M. Woodcock
« Dans la vie, les maths ne vous serviront à rien, pas plus quun esprit bien rempli. Ce qui compte dans la vie, cest la force »
Au collège de Forest Meadows, les cours d'éducation physique de Mr. Woodcock sont un véritable enfer. Woodcock ne pardonne aucune erreur, aucune faiblesse à ses élèves, et sa classe ressemble à un camp d'entraînement pour troupe d'élite. Chacun redoute ses moqueries - il faut dire qu'il a un vrai talent pour humilier ses élèves... Pour John Farley, tout cela n'est plus qu'un mauvais souvenir. Aujourd'hui, John est un écrivain à succès, auteur du best-seller Dépasser son passé. Il a désormais l'assurance d'un homme qui a réussi et il donne des conférences qui inspirent et remotivent des milliers de gens. Lorsqu'il vient rendre une visite surprise à sa mère, il découvre avec horreur que celle-ci file le parfait amour avec l'abominable prof. Forcé de côtoyer son vieil ennemi, John endure à nouveau la souffrance familière des sarcasmes de Woodcock et ses tactiques d'intimidation. Refusant une tournée de promotion de ses livres, John décide de prolonger son séjour chez sa mère dans l'espoir de provoquer une rupture entre celle-ci et son ancien tortionnaire... Chaque jour qui passe le plonge un peu plus dans l'insécurité et les angoisses de ses jeunes années. Mortifié et pris de panique à l'idée que sa mère puisse épouser l'homme qu'il déteste le plus au monde, John appelle à l'aide son vieux copain d'école, Jay Nedderman. Il est parfois très difficile d'échapper à son passé...
« Je te laisse ta mère pour ce soir, un peu de repos fera du bien à mes reins »
Bien que restant à ce jour inédit en France, Craig Gillepsie sétait fait beaucoup remarqué avec son premier film « Lars and the real girl » sorti lannée dernière outre-Atlantique. Salué par la presse, son premier long lui aura même valu les honneurs dune nomination à lOscar du meilleur scénario original. Surprenant donc de le retrouver pour son deuxième long, sorti aux Etats-Unis moins dun an après le premier, dans le registre de la comédie potache à lhumour ras des pâquerettes.
« Woodcock sait se servir de ce que le Seigneur lui a donné entre les jambes : une fois je me suis évanouie de pur plaisir. Une autre fois, il a réussi à me faire parler portugais alors que je ne connais pas cette langue »
Ah ! « Mr. Woodcock » ! Jamais un titre navait annoncé de manière aussi cash la couleur ! En tout cas, avec son synopsis hilarant et sa bande-annonce déjantée, le film promettait un grand moment de déconnade potache comme seuls les américains savent les pondre. Pourtant, une bonne idée scénaristique ne suffit pas à faire une bonne comédie. Et ce « Mr. Woodcock » en est le parfait exemple. La raison principale de semi-échec ? Je ne pensais avoir à dire ça un jour de ce genre de comédie, mais il sagit sans aucun doute des réticences du réalisateur à assumer et à pousser son délire jusquau bout. Pourtant, le film débutait de la meilleure des façons avec une hilarante scène de cours de sport dirigé par le sadique Woodcock, qui rappelle au passage un personnage similaire vu le temps dun épisode des Simpsons (« Willie le gentleman », que je recommande au passage). Sen suis le retour du héros et la découverte de la nouvelle relation de sa mère, et peu à peu le rythme baisse doucement mais sûrement. Les affrontements à distance entre fils et beau-père se révèlent assez inégaux et surtout répétitifs, Woodcock étant une copie conforme du « Bad Santa » auquel Billy Bob Thornton prêtait déjà ses traits, et quelques bons personnages sont oubliés en chemin (la mère, lattachée de presse alcoolique pourtant hilarante à chacune de ses rares apparitions, et la copine dont le héros était amoureux au lycée) au profit dun embarrassant ancien camarade de classe looser aussi balourd quinutile. Malgré cela le film réserve quand même quelques bonnes scènes drôles quand il ose se lâcher dans le graveleux, lhumour regressif, voire dans la vulgarité (la rencontre avec lex-femme de Woodcock, celle dans la maison de retraite), mais lensemble demeure quand même allégrement convenu. Finalement, cest sur la fin quon se surprend à rire, au détour dune ridicule compétition de virilité dans une fête foraine, et dun règlement de compte final à la lutte particulièrement drôle et jouissif. Dommage que le réalisateur se sente obligé de nous imposer une fin des plus niaise, convenue et inutilement moralisatrice.
« Tu dois aimer les fessées, cest de famille »
Sur la forme, rien de particulier à signaler, Gillepsie se contentant de remplir le cahier des charges inhérents à ce genre de film. Notons cependant le soin apporté aux détails un peu kitsch (genre le survêtement particulièrement ringard de Woodcock, ou la fête du maïs), qui contribuent à instaurer un univers particulièrement décalé. Côté comédien, cest clairement Billy Bob Thornton qui tire son épingle du jeu, en incarnant brillamment ce personnage aussi buté que sadique, à la fois bête et méchant. Dommage cependant quil ressemble trop à son personnage de « Bad Santa », ce qui retire un peu de cachet à sa performance. Il en va de même pour Sean William Scott, qui sans être mauvais, se retrouve condamné à jouer systématiquement des rôles proches du Stifler d « American pie ». Reste une Susan Sarandon toujours impeccable, quon découvre avec plaisir dans le registre de la comédie pas très fine. Dommage dès lors que celle-ci ne tienne jamais vraiment ses promesses, se bornant à être plus bête que méchant. Car si le film savère plutôt rigolo, il nen demeure pas moins totalement oubliable.
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