Pirates des Caraïbes : jusquau bout du monde
« Ya personne à qui jai manqué ? »
Après près de 10 mois dattente, nous avons pu enfin reprendre laventure là où on lavait laissée. Cest à dire quelque part dans lestomac dun immondice géant à tentacules nommé Kraken. Et cest vrai que ce fut long, mais les retrouvailles promettaient dêtre intenses et fantastiques. Il faut dire que laventure avait commencé quelque part durant lété caniculaire de 2003, et javais découvert par hasard les tribulations de ce pirate peu ordinaire dans le franchement délirant et génial « Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl ». Sans attendre franchement de suite, jétais ravi de découvrir le deuxième volet de la saga, en 2006, « Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit ». Malheureusement pour nous, laventure se terminait sur un lot dincertitudes et de questions laissées en suspens qui appelait un troisième (et dernier ?) volet déjà prévu à grands coups dannonces publicitaires. Et bien voilà, cest fait, au milieu dune période chargée en blockbusters très attendus (« Shrek 3 », « Spider-man 3 », « Zodiac », « Les quatre fantastiques et le surfeur dargent », etc ), jai pu voir comment le Capitaine Jack allait entrer définitivement dans la légende. Impressions.
« Je préfère le rhum le rhum cest bon ! »
Tout dabord, resituons lhistoire. Rattrapé par un passé et surtout une dette faustienne, ce bon vieux Jack doit faire face à Davy Jones, capitaine maudit du « Hollandais Volant », bateau fantôme peuplé dhommes poissons ayant vendus leur âme au maître de bord. A force dastuces et de courses poursuites visant à détruire le cur de ce dernier enfermé dans un coffre pour léliminer, Jack, poursuivi également par la flotte britannique, finit par se retrouver prisonnier du Kraken, sorte de poulpe géant contrôler par Davy Jones lui-même. Afin de le libérer, une magicienne des marais ramenait à la vie le Capitaine Barbosa pourtant tué lors du premier volet de la saga, afin de prendre la barre du Pearl où sembarquent le reste de nos amis.
Dans cette suite, nos amis doivent tout dabord dérober les plans de lau-delà des mers, où est retenu prisonnier Jack, au chef des pirates de Singapour. Une fois la chose faite et ce bon vieux Jack à bord du Pearl, ils doivent faire face à Davy Jones, qui veut toujours faire payer sa dette au captaine Sparrow. De son côté, Will veut éliminer également Davy Jones afin de libérer son propre père, esclave du hollandais volant. Sen suivent toutes une série de manipulations où les manipulateurs sont aussi manipulés, pour au final voir la confrérie des pirates de toutes les mers se réunir pour affronter définitivement Davy Jones, mais aussi la flotte anglaise qui se trouve en soutien.
« Nos destins se tournent autour et se croisent depuis toujours, sans jamais se rencontrer. Cest comme ça. »
La première chose qui frappe dans ce volet, cest limportance des personnages secondaires. Barbosa, mais aussi le tandem Will-Elizabeth qui volent dabord la vedette à Jack qui napparaît que passée la première demie-heure. La deuxième chose qui est frappante, cest la volonté des scénaristes mais aussi du réalisateur de construire lintrigue autour des intérêts de chacun des personnages. Et en croisant les manipulations et les intérêts échafaudés par les uns les autres, Verbinski nous montre toute létendue de son talent. En effet, alors quun tel traitement scénaristique était assez casse-gueule, avec le risque davoir un film bancal, partant dans tous les sens, il arrive au contraire à entremêler les points de vue et les actions de tous ses protagonistes, dune manière très fluide et lisible, sans jamais perdre ses spectateurs.
Mais la vraie révolution vient de lhistoire elle-même, qui pour la première fois dans la saga, offre un aspect très sombre. En effet, pour un film familial et tous publics, on pouvait sattendre, à linstar de ce quon avait vu dans les deux premiers épisodes, à un cocktail dhumour et dactions avec au final de toutes façons une fin heureuse qui retombe parfaitement sur ses pieds. Ce sera finalement tout le contraire !
Et cest en cela que Gore Verbinski est un réalisateur exceptionnel. Non seulement il arrive en permanence à nous surprendre, mais en plus il assume et défend ses choix, qui ne sont pas toujours les plus faciles. Loin de là. Si bien sûr lhumour a quand même une part belle (surtout grâce à Johnny Deep, qui excelle de plus en plus dans lart de jouer de son propre personnage), tout comme laction (la scène de départ dans le bouge de Singapour où siègent les pirates locaux, est digne des plus grands films du genre, tout comme le combat maritime final), la noirceur du film vient des coups du sort qui touchent tous les personnages : entre la mort du gouverneur Swann, la malédiction qui frappe le tout jeune marié Will et qui ne lui permet pas de vivre la vie dont il rêvait avec Elizabeth, ou encore la fin tragique de Dorlington, tout ici est réuni pour offrir à cette saga une dimension supérieure, allant au-delà du film pour enfants. Et je passe sur la scène de départ montrant la pendaison dun enfant !
« - Dix années en mer pour une journée à Terre, cest cher payer
- Tout dépend de la journée »
Avec ce troisième volet la magie opère toujours. Il faut dire quon y retrouve tous les éléments qui ont fait le succès de la saga. Les décors et costumes sont toujours aussi géniaux, les scènes de bataille et celles avec les bateaux sont toujours aussi réalistes. Côté casting, cest toujours le top : Johnny Deep EST Jack Sparrow, de sa dégaine à ses mimiques, il apporte une réelle personnalité rocknroll à ce personnage haut en couleur. De plus, les scènes de schizophrénie où son personnage se dédouble apporte une touche de folie et dhumour supplémentaire à son personnage. Il est définitivement entré dans la légende. Autour de lui, Keira Knightley fait toujours aussi bonne figure, sachant amené à la fois une dose de féminité dans un milieu très viril, de sérieux mais aussi dautodérision. Bill Nighy et Geoffrey Rush assurent également dans des rôles assez ingrats. Mais vu leurs statures, on en attendait pas moins deux !
Reste lénigme Orlando Bloom, dont le charisme disparaît dépisode en épisode. Là aussi, on en attendait pas moins de lui !
Les seconds rôles sont toujours au diapason. A noter la présence au casting de deux figures exceptionnelles : Chow Yun Fat, la star chinoise assure dans le rôle du chef des pirates de Singapour. Et Keith Richards, plus connu pour ses riffs de guitare avec les Stones, et qui a servi de modèle physique à Deep pour construire son personnage de Jack Sparrow, fait une apparition clin dil pleine dhumour. Bref, que du lourd !
Au final, ce dernier opus qui conclut la saga a tout pour combler les fans, même si lépisode apparaît finalement beaucoup plus noir que ses prédécesseurs. Gore Verbinski réussit donc son pari haut la main de boucler sa saga déjà culte sans vendre son âme (à Davy Jones ?) puisquil impose un scénario en rupture avec le ton plus léger des deux épisodes antérieurs. Avec un casting au diapason, une réalisation toujours aussi brillante et des effets visuels toujours plus forts, plus beaux et plus impressionnants, il fait de ce film un must pour conclure brillamment cette saga. Cette fois, cest évident, léquipage du Black Pearl entre de belle manière dans la légende, quant à Jack Sparrow, il renforce son statut de mythe ! Jusquà un nouvel épisode ?
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