Ces amours-là
« Ma cliente a été présentée comme une femme fatale, mais cest plutôt lépoque qui a été fatale à ma cliente »
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Le destin flamboyant d'une femme, Ilva, qui, sa vie durant, a placé ses amours au dessus de tout et se les remémore au rythme d'un orchestre symphonique.
Dans cette fresque romanesque, Ilva incarne tous les courages et les contradictions d'une femme libre.
Et si ce n'était pas Dieu qui avait créé la femme mais chaque homme qu'elle a aimé ?
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« Le destin, comme un certain, facteur sonne toujours deux fois »
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La vieillesse est un vilain naufrage auquel Claude Lelouch, grande figure du cinéma populaire français, n'échappera hélas! - pas. Déjà, la décennie écoulée avait laissée entrevoir le manque d'inspiration d'un réalisateur n'arrivant plus à se renouveler ni à conclure ses récits fleuves et nébuleux (« And now ladies and gentlemen », la trilogie avortée du « Genre humain »). Tout juste la réussite de son « Roman de gare » laissait planer un bref espoir quant à la capacité du réalisateur à remonter la pente. Seulement voilà, avec « Ces amours-là », son 43ème film consacrant un demi siècle de carrière, Claude Lelouch retombe dans les travers de ses sagas foutraques comme lui seul en a le secret. Le problème, c'est qu'une fois n'est pas coutume, son film part dans tous les sens, mêlant à la fois les destins d'Ilva, un cur d'artichaut rattrapé par l'Histoire, de ses deux amants américains tiraillés par la jalousie, ou encore de son avocat, mélomane juif ayant connu l'enfer de la déportation.
« Lamour est un long voyage dont le retour coûte souvent plus cher que laller »
Un grand malstrom sans queue ni tête, sans réelle constance ni consistance, et dont l'incroyable naïveté confère souvent au ridicule (le coup du suicide déguisé en crime, fallait oser!). A cela se rajoute cette nostalgie pleurnicharde propre aux personnes âgées racontant leurs souvenirs lorsque le réalisateur nous raconte, en filigrane au milieu de cette avalanche de personnages, sa propre jeunesse (l'enfant que sa mère cachait dans les cinémas pendant l'occupation, c'était lui, de même que l'adolescent parti filmer clandestinement sous le manteau la vie en URSS). Surtout, le réalisateur fait preuve d'une rare complaisance envers lui même lorsqu'il pratique à outrance l'auto citation en émaillant son film d'extraits de ses anciens films, souvent détournés de manière un peu grossière à la manière des Nuls ou d'Hazanavicius façon « Le grand détournement ». Au milieu de ce grand bazar, Lelouch convoque en vrac quelques fantômes du passé (Judith Magre, Anouk Aimée, Gisèle Casadesus), des chanteurs égarés (Raphael, Liane Foly, agaçante en resucée gouailleuse d'Edith Piaf), et des comédiens français prenant (mal) l'accent américain (Jacky Ido, Gilles Lemaire) ou allemand (Samuel Labarthe). Tout ce petit monde chantant follement « Que reste-t-il de nos amours? » ou swingant dans les caves germanopratines au gré de la guerre, de l'occupation, des déportations, ou de la libération. De ce film somme du réalisateur, on ressort ahuri tant il frôle souvent le ridicule (peu importe qu'Ilva couche avec des gentils ou des salauds, ce qui compte, c'est l'amour). Franchement perplexe, un peu abruti de ces deux interminables heures, on se dit que « Ces amours-là » flirte surtout avec le mauvais goût et le plus grand n'importe quoi. Et on se dit que, promis, c'est la dernière fois qu'on s'inflige un tel supplice.
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