Extrêmement fort et incroyablement près
« Il y a plus de gens vivants aujourd’hui que de morts depuis le début de l’Humanité. A ce rythme là on n’aura bientôt plus de place pour enterrer les morts »
Oskar Schell, 11 ans, est un jeune New-Yorkais à l'imagination débordante. Un an après la mort de son père dans les attentats du World Trade Center, le "jour le plus noir", selon l'adolescent, il découvre une clé dans les affaires du défunt. Déterminé à maintenir un lien avec l'homme qui lui a appris à surmonter ses plus grandes angoisses, il se met en tête de trouver la serrure qui correspond à la mystérieuse clé. Tandis qu'il sillonne la ville pour résoudre l'énigme, il croise toutes sortes d'individus qui, chacun à leur façon, sont des survivants. Chemin faisant, il découvre aussi des liens insoupçonnés avec son père qui lui manque terriblement et avec sa mère qui semble si loin de lui, mais aussi avec le monde déconcertant et périlleux qui l'entoure...
« Si le soleil explosait, on n’en saurait rien pendant huit minutes. Pendant huit minutes, il ferait encore clair et chaud »
Depuis « Billy Elliot » en 1999, le réalisateur anglais Stephen Daldry s’est fait une spécialité du mélodrame sur fond historique (« The hours », « Le lecteur »). En adaptant le best-seller « Extrêmement fort et incroyablement près » de Jonathan Safran Foer (dont le roman « Tout est illuminé » avait déjà été porté à l’écran par Liev Schreiber), il prend cette fois pour toile de fond les attentats du 11 septembre qui ont frappé le World Trade Center de New York. Malgré ses deux nominations (meilleur film et meilleur acteur dans un second rôle pour Max Von Sydow), le film n’a été récompensé d’aucun Oscar.
« J’aime les clés parce qu’elles ouvrent toujours quelque chose »
Dix ans après les terribles attentats qui ont frappé New York et Washington, l’Amérique continue de panser ses plaies et de pleurer ses morts. Alors que jusqu’ici le cinéma essayait de reconstituer les évènements de façon factuelle (« Vol 93 », « Fahrenheit 9/11 », « World Trace Center »), « Extrêmement fort et incroyablement près » s’aventure davantage vers la fiction et le romanesque. Le film suit en effet le parcours d’un petit garçon qui tente de résoudre la dernière énigme laissé par son défunt père disparu dans les tours jumelles. Une quête initiatique qui obligera le jeune héros à surmonter son introversion pour aller à la rencontre des autres et trouver le chemin du deuil et de la guérison. Sur le papier, cela avait tout d’une inoffensive et émouvante fable sur le deuil. Dans les faits, le film est une écœurante pleurnicherie porté par un gamin geignard et insupportable qu’on a envie de claquer toutes les dix secondes. La faute à un Daldry incapable de retenue, qui abuse autant d’une symbolique lourdingue (la clé, symbole de tous les possibles/ l’appareil photo, symbole du passé) que des effets lacrymaux faciles (les messages sur le répondeur). Pour couronner le tout, les personnages sont caricaturaux à l’extrême (papy post-it et son pantalon coincé sous les bras, incapable de s’exprimer ; son petit-fils légèrement autiste sur les bords, qui ne se déplace jamais sans son tambourin et qui ne sait faire que brailler), empêchant toute empathie à leur égard. Reste l’histoire, finalement cousue de fil blanc, artificielle à souhait (pas un seul des personnages qui accueille le gamin n’est foncièrement mauvais) alors qu’il aurait fallu un peu d’authenticité et de pudeur pour véritablement nous émouvoir. Extrêmement long et terriblement pénible.
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