Tel père, telle fille
« Ça fait dix ans que tu tournes alors que la plupart des groupes de lépoque ont raccroché. Quest-ce qui te donne encore le fighting spirit ? »
Annoncé depuis plusieurs semaines, à grands coups de bande-annonces répétitives, « Tel père telle fille » est le premier long du réalisateur Olivier De Plas. Adapté du premier roman de Virginie Despentes (« Baise-moi »), « Teen spirit », celui-ci retrace le destin de deux personnages que tout oppose et qui doivent apprendre à sapprivoiser mutuellement. Loin de tout sujet sulfureux, le film semblait être calibré pour être la gentille petite comédie française familiale de lété. Impressions.
« Largent, ça a jamais été un problème »
LHistoire :
Décennie 90. Bruno est chanteur dun groupe de rock underground prometteur, voguant sur le modèle sexe, drogue et rocknroll. Une dizaine dannées plus tard, les promesses ne sétant jamais concrétisés en raison dexcès en tout genre et de manque de concessions, Bruno vit au jour le jour, au gré de ses conquêtes, squattant tantôt chez lune tantôt chez lautre. Glandeur invétéré, sans inspiration, et sans remise en question, il est une sorte d éternel assisté. Un jour, Alice, avec qui il a eu une brève aventure 14 ans auparavant, reprend contact avec lui pour lui apprendre quil a une fille de 13 ans. Sil tombe des nues dans un premier temps, il accepte finalement de la rencontrer. Ces deux êtres qui ne se connaissent pas et que tout oppose vont devoir alors apprendre à communiquer, sapprivoiser, et grandir ensemble
« Maman dit que tes un peu comme un clodo »
Surfant une nouvelle fois sur la comédie générationnelle, le mal-être et la peur des trentenaires devant lengagement, ce « Tel père, telle fille » napporte pas grand chose doriginal au genre. Si la comédie se déroule de manière sympathique et légère, la manière dont ces deux-là vont sapprivoiser, apprendre à se connaître, et finalement à saimer et à grandir se fait de manière archi-prévisible. Jouant sur un contraste banal sur les milieux sociaux (Bruno est pauvre et vit dans le milieu underground, Nancy jouit dune situation plus privilégiée dans un univers bobo), et sur un parallèle pas plus original sur le manque de maturité des deux personnages (Nancy vit cet âge difficile et turbulent appelé « adolescence », Bruno est musicien rêveur camé qui refuse de grandir et davoir des responsabilités), les situations qui nous sont proposées sont donc obligatoirement prévisibles et banales. Ce qui ne veut pas dire que le film nest pas agréable à suivre, juste quil manque un peu de piquant et de personnalité. La faute également à une réalisation trop molle, trop brouillonne (quelques ellipses malvenues), et souvent sans ambition ni envergure.
« Tu vas pas finir crevard comme ton père »
Le parterre dacteurs réunis semblait également prometteur. Mais là encore, les performances sont inégales, Vincent Elbaz nétant pas au mieux de sa forme. Alternant son jeu de « Ma vie en lair » (rôle finalement pas si éloigné), et une pâle imitation de Johnny Depp interprétant Jack Sparrow dans « Pirates des Caraïbes » (voir sa dégaine, son look, ses mimiques, et son phrasé inécoutable), il peine à se montrer crédible. En revanche à ses côtés, Léa Drucker et Elodie Bouchez se montrent très convaincantes et touchantes dans des rôles qui auraient mérités plus de place dans le film. Mais la véritable révélation est sans conteste la jeune Daisy Broom, qui du haut de ses treize ans nous gratifie dune première performance dune incroyable justesse.
« Je vais te dire ma philosophie : on fait ce quon peut »
Pour conclure, ce « Tel père telle fille », premier long de Oliver De Plas, a tout de la petite comédie sans prétentions. Si elle se laisse suivre sans déplaisir, un certain nombre de défauts, inhérents à tout premier long, empêchent cependant le film décoller réellement et de nous convaincre dentrer pleinement dans son univers. Avec une réalisation mollassonne, un scénario trop gentillet et trop prévisible, et un Vincent Elbaz en petite forme, « Tel père telle fille » ne laissera probablement pas un souvenir impérissable. Une gentille petite comédie néanmoins.
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