Autour de Lucy
« Ma fille était un vrai garçon manqué quand elle était petite. Javais même peur quelle devienne homo »
Alors qu'elle croyait avoir trouvé l'homme de sa vie, Lucy, une journaliste de 28 ans, doit faire face à une rupture brutale et inattendue. Ne se laissant pas abattre, la jeune fille décide de se lancer à la recherche de l'homme idéal. Encouragée par Jo, sa soeur cadette, mais farouchement désapprouvée par sa provocante et sensuelle amie Melissa, elle organise cinq "rencontres aveugles" étalées sur une année, autrement dit, cinq blind dates : une pratique très répandue dans les moeurs américaines, consistant à rencontrer sans témoins un amant potentiel sur les conseils de relations communes.
Les cinq célibataires avec lesquels Lucy fera connaissance sont : Doug, un Anglais charmant ; Gabriel, un metteur en scène mégalomane ; Bobby, une ancienne gloire du base-ball ; Barry, un homme d'affaires discret ; et Luke, un séduisant orthopédiste matérialiste.
« - Tu aimes pêcher le bar ? Le bar ? Le poisson ? »
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Diplômé en cinéma des universités de New York et de Paris, Jon Sherman se destinait avant tout à lenseignement du septième art. Jusquà ce quil passe pour la première fois derrière la caméra en 1996 pour réaliser son premier long « Breathing room », une comédie romantique restée inédite sur nos écrans. Surfant sur la vague des comédies romantiques portées par des trentenaires émancipées et dans lair du temps, initiée quelques mois plus tôt par le succès du « Journal de Bridget Jones », il réalise en 2002 sa seconde réalisation, « Autour de Lucy », qui reste à ce jour son dernier film en date. « Autour de Lucy » a été présenté lors du Festival du film Américain de Deauville en 2002.
« Est-ce que quelquun tas déjà dit que tu cogitais trop ? »
Le concept de « célibattante » - vous savez, ces femelles urbaines trentenaires faussement émancipées et libérées, qui ne rêvent que de valeurs rétrogrades comme le prince charmant, le mariage en crinoline et la flopée de gamins a fait des émules depuis « Bridget Jones ». Toujours est-il que « Autour de Lucy » sen rapproche assez en de nombreux points. Car ce portrait de femme angoissée à lidée de se retrouver seule et qui va enchaîner les rendez-vous arrangés sinscrit parfaitement dans lair du temps dune société on ne peut plus matérialiste et individualiste, où tout le monde veut tout (réussir sa carrière, sa vie personnelle, et sa vie sentimentale) tout de suite, et par nimporte quel moyen. Le sujet idéal pour réaliser une bonne grosse série Z bourrée de guimauve de plus. Pourtant, le réalisateur se montre finalement beaucoup plus fin que ça dans le traitement de son histoire. Sans aucune prétention, il évite tout dabord en grande partie (malgré une fin hélas beaucoup plus guimauve) les poncifs : car ces cinq rencontres seront très différentes. Certaines donneront lieu à des relations sentimentales, dautres se limiteront à une attraction sexuelle, tandis que dautres encore se limiteront juste à une simple conversation. Mais de toutes ces relations, lhéroïne apprendra quelque chose sur elle et sur ces attentes. Dès lors, le réalisateur joue avec le spectateur : partant de lannonce du mariage imminent de son héroïne, celui-ci construit son récit à la manière du récent « Un jour, peut-être », sur le mélange des cinq rencontres masculines faites par cette dernière durant lannée précédente. Cinq histoires qui sentrecroisent, et dont le spectateur aura la charge de deviner qui parmi ces prétendants sera lheureux élu. Ponctuée par quelques scènes plutôt rigolotes (les échanges un peu crispée que lhéroïne entretien avec son premier rencard alors quelle est saoule, sa relation avec le joueur de baseball ou avec linformaticien quelle emmène chez ses parents), cette ballade sur la carte du tendre se révèle contre toute attente plutôt divertissante et rafraîchissante. Des qualités dues pour lessentiel à un casting très agréable, avec en tête la pétillante Monica Potter (qui se révèle beaucoup plus attachante et attendrissante que Renée Zellweger dans ce type de rôle), et une palette de seconds rôles de qualité (Julie Christie, Harold Ramis, Gael Garcia Bernal, Anthony LaPaglia). On regrettera juste que le réalisateur cède à la tentation du cliché et de la guimauve sur la fin. Sans quoi ce film reste tout à fait plaisant et sympathique.
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