Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 Oct

Deux flics à abattre

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Deux flics à abattre » de Ruggero Deodato.

 

Deux_flics_à_abattre

« Le tien est mort tout seul. Moi j’ai du aider le mien ! »

 

Alfredo et Antonio luttent contre le crime au sein d’une unité spéciale très particulière, au-dessus de toutes institutions et lois. Ils opèrent dans l’arrogance la plus totale, mais quand ils doivent traquer Roberto Pasquini, un membre éminent du milieu, les choses se compliquent sérieusement…

 

« L’opération est un succès mais vos méthodes ne sont pas tolérables ! La règle des forces spéciales est de ne jamais mettre en danger la vie des citoyens. Même s’ils sont vieux ! »

 

Deux_flics_à_abattre_Marc_Porel

Ancien assistant de Roberto Rossellini puis de Sergio Corbucci, Ruggero Deodato fut une figure marquante et atypique du cinéma d’exploitation italien. Si ses premiers films, pour l’essentiel des comédies érotiques, n’ont pas laissé de traces mémorables dans la cinéphilie, il se fait finalement un nom à la fin des années 70 en se spécialisant dans le cinéma d’épouvante à tendance gore. Et plus encore, dans une sous-catégorie bien spécifique qu’est le film de cannibales. Il signe ainsi une trilogie (« Le dernier monde cannibale » en 1977, « Cannibal holocaust » en 1980 et « Amazonia : la jungle blanche » en 1985) qui marqua son époque par sa violence et par les controverses qu’elle suscita. Mais juste avant cela, il s’offre une unique incursion dans le registre du néo-polar en dirigeant le film « Deux flics à abattre » (1976). Un genre dans lequel on ne l’attendait pour ainsi dire pas du tout. Pour l’occasion, il bénéficie d’un scénario signé Fernando Di Leo, scénariste et réalisateur de la « trilogie du milieu » (« Milan calibre 9 », « Passeport pour deux tueurs », « Le boss ») qui demeure l’une des figures tutélaires du genre. Considéré lors de sa sortie comme l’un des poliziottesco les plus violents, le film sera amputé de plusieurs scènes et interdit en salles au moins de dix-huit ans.

 

« Deux policiers avec des têtes de voleurs… Où va le monde ? »

 

Deux_flics_à_abattre_ray_Lovecock

Et de fait, si l’intrigue policière à proprement parler (deux flics tentent de démanteler un réseau mafieux dont les ramifications remontent jusque dans les hautes sphères judiciaires) est on ne peut plus classique, ce qui (d)étonne, c’est la façon dont celle-ci est construite. Avec en son centre deux jeunes policiers qui usent de la même violence que les criminels qu’ils combattent. A savoir le meurtre et la destruction. Le tout sous couvert d’une hiérarchie très complaisante. Ce qui donne lieu à des scènes de violence pour le moins extravagantes. A l’image de la folle course poursuite en ouverture du film, durant laquelle les deux héros n’hésitent pas à provoquer un accident mortel pour stopper les deux voleurs à la sauvette qu’ils ont en chasse, et allant même jusqu’à achever l’un d’entre eux avant l’arrivée des secours. Ou encore au feu de joie auquel il se livre en incendiant volontairement les voitures de luxe des mafieux à l’occasion d’une fête où ils sont réunis. D’une certaine manière, Deodato (et à travers lui, Di Leo) se laisse aller à un geste de provocation en plaçant la police au même niveau que la mafia, les renvoyant dos à dos en matière de responsabilité quant aux désordres et aux violences qui troublent le quotidien de la société italienne. Et ceux d’autant plus que les récipiendaires de l’autorité policière sont ici deux sales gosses crâneurs, au comportement aussi violent et dangereux qu’inconséquent. Forcément, sur le fond, le film se révèle être très ambigu, voire même moralement assez dérangeant (à l’image de leur comportement avec la gente féminine, réduite au mieux à des allumeuses, au pire à des nymphomanes). Sur la forme en revanche, force est de constater que « Deux flics à abattre » constitue un divertissement jouissif et spectaculaire, d’autant plus plaisant qu’il comporte beaucoup d’éléments (notamment un duo d’acteurs rigolards et énergiques) qui feront le succès des buddy movies au cours de la décennie suivante. Un vrai paradoxe, reflet sans doute d’une époque troublée et complexe, qui rappelle d’une certaine manière le malaise ressenti devant « Un justicier dans la ville » sorti deux ans plus tôt. Avec toutefois une dose de second degré assumé en plus.

 

Deux_flics_à_abattre_Reggero_Deodato

 

**

Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en versions italienne et anglaise (toutes deux 2.0). Des sous-titres français et anglais sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Romain Vandestichele et Gérald Duchaussoy (2023, 21 min.), de « Violent Cops » : documentaire (2004, 40 min.), de « Ruggero Deodato : ses publicités commentées » (20 min.) ainsi que d’une Bande-annonce internationale.

 

Édité par Éléphant Films, « Deux flics à abattre » est disponible en combo (boitier métal futurpack limité à 500 exemplaires) blu-ray + DVD + livret « Les années de plomb - volume 1 » rédigé par Alain Petit (24 pages), ainsi qu'en édition DVD simple depuis le 22 août 2023.

 

Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.

Commenter cet article

Archives

À propos

Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!