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25 May

Les chasseurs de scalps

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Westerns

Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les chasseurs de scalps » de Sydney Pollack.

 

Les_chasseurs_de_scalps

« Un esclave ne choisit par ses maitres, il est à celui qui offre le plus »

 

1850, dans les montagnes Rocheuses. Le trappeur Joe Bass est contraint d’abandonner aux Indiens les fourrures qu’il espérait leur vendre. Ceux-ci lui laissent en échange un esclave en fuite. Lorsqu’il retrouve les corps des Indiens scalpés, il se lance à la poursuite des chasseurs de scalps, décidé à récupérer ses fourrures.

 

« J’ai autant confiance en toi qu’en ce coupeur de scalps et sa putain qui l’accompagne »

 

Les_chasseurs_de_scalps_Ossie_Davis

Ancien acteur de théâtre puis de télévision, Sydney Pollack intègre l’industrie cinématographique d’abord comme répétiteur sur « Le temps du châtiment » (1960) de John Frankenheimer, pour lequel il avait déjà travaillé à la télévision. Une première étape qui lui permet de faire des rencontres décisives et d’évoluer rapidement vers la réalisation. D’abord pour la télévision, puis pour le cinéma où il réalise coup sur coup « 30 minutes de sursis » (1965) et « Propriété interdite » (1966), adaptation d’une pièce de Tennessee Williams pour laquelle il remplace au pied levé John Huston, à qui la réalisation avait été initialement confiée. En 1968, pour son troisième long-métrage, il choisit de diriger un western, genre hollywoodien alors sur le déclin que les jeunes cinéastes du Nouvel Hollywood s’emploieront à caricaturer pour mieux déconstruire le mythe américain (« Little big man », « Soldat bleu », « Un homme nommé Cheval », « John McCabe » …). Le film marque le début de la collaboration entre le cinéaste et l’acteur Burt Lancaster – rencontré sur le tournage du « Temps du châtiment », durant lequel ce dernier l’encouragera à passer derrière la caméra – qu’il dirigera successivement sur trois films : « Les chasseurs de scalps » donc, « Le plongeon » (1968) et « Un château en enfer » (1969).

 

« Vous avez une haute opinion de vous-même, mais tiendriez-vous longtemps dans ce territoire si vous étiez noir comme moi ? »

 

Les_chasseurs_de_scalps_Telly_Savalas

Et si, au fond, le monde de l’ouest sauvage n’était qu’une version exacerbée du monde des hommes, obéissant toujours au final à cette même règle de subsistance anthropologique : manger ou être manger ? « Les chasseurs de scalps » est ainsi le récit d’une étrange chaine de prédation : un trappeur solitaire se fait dépouiller par des indiens qui lui laissent en retour un esclave noir en cavale qu’ils détenaient prisonnier, avant de tomber à leur tour dans le piège d’une bande de hors-la-loi qui en profitent pour faire main basse sur les fourrures volées au trappeur. S’en suivra donc une étrange course-poursuite entre outlaws, trappeur et indiens, motivée par une même volonté d’obtenir réparation pour le préjudice subi. Au centre du jeu, le personnage de l’esclave en fuite – déconsidéré par l’ensemble des autres protagonistes en raison de son statut et de sa couleur de peau – devra pour sa part développer des trésors d’ingéniosité et de volubilité pour espérer seulement survivre et, peut-être, pouvoir s’échapper. Un combat forcément inégal, opposant la brutalité et l’intelligence d’une part, l’obscurantisme et l’humanisme de l’autre. Oscillant en permanence entre tragédie et comédie, « Les chasseurs de scalps » est ainsi un western à la tonalité très surprenante, dépouillé de tout lyrisme et très ancré dans son époque. Ce qui déroutera sans doute les plus puristes, qui n’y trouveront peut-être pas leur compte en matière d’action. Sydney Pollack n’en signe pas moins là un charge antiraciste et une ode à la tolérance très incisive et toujours autant d’actualité.

 

Les_chasseurs_de_scalps_Burt_Lancaster

 

**

Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview d’Eric Thouvenel, maître de conférences, Université de Rennes 2 (34 min.) et d’une Bande-annonce. Le blu-ray pour sa part propose également une interview d’Olivier Père, directeur de l’unité cinéma d’ARTE France (40 min.).

 

Édité par Rimini Éditions, « Les chasseurs de scalps » est disponible en édition combo blu-ray + DVD depuis le 7 avril 2022.

 

Les_chasseurs_de_scalps_digipack

 

La page Facebook de Rimini Éditions est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!