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08 Aug

Surveillance

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« -     J’admire votre savoir faire

 -     Quand pourrais-je admirer le votre ? »

Deux agents du FBI arrivent dans une petite ville perdue pour enquêter sur une série de meurtres. Ils retrouvent sur place trois témoins : un policier à la gâchette facile, une junkie complètement déconnectée et une petite fille de huit ans encore sous le choc. Au cours des interrogatoires, les agents découvrent rapidement que les témoins donnent chacun une version différente des faits, dissimulant manifestement une partie de la vérité.

« Il ne faut pas que tu t’attaches à cette gamine : tu ne pourras pas la sauver »

Dans la famille Lynch, je demande la fille. Comme vous l’aurez compris, la réalisatrice Jennifer Chambers Lynch n’est autre que la fille du réalisateur David Lynch (« Elephant man », « Dune », ou encore « Mulholland Drive »). Si cette dernière était déjà passée une première fois derrière la caméra pour « Boxing Helena » en 1993, il aura cependant fallu attendre quinze ans pour la voir réaliser son second film, « Surveillance ». Un deuxième long « famillial » puisque son père David y officie en tant que Producteur exécutif. A noter que « Surveillance » a été présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes 2008, mais Hors Compétition.

« J’ai essayé de leur dire, mais personne ne m’a entendu »

Il y a bel et bien du David Lynch dans les premières images, et notamment dans un générique introductif à la violence stylisée que papa Lynch n’aurait pas renié. Mais la comparaison s’arrête là, et le film atteint déjà ses limites. Et pour cause. Si la réalisatrice construit son film noir sur une ambiance tendue et morbide censée trouver sa pleine mesure lors d’un switch final aussi vicieux que prévisible, celui ne fonctionne jamais vraiment. La faute à un scénario que la réalisatrice pensait à tort brillant. Pourtant celle-ci aurait du se rendre compte de l’accumulation aberrante des clichés les plus improbables qui discréditent totalement son film et son intrigue. A commencer par ses deux policiers totalement demeurés et corrompus, qui s’amusent à tirer dans les pneus des rares voitures qui passent dans la région pour en violenter les occupants et les dépouiller de leur argent. Mouais. Il en va de même avec ses deux agents fédéraux, trop lisses pour être honnêtes, qui laissent trop vite entrevoir leur noirceur et leur violence (notamment lorsque Julia Ormond menace la rescapée et témoin junkie d’une fouille au corps poussée, avant que son collègue ne lui rappelle qu'elle ne pourra pas sauver la gamine). Sachant que la réalisatrice n’a su faire mieux que de mettre des masques en cire à ses assassins pour cacher leur visage, le switch s’évente très très vite. D’autant que l’absence de mobiles (autre que la folie) ou de contexte social (comme c’était le cas par exemple du « Convoyeur » qui n’est finalement pas si éloigné) limite énormément la portée de ce film. Et ce n’est pas la réflexion simpliste sur l’image et les apparences (ceux qui passent pour les méchants sont finalement des gentils et vice versa) qui sauvera la face. Mais plus que tout, au-delà de son intrigue assez nulle, on reprochera surtout à Jennifer Lynch sa fascination assez malsaine pour le morbide et le glauque, à l’image du nombre élevé de morts, des litres d’hémoglobine, des interminables scènes où la violence est excessivement présente (pour ne pas dire pesante, comme lors des numéros des flics ripoux, ou lors de la scène de l’accident), qui trouvent un point final avec l’assassinat ridicule de la jeune junkie.   

« C’est dur d’épater les gosses en tuant. En général, ils deviennent hystériques. Pas elle. »

Du point de vue de la réalisation, Jennifer Lynch se livre à un stupéfiant exercice de fumisterie en tentant de multiplier les effets de styles communs et artificiels. Mais au final, sa réalisation, particulièrement poseuse, ne convainc pas du tout. Reste la performance des acteurs, très inégale, passant du très mauvais (Bill Pullman), au plus convaincant (trop rare Julia Ormond, Pell James). Mais en tout état de cause, rien qui ne permette de sauver ce navet d’une nullité crasse.

  



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B
Voilà ce que j'attendais. Un avis contraire et enthousiaste pour me convaincre d'aller le voir. Je n'affirme pas que ce film est une daube, juste que c'est le sentiment que j'en ai ressenti au travers d'autres avis. Maintenant, je me dois d'aller le voir pour donner mon impression. A suivre...
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S
Comment tu peux en retenir que c'est une daube et dire après que tu n'iras pas le voir. Tu dis donc que c'est une daube sans l'avoir vu, en faisant aveuglément confiance à quelques avis sur internet... Je veux bien que tu n'ais pas envie de le voir, je veux bien également que certains films soient des daubes objectives et qu'il ne soit pas nécessaire de les voir pour le savoir. Mais ce film est ambitieux autant formellement que dans le fond, il propose des choses et que l'on aime ou pas, cela reste indéniable.
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B
J'en retiens à travers tout ça que ce film est une daube, et que je n'irais pas le voir. Quand au JE, il est un engagement de soit, indispensable dans un blog ou chacun assume ses avis preso. Ou alors j'ai pas bien compris...
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S
Oui, c'est bien vrai. Tout étant subjectif, le "je" dans chacune de nos critiques, de nos phrases, de nos mots est sous-entendu. Enfin, je pense.<br /> <br /> Bref, moi avis mitigé sur ce film. Et je ne trouve pas Tueurs-nés si "tarantinesque que ça". C'est un film très stonien par contre.
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C
Et le comité est bien d'accord avec vous !<br /> A mort le politiquement correct ! Soutenons le combat de Zizek pour une réinvention de la subjectivité, pour une provocation créatrice, pour des jugements qui font avancer, et pas un consensuelisme mou et bien pensant !<br /> Vive les "c'est de la merde" argumentés, les "putain c'est dégueulasse", etc...<br /> <br /> Moi j'ai pas vu ce film.
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V
On dirait les leçons de nos parents quand on était peti... quand J'ETAIS, pardon, petit... "Ne dis que c'est dégoûtant, dis que tu n'aimes pas." Quand on tient un blog, on écrit des critiques, on n'a pas à mettre "je" ni à 'respecter' ceux qui aiment. Je suis pleinement d'accord avec Platinoch !
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M
Aaaaah, Surveillance restera quant même pour moi l'une des bonnes surprises de cannes (mon coup de coeur même). J'ai totalement été prise par l'histoire, sans deviner le switch final (mais bon, plus je lis les critiques, plus j'ai l'impression d'être la seule). Un excellent film dans la lignée du très tarantinesque Tueurs nés. Bonne surprise.
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P
Je confirme les propos d'Anna! J'essaie coute que coute d'éviter la première personne, mais il est évident que ma critique reflete un ressenti personnel;)<br /> Pour ce film, je ne change pas mon avis d'un iota; J'AI trouvé ça nul!!!<br /> Maintenant, je ne remets pas en cause l'avis des autres!<br /> Maintenant, tu as réussi à mettre 2 étoiles à Spartatouille, on est donc quitte lol
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A
Oui, désolée ffred, enfin tu m'as compris, c'est une remarque tout à fait personnelle. Si on devait écrire "je trouve que" devant chaque chose qu'on dit dans nos critiques, on est pas sorti de l'auberge !
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F
C 'est assez énervant de lire souvent cela : c'est nul, d'un nul, nullité... Certains aiment bien donc... La perfection n'étant pas de ce monde et tout étant relatif et sujectif, il serait plus sage de dire : je trouve ça nul... enfin bref... je continuerai de vous lire quand même ! :)
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!