Au nom de la terre
Un grand merci à Diaphana pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Au nom de la terre » d’Edouard Bergeron.
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« Les gens ne veulent plus rien payer alors ils en ont pour leur argent. La norme désormais c’est de produire de la merde »
Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, l’exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu… Construit comme une saga familiale, et d’après la propre histoire du réalisateur, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.
« Je ne dis pas que tu ne travailles pas assez. Je dis que tu travailles mal »
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Bien avant de faire du cinéma, Edouard Bergeron rêvait de devenir agriculteur. Comme son père avant lui. Mais les difficultés inhérentes au monde rural en décideront autrement. Acculé, son père finira par mettre fin à ses jours et après s’être beaucoup investi à son tour dans l’exploitation familiale, il finira par embrasser une carrière journalistique. Intégrant le service société de France télévisions, il réalise ainsi de nombreux documentaires, dont l’un sera particulièrement remarqué : « Les fils de la terre » (2012) pour l’émission « Infrarouge ». Désireux de poursuivre ce sujet qui lui tient particulièrement à cœur, il finira par en faire un film très personnel, « Au nom de la terre », dont il sera à la fois scénariste et réalisateur. Ses débuts de cinéaste seront ainsi couronné de succès puisque le film enregistrera près de deux millions de spectateurs en salles.
« Pour s’en sortir, il n’y a qu’une seule solution : c’est de partir »
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Dans un monde idéal, le métier d’agriculteur devrait être l’un des plus noble et gratifiant qui soit. Dans les faits, il s’agit de travailler la terre dans le but de produire de quoi nourrir sainement la communauté. Mais c’est aussi une profession des plus exigeantes et difficiles. Une sorte de sacerdoce qui ne laisse jamais le moindre temps de répit. Avec « Au nom de la terre », le réalisateur Edouard Bergeron s’intéresse au malaise agricole dont on parle finalement assez peu mais qui dévaste depuis quarante ans nos campagnes comme une trainée de poudre. Et pour cause. Après la Seconde guerre mondiale, le choix a été fait d’abandonner un modèle agricole ancestral et rationnel au profit d’un modèle intensif peu regardant de la qualité. A travers cette saga familiale dramatique, il dresse ainsi un portrait lucide et accablant de ces transformations sociologiques et économiques qui ont engendré cet engrenage du pire : les antibiotiques injectés aux bêtes d'élevage, les poulets élevés en batterie et nourris aux hormones sans voir le jour, ou encore les pesticides censés améliorer les rendements. Avec, en creux, une financiarisation accrue de la filière agricole (aléas des marchés financiers, baisse des cours, emprunts étouffants) qui n’aura de cesse d’asphyxier les exploitants et de tirer la filière vers le bas. Portée par des acteurs très inspirés (Guillaume Canet et Veerle Baetens), Bergeron signe là une chronique rurale particulièrement juste et touchante.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (5.1 et 2.0) ainsi qu’en adiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un Commentaire audio de Edouard Bergeon et Guillaume Canet, d’un entretien avec Edouard Bergeon (20 min.) et d’une Scène coupée : fin alternative (8 min.). L’édition DVD collector comprend également « Les Fils de la terre » : documentaire d’Edouard Bergeon (90 min.). Ce supplément est également présent sur l’édition blu-ray.
Édité par Diaphana, « Au nom de la terre » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 4 février 2020.
Le site Internet de Diaphana est ici. Sa page Facebook est ici.
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