Un cri dans l'ombre
Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Un cri dans l’ombre » de John Guillermin.
« Je suis à louer. Pas à vendre ! »
Reno Davis, un jeune et fringuant américain vivant à Paris, est engagé pour être le tuteur d’un jeune garçon, dont le père général est mort durant la guerre d’Algérie. Il découvre rapidement un clan très étrange, rongé par les secrets. Quand le jeune garçon est enlevé, Davis est immédiatement suspecté. Il va découvrir que dans l’entourage de la famille figurent des personnes peu recommandables…
« Vous n’avez jamais rien possédé qui mérite d’être défendu ! »
Né de parents français venusprospérer en Angleterre dans l'industrie du parfum, John Guillermin (de son vrai nom Yvon Jean Guillermin) fut sans doute le plus français de tous les réalisateurs anglais. D'ailleurs, il ne prit la nationalité anglaise qu'à l'âge de dix-huit ans, après s’être s'engagé dans la RAF. Rêvant de faire du cinéma, la Seconde guerre mondiale lui donne l’occasion de faire ses armes en réalisant des documentaires. Une voie qu’il décide de poursuivre après-guerre, devenant dès son retour à la vie civile réalisateur. Il tournera ainsi nombre de films de séries B pour des productions britanniques, avec un goût prononcé pour les films d'aventures (avec notamment plusieurs aventures de « Tarzan » à son actif) et de guerre (« Contre-espionnage à Gibraltar », « Les canons de Batasi »). Sa notoriété grandissante lui ouvre alors les portes d'Hollywood au milieu des années 60, où il débute en signant coups sur coups trois films de portés par l’acteur Georges Peppard (« Le crépuscule des aigles », « Syndicat du meurtre » et « Un cri dans l'ombre »). Mais ce n’est qu’au cours de la décennie suivante qu’il connaitra véritablement le succès et la reconnaissance grâce à ses films de guerre (« Le pont de Remagen ») et, surtout, à ses films catastrophe (« La tour infernale », « King Kong »). Tout juste a-t-il le temps de signer un dernier succès avec « Meurtre sur le Nil » d’après Agatha Christie pour finir la décennie que sa carrière décline brusquement au début des années 80, annonçant la fin rapide de sa carrière.
« J’ai beau être un homme sans illusions, j’ai quand même certains principes ! »
Tourné en 1968, « Un cri dans l’ombre » est l'adaptation d'un roman de Stanley Ellin, l'un des grands noms de la littérature policière américaine d'après-guerre. On y suit les mésaventures d'un américain recruté comme précepteur pour le fils d'une figure de l'OAS. Un job a priori sans danger mais qui le plongera malgré lui dans les arcanes d'un complot mené par un groupe terroriste d'extrême droite après que celui-ci ait procédé au rapt de l'enfant. A l'évidence, John Guillermin lorgne ici vers un sous-genre cinématographique alors en vogue à Hollywood dans les années 60 qui pourrait s'apparenter à des comédies d'espionnage sophistiquées. Ou du moins à des thrillers dans lesquels le second degré n'est jamais vraiment loin. Des films qui jusqu'alors avaient principalement pour vedette Cary Grant (« Charade », « La mort aux trousses »), Rock Hudson (« Les yeux bandés ») ou Grégory Peck (« Mirage », « Arabesque »). Ici, ce sera au tour de George Peppard de jouer les justiciers solitaires confronté à des puissances maléfiques bien plus grandes que lui. Seulement voilà, en dépit d’un ancrage dans un contexte historique et politique réel et troublé, l’intrigue se révèle inutilement nébuleuse et ses enjeux plutôt abscons. Et ce en dépit d’un rythme soutenu et de nombreux rebondissements. Du coup, à défaut d’être scotché par le scénario, on se contente donc d’apprécier les saillies improbables de George Peppard (l’attaque à la canne un pêche !), plutôt à l’aise dans son rôle de héros bondissant à la fois désabusé et flegmatique, ou encore la jolie plastique de la belle Inger Stevens. Alors certes, la balade n'est pas désagréable: on y voyage beaucoup (dans le sud de la France et en Italie), en compagnie d’un casting plutôt plaisant (Peppard et Stevens forment un duo parfaitement glamour face à un Orson Welles cabotin mais comme toujours mémorable malgré un final un peu raté), et sur un rythme plutôt soutenu. Mais l'ensemble, qui flirte parfois avec le grotesque (la vilaine mamma italienne qui ne consent à parler que parce qu’on menace la virginité de sa fille, le faux prêtre tueur…), reste quand même un peu trop fade et décousu pour marquer durablement.
*
Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition. Il est proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « From Paris With Love », présentation de Julien Comeli et Erwan Le Gac (20 min.) ainsi que d’une Bande-annonce d’époque.
Édité par Éléphant Films, « Un cri dans l’ombre » est disponible en DVD et combo blu-ray + DVD depuis le 6 juillet 2021. Il est également disponible en édition blu-ray simple depuis le 5 octobre 2021.
Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
Commenter cet article