L'incompris
Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’incompris » de Luigi Comencini.
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« Votre mère disait que si elle ne trichait pas, elle ne s’amusait pas »
Le consul britannique à Florence vient de perdre sa femme. Ébranlé par le deuil, il partage la nouvelle avec son fils aîné, Andrea, mais choisit de protéger le plus jeune, Milo, en lui faisant croire que sa mère est partie en voyage. Avec l’absence répétée de leur père, les deux jeunes enfants sont quotidiennement laissés à la garde de nounous, au sein d’une vaste demeure familiale. Malgré les jeux qu’ils partagent et leur forte complicité, Andrea et Milo sont divisés par l’attitude de leur père : alors qu’il manifeste toute sa tendresse au petit qui souffre d’une santé fragile, le consul délaisse l’aîné qu’il juge insensible et irresponsable…
« Jonathan est un petit chien perdu sans maitre, caresses-le un peu et tu verras »
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S’il fut sans doute le plus francophile des cinéastes italiens (il passe son enfance du côté d’Agen où il décroche le baccalauréat), Luigi Comencini est souvent associé aux grandes heures de la comédie sociale italienne de par ses chefs d’œuvres « Pain, amour et fantaisie », « La grande pagaille », « L’argent de la vieille » ou encore « Mon Dieu, comme suis-je tombée si bas ? ». Toutefois, il serait réducteur de limiter la carrière du cinéaste à ce seul genre. En effet, et a contrario de la plupart des grands noms de la comédie italienne (Dino Risi, Mario Monicelli ou encore Ettore Scola), Comencini fut aussi un grand cinéaste dramatique, genre qu’il aborda souvent par le prisme du monde de l’enfance (« Tu es mon fils », « Les aventures de Pinocchio », « Eugenio »). C’est ainsi qu’il tourna en 1967 « L’incompris », film qui fut présenté au Festival de Cannes et qui connut à sa sortie un important revers critique et public avant d’être réhabilité quelques années plus tard. A noter pour la petite histoire que le film fit l’objet d’un remake américain, « Besoin d’amour » par Jerry Schatzberg en 1984, avec Gene Hackman dans le rôle principal.
« Si je ne dois plus jamais marcher, empêche-moi de guérir »
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Avec « L’incompris », Luigi Comencini aborde le thème de l’enfance par le prisme du deuil. Le film s’ouvrant ainsi sur l’annonce de la disparition brutale d’une mère, qui aura pour conséquence de déstructurer une cellule familiale dont l’ordre était jusqu’alors bien établi. En effet, en l’absence de cette mère qu’on image tendre et attentive, les enfants se retrouvent désormais seuls avec un père distant à l’éducation rigide, et livrés le plus clair du temps à des gouvernantes peu aimables. De quoi les pousser à se chercher des espaces de liberté et de rébellion. Entre jeux et désobéissances, Comencini suit la relation tumultueuse qui unit ce père et ses fils sur lesquels il se méprend. En effet, avec beaucoup de subtilité, le cinéaste joue sur les apparences et esquisse des portraits assez antagonistes de ces enfants. Et tandis que le plus jeune, surprotégé car supposé le plus fragile, fait preuve d’une étonnante force de résilience (teinté d’un peu d’égocentrisme), c’est finalement l’ainé, censé être le plus solide, qui se révèlera être le plus sensible et le plus vulnérable à travers sa quête éperdue (et veine) de tendresse et d’attention. Une façon pour le cinéaste de montrer, s’il en était besoin, que les adultes sont toujours responsables du malheur des enfants. En dépit d’un final jusqu’au-boutiste et lacrymal qui parait un peu hors sujet, « L’incompris » est un beau film âpre et d’une grande sensibilité.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master 4k et proposé en version originale italienne (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « L’Enfance égarée » : entretien inédit avec Michel Ciment, critique, historien du cinéma et directeur de la publication de la revue Positif (24 min.), de « À propos de… L’Incompris » : entretien avec Piero de Bernardi et Cristina Comencini (36 min.) et d’une Bande-annonce originale.
Édité par Carlotta Films, « L’incompris » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 7 juillet 2021.
Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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