depp, dont le personnage semble avoir été écrit pour lui, tant le visuel même de Victor lui ressemble. A ses côtés, Helena Bonham-Carter offre tout son côté pétillant au personnage de la Mariée, alors que Emily Watson offre son petit filet de voix à une timide et romantique Victoria. On retiendra également la grosse voix grave de Christopher Lee, comme toujours parfait, qui résonne dans le rôle du vieux prêtre. Avec beaucoup d’intelligence, Burton distille des jolis moments d’humour et de tendresse pour dédramatiser un sujet où la mélancolie est toujours latente. Les personnages du ver ou des squelettes qui chantent ou celui de Napoléon, sont là pour ça. On appréciera également les jolis passages musicaux, signés Danny Elfman. Tels des moments de bravoure, les chansons, tantôt truculentes, tantôt mélancoliques, ajoutent encore au magnifique écrin qui nous est offert. La musique intervient ici comme une liberté, comme un moment de partage. Il n’y a qu’à voir la main de la Mariée, qui s’emballe toute seule sur un duo au piano, pour voir combien cette musique est vecteur d’un romantisme échevelé. 

 

« Un cœur qui a cessé de battre peut-il encore se briser ? »

 

Warner Bros. France

Avec une réalisation des plus soignées, une animation superbe et prodigieuse, Burton signe ici un de ses meilleurs films. Intelligent, brillant, son scénario mêle habilement poésie, rêve et univers gothique. Thématique joyeusement sombre, la confrontation du monde des vivants et de celui des morts permet à Burton de renouer avec un sujet qu’il affectionne particulièrement. L’interaction entre les vivants sinistres comme des morts, et les morts parfaitement joyeux et plein de vie, permet un joyeux spectacle visuellement très créatif. Tour à tour drôle, romantique, et émouvant, ces « Noces funèbres » sont un véritable régal. A voir absolument !



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C
Magnifique film ... Comme tous ceux que j'ai vus de Tim burton ...
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B
Sans doute ta plus belle critique. Il faut dire aussi que ce film est aussi merveilleux que tu le décrits. C'est tristement joyeux, comme un vrai poème d'amour et un hynme à la vie. un pure merveille !
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!