Tueur d'élite
Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Tueur d’élite » de Sam Peckinpah.
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« On est tous des idéalistes. Vous croyez qu’on fait ça pour le pognon ? »
Tueurs d’élite redoutables, Mike Locen et George Hansen sont parmi les meilleurs et ne ratent jamais leur coup. Ils travaillent pour une organisation privée qui travaille secrètement pour le compte de la CIA. Mais lors d’une mission, Mike est trahi par son meilleur ami. Gravement blessé, il décide de se venger et entame une guerre sans merci…
« On était copains. Une fois, je lui avais sauvé la mise. C’est peut-être pour ça qu’il ne m’a pas mis une troisième balle dans la tête… »
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Ancien assistant de Don Siegel qui fera ses classes a la télévision américaine avant de percer ensuite au cinéma au cours des années soixante, Sam Peckinpah est un peu - à l'image d'un Clint Eastwood - un cinéaste totalement inclassable, en ce qu'il n'appartient ni à l'âge d'or des studios ni véritablement au Nouvel Hollywood. Une forme de marginalité qui ne l'empêchera pas d'être l'auteur de l'une des filmographies les plus intéressantes de son époque. Et pour cause, « Bloody Sam » n'aura de cesse au fil de ses films de s'intéresser au rapport quasi culturel (pour ne pas dire endémique) de l'Amérique à la violence, souvent unique recours pour ses personnages de losers malmenés par la vie ou par la société, de tenter de sauver leur vie ou de chercher une forme de rédemption. Une thématique qui sera d'ailleurs la marque de ses plus grands succès, de « La horde sauvage » (1969) à « Guet-apens » (1972) en passant par « Les chiens de paille » (1971) ou « Les croix de fer ». Pourtant, rongé par la paranoïa, elle même largement entretenue par ses dépendances à l'alcool et a des drogues toujours plus dures, le cinéaste traversa au cours des années 70 un passage à vide, marqué par une série de revers commerciaux. A commencer par les (pourtant) excellents « Pat Garrett et Billy le kid » (1973) et « Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia » (1974). C’est d’ailleurs au sortir de ce dernier film qu'il se lance dans la réalisation de « Tueur d’élite » (1975), projet dont il espère qu'il lui fera renouer avec le succès.
« Si on n’a plus le droit de buter un bon copain, où est la morale capitaine ? »
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Pur film de commande, « Tueur d’élite » est l’adaptation cinématographique du roman « Monkey in the middle » de Robert Syd Hopkins. L’histoire de deux agents d’élite liés à la CIA d’abord associés par une amitié qui se transforme soudainement en rivalité. Comme dans ses précédents films (« Pat Garrett et Billy le kid », « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia »), Peckinpah y trouve là l’un de ses sujets de prédilection, à savoir la trahison qui engendre la vengeance, traité par le prisme d’une amitié déchue. Le plus intéressant dans le film réside sans doute dans sa façon de transposer une intrigue finalement très « westernienne » dans le contexte plus contemporain des barbouzes des services secrets américains. D’ailleurs, à l’instar de plusieurs de ses collègues Alan Pakula (« A cause d’un assassinat », « Les hommes du président »), Francis Ford Coppola (« Conversation secrète ») ou encore Sydney Pollack (« Les trois jours du condor »), il joue à fond la carte très seventies de la paranoïa suscitée par des services secrets aux méthodes et à la loyauté discutables. Mais le film vaut aussi pour le face-à-face savoureux entre le personnage de l’agent loyal et du félon, dont il n’hésite pas à montrer les failles, qu’elles soient physiques pour le premier ou morales pour le second. C’est finalement dans son dernier tiers, quand l’action tant attendu finit par prendre le dessus, que l’on se retrouve surpris par les partis pris du réalisateur. A commencer par son choix « fantaisiste » de faire intervenir des ninjas, dont la présence tranche quelque peu avec l’ambiance plutôt « sérieuse » qui régnait jusqu’alors. Il n’empêche, bien que souvent considéré comme l’un des films les plus mineurs de sa filmographie, « Tueur d’élite » est un thriller d’action qui fonctionne plutôt bien au final et qui mérite pleinement d’être reconsidéré. Ne serait-ce que pour son excellent casting, dominé par les formidables James Caan et Robert Duvall.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du film par le journaliste Rafik Djoumi (28 min.), « Sam’s Killer Elite » : documentaire autour du film (2012, 29 min.), Anecdotes autour de Sam Peckinpah (2017, 26 min.), Mike Siegel et son rapport à Sam Peckinpah (2020, 43’35”, VOST), les affiches du film (4 min.). Le livret « Les Espions s’amusent » rédigé par Marc Toullec (32 pages) complète avantageusement cette édition.
Édité par BQHL Éditions, « Tueur d’élite » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 24 novembre 2022.
Le site Internet de BQHL Éditions est ici. Sa page Facebook est ici.
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