Légitime violence
Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Légitime violence » de Serge Leroy.
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« Vous n’auriez pas assez de cinq nuits pour comprendre l’enfer d’une seule de mes heures »
Après un week-end comme tant d’autres, Martin Modot et sa famille vont prendre le train en gare de Deauville quand le destin les frappe. Au cours d’un hold-up, trois voyous tirent sur un homme qui riposte. Les voyous s’affolent et tirent aveuglément sur la foule. La femme, la fille et la mère de Martin Modot sont tués. Son père est grièvement blessé. Martin Modot ne vit plus alors que pour retrouver les coupables. Un soir, il est contacté par un certain Miller, président d’une association d’autodéfense, personnage fanatique qui ne parle que de vengeance. Déçu par la police inefficace et malgré son aversion pour ce genre d’association, Martin Modot finira par faire appel à Miller.
« Comment je pourrais oublier que je suis complice de cette horreur à cause de toi ? »
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Cinéaste aujourd'hui quelque peu oublié, Serge Leroy fut l'auteur d'un petit corpus d'une dizaine de films réalisés entre le début des années 70 et sa mort prématurée au début des années 90. Cet ancien journaliste, qui réalisa de nombreux reportages pour les chaînes francophones (ORTF via l'émission d’actualités « Cinq colonnes à la une », mais aussi et radio Canada), se spécialisa pour l'essentiel dans les films policiers et les thrillers, souvent influencés par le contexte sociopolitique de son époque. Il dénonce ainsi les magouilles politiciennes et sa trop grande connivence avec le monde des médias (« Le quatrième pouvoir »), les dérives des violences policières (« Taxi de nuit ») ou encore l’arrogance et la violence d'une bourgeoisie de province totalement corrompue (« La traque »). Une carrière de réalisateur qu’il poursuivra également à la télévision, où il fut notamment l’un des grands artisans de la saga « Pause café » et de sa suite « Joëlle Mazart ».
« Je suis humain avec mes prisonniers : pas d’évasion. Donc pas de désespoir. »
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Coécrit avec le romancier libertaire Jean-Patrick Manchette, « Légitime violence » suit la croisade vengeresse d'un homme ordinaire qui cherche à retrouver les coupables du hold-up au cours duquel sa femme, sa fille et sa mère ont été assassinées. Et ce d’autant plus que la police semble rechigner à faire avancer l’enquête. Mais sa quête le mènera dans les arcanes d'un complot bien plus complexe où le banditisme n'est que le bras armé de politiciens véreux. Soulevant ainsi la question de l’auto-justice, « Légitime violence » semble de prime abord s’inscrire dans une certaine mouvance de cinéma populaire qui a alors le vent en poupe, notamment en Amérique avec le vigilante movie (« Un justicier dans la ville », « Taxi driver » ou encore « Légitime violence », film homonyme signé John Flynn) et en Italie avec le polizziottesco (« La poursuite implacable », « Société anonyme anti-crime », « Milan calibre 9 »). Et puis très vite, le cinéaste choisit finalement de prendre le spectateur à contre-pied, en choisissant de faire de son héros un homme juste et intègre qui, après avoir réussi à dénouer les fils de l’intrigue au péril de sa propre vie, choisira finalement de s’en remettre à la justice. En dépit d’un scénario pas toujours aussi rigoureux qu’on le voudrait (manque de lisibilité de certains enjeux et de certaines connexions entre les personnages) et d’une dimension qui parait aujourd’hui assez kitsch (l’introduction sur une chanson de Plastic Bertrand, l’ambiance interlope de la boite gay), « Légitime violence » n’en demeure pas moins un polar efficace, ponctués de très bonnes scènes d’action et qui bénéficie d’un casting de grande qualité (Claude Brasseur, Véronique Genest, Thierry Lhermitte à contre-emploi, Christophe Lambert...). Surtout, vu de 2019, il a l’immense mérite de restituer parfaitement l’ambiance très trouble de la France du début des années 80, marquée par les débats autour de l’abolition de la peine de mort, la défiance de l’extrême droit vis-à-vis de la gauche nouvellement au pouvoir, ou encore des dérives meurtrières du SAC. Rien que pour ça, le film vaut le coup d’œil.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale française (2.0). Aucun sous-titrage n’est proposé.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Véra Belmont, productrice (10 min.) ainsi que de la Bande-annonce de « Un condé » d’Yves Boisset, disponible chez le même éditeur.
Édité par ESC Editions, « Légitime violence » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 21 mai 2019.
Le site Internet d’ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.
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