Le dernier de la liste
Un grand merci à BQHL pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le dernier de la liste » de John Huston.
« A la chasse, un leurre est une abomination ! »
Anthony Gethryn, un retraité du Mi-5, se voit confier une liste de onze noms par son ami Adrian Messenger, juste avant qu’il ne meure dans un mystérieux accident d’avion. Il découvre rapidement que plusieurs morts supposées « accidentelles » sont liées les unes aux autres et il décide d’enquêter. L’assassin semble user de plusieurs déguisements pour arriver à ses fins. Gethryn va tout découvrir lors d’une chasse à courre…
« Cette bombe n’a pas pu être posée que par un démon ! »
Figure majeure du cinéma américain de l’après-guerre, l’éclectique John Huston est forcément associé au cours des années 50 au film noir (« Key Largo », « Quand la ville dort ») et au cinéma d’aventures (« Le trésor de la Sierra Madre », « L’odyssée de l’African Queen »). Pourtant, à l’horizon des années 60, le cinéma de Huston se fait soudain plus littéraire et, surtout, plus grave, se tournant vers les tourments de l’âme et les drames de l’intime avec des films comme « Les désaxés » (1961), « Freud passions secrètes » (1962), « La nuit de l’iguane » (1964) ou encore « Reflets dans un œil d’or » (1967). Au milieu de ces films difficiles et aux tournages parfois éprouvants, il s’offre en 1963 une récréation artistique avec « Le dernier de la liste », film policier adapté d’un roman de Philip MacDonald, auteur prisé de Hollywood (il participe notamment à l’écriture du scénario du « Rebecca » de Hitchcock) dont les écrits avaient déjà été adaptés notamment par John Ford (« La patrouille perdue ») ou encore par Henry Hathaway (« A vingt-trois pas du mystère »).
« L’esprit du mal existe ! »
De prime abord, « Le dernier de la liste » commence comme un film policier de facture très conventionnelle. Un détective rangé des voitures reprend du service pour enquêter sur une série de meurtres apparemment sans liens les uns avec les autres. Jusqu’à faire émerger l’idée d ‘un complot de grande envergure. Le film bascule alors dans une forme de comédie policière rappelant la légèreté de certains Hitchcock d’avant-guerre (« Une femme disparait », « Les 39 marches »), centrée autour d’un tueur volontairement protéiforme, usant de plusieurs identités et de plusieurs visages pour commettre ses méfaits. Un principe de leurre qui est au cœur même du récit : qu’il s’agisse de l’utilisation d’un animal mort pour duper les chiens au cours d’une scène de chasse à court, ou de maquillages et de travestissements pour duper les spectateurs, au fond, la démarche demeure la même. D’ailleurs c’est principalement là que réside la dimension récréative de ce film, dont l’intrigue - par ailleurs inutilement complexe - n’est qu’un prétexte pour le cinéaste pour cacher quelques vedettes grimées sous d’improbables maquillages et de jouer avec le spectateur pour voir qui les découvrira. Un procédé plutôt original et amusant, d’autant que les « invités » comptent parmi les plus grandes stars du moment (Burt Lancaster, Frank Sinatra, Kirk Douglas, Tony Curtis et Robert Mitchum). Malheureusement pour Huston, les maquillages et autres trucages apparaissent aujourd’hui franchement datés et un peu trop « grossiers » pour faire totalement illusion. Divertissement récréatif aussi surprenant que sympathique, « Le dernier de la liste » apparait donc au final comme un Huston plutôt mineur, mais qui se révèle plutôt plaisant à regarder.
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Le DVD : Le film est présenté dans une copie remastérisée, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Edité par BQHL, « Le dernier de la liste » est disponible en DVD depuis le 27 septembre 2017.
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