Home
« Quest-ce que tu croyais ? Que ça allait rester une piste de roller toute ta vie ? Cette fois ils arrivent »
Au milieu d'une campagne calme et désertique s'étend à perte de vue une autoroute inactive, laissée à l'abandon depuis sa construction. Au bord du bitume, à quelques mètres seulement des barrières de sécurité, se trouve une maison isolée dans laquelle vit une famille. Une famille paisible, qui semble avoir trouvé dans cet isolement le fondement même de son bonheur et de son bienêtre. Pourtant, la finalisation des travaux de lautoroute et son ouverture aux automobilistes vont bouleverser leur équilibre définitivement. Dès lors que faire ? Partir chercher un nouveau paradis ailleurs, ou rester dans le lieu du bonheur passé ?
« Tu vas pas nous faire déménager ? Cest chez nous ici. Je ne pourrais pas repartir et recommencer ailleurs. Cest difficile ici, mais cest chez nous »
Assistante du réalisateur suisse Alain Tanner, Ursula Meier sétait fait remarquer en réalisant une poignée de documentaires et un téléfilm pour Arte en 2002, « Des épaules solides » pour la collection « Masculin-Féminin ». Elle signe avec « Home » son premier long métrage de cinéma. Un long dont elle affirme clairement quil est un « anti-roadmovie ». Tourné en Bulgarie à lété 2007, le film aura permis aux acteurs Isabelle Huppert et Olivier Gourmet de se donner la réplique pour la première fois car bien quayant partagé deux fois laffiche dun même film (« Le temps du loup » de Haneke et « Lamour caché » de Capone), les deux comédiens navaient jusqualors jamais partagé une scène ensemble. Primé dans de nombreux festivals, tels Angoulême et Reykjavik, « Home » a été présenté au 61ème Festival de Cannes, dans le cadre de la Semaine de la Critique.
« On ne partira jamais, il ny a quici que maman se sent bien »
Imaginez une maison perdue en rase campagne sur le bord dune autoroute qui na jamais été terminée. Toute une famille y vivrait heureuse et comblée (sans quon sache trop de quoi !). Jusquà ce que lautoroute ne soit brutalement ouverte à la circulation, privant la petite famille de calme, disolement et dintimité. « Lenfer cest les autres » disait Sartre. Cest apparemment un avis partagé par la réalisatrice qui pour son premier long nous propose cette petite fable décalée et absurde, traitant des affres du progrès et de limpossibilité de vivre coupée du monde. Si la réflexion, dans lair du temps, pouvait se justifier, difficile en revanche de trouver une justification à ce film qui nen est pas un. Abscons et inutilement prise de tronche, il sinscrit pleinement dans ce cinéma faussement cérébral et parfaitement élitiste dont nos réalisateurs se sont fait les spécialistes et qui contribue au discrédit de notre production cinématographique. Car sur un synopsis déjà nébuleux et dune rare vacuité, la réalisatrice parvient à placer tous les clichés inhérents au genre : la famille type « Larzac » dont on ne sait pas trop de quoi elle vit et dont la présence en plein désert de nature a presque quelque chose de militant, le goût pour le côté « naturel » qui les pousse à se balader assez souvent à poil, le petit dernier prenant systématiquement son bain avec sa sur qui pourrait être sa mère, ou encore la petite fable morale avec son petit discours écolo-bobo (la voiture ça pollue, cest pas bon pour la santé, il faut manger bio). Le tout agrémenté de sporadiques dialogues aussi vaporeux que creux (on passera sur linterminable pari de la voiture rouge ou verte mais pas sur le redondant « je vais faire du blanc ») portés par des acteurs hystériques et faussement évanescents (Isabelle Huppert a bien du jouer ce type de rôle une bonne dizaine de fois ces dernières années). Le film trouvant enfin son « apogée » dans une dernière partie interminable et hystérique, aussi ridicule que grotesque, de bunkerisation de la maison. Bien sûr, il y aura toujours des « lumières » pour y trouver des métaphores sur les dérives de nos sociétés, la déshumanisation, lisolement, la téléréalité ou la paranoïa. A ce titre, il est probable que les critiques ciné de Télérama et Libé sen masturbent encore de bonheur. Malheureusement, tout le monde ne va pas au cinéma pour briller ensuite dans les diners mondains. La plupart des spectateurs se rendent au cinéma dans lespoir de voir un divertissement de qualité. A ce titre, et dautant plus dans cette période de crise où le cinéma devient un luxe, faire payer 9 pour voir ce vide sidéral, cette énorme bouse boursoufflée et prétentieuse, tient purement et simplement du scandale. Au point de faire affirmer à lauteur de ce post quil préfèrerait largement se tirer une balle que de subir un second visionnage de cette nullité sans nom !
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