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07 Oct

7h58 ce samedi-là

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« Puissiez-vous déjà être au Paradis avant que le Diable n’apprenne votre mort »

 

UGC Ph New York et sa banlieue. Tout semble se dérouler comme un samedi ordinaire pour la famille Hanson : des examens du père, la mère qui va ouvrir l’entreprise familiale, et les soucis financiers et professionnels des deux fils Andy et Hank, tout semble normal. Pourtant à 7h58, le casse de la bijouterie familial va faire basculer à jamais le destin de cette famille, faisant ressortir les traumatismes, les frustrations, les remords et les regrets de tous ses membres…

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« - Pourquoi tu m’as appelé ?

   - Pour t’entraîner dans un truc barge »

 

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Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke. UGC PhDernier (ou presque) des grands réalisateurs de l’âge d’or Hollywoodien encore en activité, Sidney Lumet se sera toujours fait remarqué par son goût pour les films noirs et policiers et les sujets liés à la justice et aux institutions américaines, faisant de lui le spécialiste des films de procès. On se souvient ainsi de son premier film, « 12 hommes en colère » (1957), reconnu comme étant un classique du genre. Mais sa filmographie comporte bien d’autres grands films qui ont marqué leur époque et qui aujourd’hui considérés comme des références : ainsi, on peut rappeler des films comme « Le gang Anderson » (1971), « Serpico » (1973), « Le crime de l’Orient express » (1974), « Le prince de New York » (1982), ou encore « Le verdict » (1983). Décevant depuis quelques années et les ratés « Gloria » (1998) ou son précédent long « Jugez-moi coupable » (2006), le réalisateur qui commence à se faire plus rare, était attendu au tournant. D’autant que son « 7h58 ce samedi-là », présenté au dernier Festival de Deauville hors compétition, était porté par une critique presse globalement enthousiaste.

 

« Andy, c’est la boutique des parents, on ne peut pas faire ça »

 

Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke. UGC PhLa première chose à remarquer, c’est que Lumet a délaissé les couloirs et les salles d’audience du tribunal pour nous plonger ici dans un film noir à tiroirs. Construit autour d’incessants flash-backs, qui centrent tour à tour le récit sur les différents personnages qui le composent au gré des révélations, Lumet n’a pas choisi la facilité scénaristique. Au contraire. Et c’est là un point qui porte à débat. En effet, on ne peut que s’incliner devant la grande maîtrise de Lumet qui gère admirablement son scénario et son montage si alambiqués, mais on se doit de reconnaître qu’un format aussi segmenté, fait pour perdre les spectateurs, fonctionne un peu trop. Car non content de brouiller les visions de ses personnages, il brouille également les cartes temporelles en remontant le temps de manière inversée (du plus récent au plus loin). Il faut donc s’accrocher. Au-delà de ça, on reconnaît la grande habileté du scénario, renforcé par des dialogues percutants et des situations fortes. Et comme toujours chez Lumet, on y trouve une critique de la société assez violente en filigrane. En l’occurrence, il dénonce ici une société corrompue par l’argent, moteur de toutes les relations, permettant d’assurer à ceux qui en ont confort, pouvoir, réussites sociale et sexuelle. L’argent qui fausse donc tous les rapports et qui mènerait les gens jusqu’au meurtre pour en posséder. Sur ce constat, le puzzle qui se forme devant nous prend des tournures de tragédie grecque, où les personnages d’une même famille se retrouvent impliqués dans des actes terribles. Les trois personnages centraux (les deux fils et le père) sont étudiés avec minutie et Lumet prend un malin plaisir à les voir commettre des actes irréparables pour mieux nous plonger dans leur subconscient et leur passé afin de voir quand tout à basculé, et d’où sont nés les haines, les rancœurs, et le mal qu’ils ont en eux. Il prend le même malin plaisir à les confronter à un destin qui s’acharne jusqu’au bout sur eux, sans répits, pour mieux voir la manière dont ils vont gérer et réagir. L’étude psychologique de ses personnages, loin de tout manichéisme, est d’ailleurs le gros point fort de ce « 7h58 ce samedi-là ».

 

« Tu as témoigné plus d’amour à Hank qu’à moi et pourtant il est plus paumé que moi »

 

Ethan Hawke, Marisa Tomei, Philip Seymour Hoffman et Albert Finney. UGC PhAvec « 7h58 ce samedi-là », Lumet retrouve ses couleurs de grand réalisateur. Il peut ainsi s’appuyer sur un scénario solide et diabolique, qui faisait défaut à ses derniers films. Mais surtout, il démontre qu’il a retrouvé toute son talent en ce qui concerne le découpage et le montage, et plus que tout pour la direction d’acteurs. Casting intelligent et efficace, il peut s’appuyer sur un duo Seymour Hoffman et Hawke qui nous livre ici deux performances géniales. Que ce soit Seymour Hoffman en frère dominateur, manipulateur et démoniaque, ou Hawke en personnage fragile, soumis, et maladroit, les deux acteurs se renvoient magnifiquement la balle et surtout se complètent formidablement. Derrière eux, on retrouve un Albert Finney vieillissant qui semble un degré en dessous des deux acteurs précédemment cités. A noter la jolie composition de la trop rare Marisa Tomei.

 

« On vit vraiment une époque diabolique. Certains vivent du recèle de diamants pendant que d’autres en crèvent »

 

Albert Finney. UGC PhAvec ce « 7h58 ce samedi-là », Lumet, l’un des derniers géants de la réalisation Hollywoodienne signe un retour au premier plan brillant, par un film original avec lequel il se fait plaisir. Scénario carré, réalisation et montage brillants, interprétation parfaite, sans être un chef d‘œuvre, « 7h58 ce matin-là » apparaît comme un film noir réussit et qui sort de surcroît des sentiers battus d’un genre cinématographique qui n’arrive plus à se renouveler. Néanmoins, à l’instar du « History of violence » de Cronenberg  (2005), je n’ai pas réussit à rentrer pleinement dans le film, en raison entre autre d’un postulat de départ des plus improbables, qui rend certains rebondissements assez grand-guignolesques. De même, j’ai regretté un certain manque de chair, de romantisme désespéré, qui faisait l’émotion de films pas si éloignés comme « Quand la ville dort » (Huston – 1950). Je comprends donc l’enthousiasme de certains devant la belle maîtrise affichée par ce dernier Lumet. Néanmoins, à titre personnel, je tire un bilan mitigé du à un synopsis manquant de crédibilité, et à un scénario à tiroirs rendant le film un peu trop confus et difficile à suivre.

 



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B
Long, très long, épouvantablement long pour raconter une histoire, somme toute classique, brillament intérprété, excellement filmé mais sur un rythme d'une lenteur sans fin...
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!