Aux postes de combat
Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Aux postes de combat » de James B. Harris.

« Nous sommes des chasseurs. Nous guettons à l’oreille des ennemis qui nous observent assidument »
En pleine Guerre Froide, un journaliste embarque pour un reportage à bord d’un navire de guerre américain. Lorsque les radars détectent un sous-marin soviétique, le capitaine décide de le prendre en chasse, contre l’avis de l’Etat-Major. Le moindre faux pas pourrait déclencher la Troisième Guerre Mondiale.
« Ce n’est pas votre bateau que j’ai choisi Commandant. C’est vous ! »

Après une courte carrière de producteur durant laquelle il produira les premiers films de Stanley Kubrick (« L’ultime razzia », « Les sentiers de la gloire » et « Lolita »), James B. Harris se lance dans la réalisation au milieu des années soixante. A son actif, un tout petit corpus de cinq films, réalisés entre 1965 et 1993, et dont on retiendra principalement « L’extrême limite » (1993) avec Wesley Snipes et « Cop » (1988), première adaptation cinématographique d’un roman de James Ellroy. Mais pour ses débuts de réalisateur, en 1965, il signe avec « Aux postes de combat » un premier film très ancré dans le contexte anxiogène et paranoïaque de la Guerre froide. Un film qui débute presque de façon documentaire, présentant le dispositif de surveillance et de dissuasion militaire déployé de par les mers pour protéger l’Amérique de la menace soviétique.
« Nous avions ce sous-marin à notre merci. Il aurait tout aussi bien pu se cacher au large de la Californie. Pourquoi ne comprennent-ils rien ? »

Mais l’officier principal au centre du récit va très vite laisser apparaitre une personnalité complexe, à la fois clivante et jusqu’au-boutiste, transformant peu à peu la mission de surveillance qui lui est confiée en une dangereuse traque au sous-marin soviétique à travers les eaux internationales de l’Atlantique nord. Dès lors, le film se transforme en un thriller psychologique à huis-clos opposant l’autoritaire et brutal capitaine aux personnalités plus modérées présentes à bord, à l’image du jeune reporter progressiste en mission sur le navire, ou encore du médecin de bord. A l’évidence, James B. Harris nous rejoue ici dans les grandes lignes l’intrigue du film « Docteur Folamour » de son ami Stanley Kubrick (dont il se dit que James B. Harris aurait officieusement participé à l’écriture du scénario) en ayant pris soin préalablement de l’expurger de toute sa dimension comique. Il en résulte un drame habile et nerveux qui, comme c’est alors la mode (« Point limite » de Sidney Lumet), convoque la figure du savant fou comme menace ultime sur une situation mondiale alors des plus anxiogènes. A ce petit jeu-là, le cinéaste fait preuve d’une certaine audace de par l’image controversée qu’il renvoie de l’armée américaine, dirigée par de dangereux cowboys et conseillée par d’anciens nazis, et qui est toute aussi coupable de la dangereuse escalade militaire qui menace alors le monde. Une grande fable pacifiste donc, qui plus est excellemment bien interprétée (Richard Widmark, Sidney Poitier, Martin Balsam), dont le seul défaut demeure sans doute sa trop grande théâtralité.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Jean-François Rauger, critique de cinéma, directeur de programmation à la Cinémathèque Française.
Edité par Rimini Editions, « Aux postes de combat » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 20 juin 2019.
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