Texas
Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Texas » de George Marshall.
« Quand il s’agit d’anciens soldats sudistes, je ne suis jamais un étranger ! »
Toute la ville d’Abilene fête l’arrivée du chemin de fer. Si Windy Miller laisse croire qu’il y a fortement contribué pour le bien de la communauté, il poursuit surtout un objectif personnel : s’enrichir, quitte à écraser ceux qui constituent un obstacle. Ainsi, force-t-il la main à des éleveurs texans pour acheter leur bétail à très bas prix et à le convoyer par ses propres moyens. Nouveaux en ville, Dan Thomas et Tod Ramsey, d’anciens soldats confédérés, compromettent ses plans…
« Un jour viendra où on se reverra. Et j’espère que vous aurez toujours de l’argent ! »
Dans l’ouest peut-être encore plus qu’ailleurs, la frontière entre le Bien et le Mal est particulièrement ténue. Dans ce vaste espace sauvage, où la vie et la survie se jouent à peu de choses, il suffit souvent d’un rien pour que le destin tout entier bascule d’un côté ou de l’autre de la barrière : une mauvaise rencontre, un verre de trop, un partie de poker qui tourne mal. Ou plus simplement de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. « Texas » suit ainsi les tribulations de deux anciens soldats confédérés partis chercher sur les routes de l’ouest une vie meilleure que celle que leur Sud dévasté ne pouvait leur offrir. Mais de mauvaises rencontres en déconvenues, ils se retrouveront témoins d’une attaque de diligence dont ils subtiliseront eux-mêmes ensuite le butin aux pillards. Sans parvenir à s’entendre sur la suite à donner – le garder pour eux ou le rendre aux autorités – marquant ainsi une ligne de faille morale entre les deux hommes, bientôt exacerbée par une rivalité amoureuse.
« Maintenant que nous sommes passés chacun d’un côté différent de la barrière, nous ne pouvons plus revenir en arrière »
Prolifique réalisateur de séries B qui aura essentiellement donné dans la comédie populaire, dont il aura dirigé ses plus illustres représentants (plusieurs Laurel et Hardy dont « Marchands de poisson », W. C. Field dans « Le cirque en folie », Bob Hope dans « Propre à rien » ou encore Jerry Lewis dans « Fais-moi peur ») ainsi que, de façon plus marginale, dans le western (l’excellent « Femme ou démon », « Le nettoyeur », « Le Fort de la dernière chance », « La vallée de la poudre »). Avec « Texas » (1941), il signe un western foisonnant et dynamique, bourré d’action et de rebondissements. Une qualité indéniable qui, paradoxalement, constitue aussi le principal défaut du film. D’autant que fort de son savoir-faire en matière de comédie, le cinéaste cherche à insuffler ici à tout prix un second degré qui place constamment le film dans un entre-deux entre western pur et comédie. A l’image de cette très longue séquence de boxe en ouverture du film. Ou de cette fuite en charrette au cours de laquelle la pauvre Claire Trevor se retrouve bien malmenée. Un peu dommage donc, car derrière le film ne manque ni de rythme ni de qualités, avec notamment une galerie de personnages très savoureuse (notamment le dentiste malicieux et manipulateur). A noter que William Holden et Glenn Ford se retrouveront sept ans plus tard pour « La peine du talion » d’Henry Levin, western qui reprend sensiblement les mêmes thématiques mais dont les rôles de bon et de méchant seront cette fois inversés. Une petite série B plutôt agréable, à voir avant tout comme une curiosité.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Patrick Brion et, surtout, Bertrand Tavernier, récemment disparu et dont il s’agit – hélas – du dernier entretien donné pour Sidonis Calysta.
Édité par Sidonis Calysta, « Texas » est disponible dans la Collection Silver en édition DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 3 juin 2021.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.
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