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17 Jan

Rencontre à Wicker Park

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« - Les trois sont très belles…il ne me reste plus qu’à prendre la bonne décision

   - Dans ce genre de cas, c’est toujours le cœur qui décide »

 

Chicago. Matthew, jeune cadre prometteur, est sur le point de se marier. Alors qu’il s’apprête à partir quelques jours en Chine le soir même pour raisons professionnelles, il croit reconnaître dans la cabine téléphonique d’un bar la voix de Liza, qu’il a éperdument aimé deux ans plus tôt et qui avait disparue du jour au lendemain sans laisser ni explications ni traces. Hanté par cette improbable réapparition et par les souvenirs que celle-ci a fait ressurgir, Matthew n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Liza…

 

« Il faut que je sache pourquoi elle est partie…je sais qu’elle m’aimait »

 

Une fois n’est pas coutume, surtout quand il s’agit d’histoires originales, « Rencontre à Wicker Park » est le remake d’un film français, en l’occurrence de l’excellent « L’appartement » de Gilles Mimouni, sorti en 1996. Film très réussi et original, à l’ambiance mystérieusement onirique, le film de Mimouni était passé injustement inaperçu lors de sa sortie en salles. Il était de ce fait étonnant qu’Hollywood veuille en faire un remake. Néanmoins le projet aura attisé les convoitises de plusieurs réalisateurs. Longtemps attaché au projet, Joel Schumacher (« Batman forever », « Le nombre 23 », « Phone game ») était très intéressé par ce projet dont il souhaitait confié le rôle principal à Brandan Fraser (« La momie »), avant de renoncer. Le réalisateur Danny Cannon (« Souviens-toi l’été dernier 2 ») fut également un temps attaché au projet. Mais c’est finalement le britannique Paul McGuigan (réalisateur depuis de « Slevin ») qui héritera définitivement du bébé. Côté acteur, c’est Paul Walker (« Fast and Furious », « Bleu d’enfer ») qui avait été initialement choisi pour le rôle principal, mais ce dernier a du jeter l’éponge pour des raisons d’incompatibilité d’emploi du temps, étant déjà engagé sur le film « 2 fast 2 furious ». Pour la petite histoire, si l’action est supposée se déroulée à Chicago, le film a pour autant été tourné à Montréal, et, petit clin d’œil au film original, le café dans lequel Matthew croit apercevoir Liza s’appelle le « Bellucci », en hommage à Monica Belluci qui y tenait ce même rôle. A noter également que Gilles Mimouni a participé sur l’élaboration du scénario.

 

« On me propose une belle opportunité à New York, mais j’ai pas envie de te laisser pour aller là-bas. Je préfère rester ici avec toi »

 

Il est toujours difficile d’aborder le remake d’un film qu’on a beaucoup aimé. Exercice souvent casse-gueule, comparaisons obligatoires, on ne peut également s’empêcher de remettre en question les motivations d’un tel exercice. Autant le dire tout de suite, ce « Rencontre à Wicker Park » ressemble beaucoup à son modèle. Il faut dire que McGuigan ne s’est pas fait cassé outre mesure, reprenant la plupart des scènes de l’original - à l’exception notable de la fin, seul passage qui diffère scénaristiquement d’un film à l’autre – s’appliquant simplement à les filmer à sa sauce. Et c’est peut-être ça finalement le plus gros point négatif de ce film. Car Mimouni avait placé la barre très haut en arrivant à donner vie à ce tourbillon obsessionnel, cette course effrénée entre fantasme et souvenirs, avec une ambiance si particulière, à la fois glaciale, extraordinairement romantique et teintée d’onirisme. Et c’est bien là où pêche McGuigan, dans son incapacité à rendre cette ambiance si personnelle et particulière. Pire, il opte (comme toujours avec Hollywood) pour une ambiance très lisse, très convenue, trop chaleureuse, qui dessert finalement assez l’histoire. Difficile dès lors pour « Wicker Park » de soutenir la comparaison avec l’original. Là où Cassel faisait danser avec folie et passion Bellucci sur « Le temps » d’Aznavour, McGuigan ne sait faire qu’une gentille réplique, sur un air salsa balisé, sans passion et sensualité entre ses deux héros. Et, à l’exception d’un final assez touchant et réussi pour qui aime les comédies romantiques, on ne pourra que déplorer le manque de passion de ce remake. Reste qu’en changeant totalement la fin, McGuigan propose un film d’un tout autre genre, une comédie romantique classique mais intéressante et fréquentable, qui compense en partie par sa dernière et jolie scène ce qu’il perd en originalité, en force et en poésie par rapport au film de Mimouni.

 

« Au restaurant, j’aurais parié que vous étiez la fille que j’ai connu. Maintenant que je vous regarde, je trouve que vous ne lui ressemblez pas du tout »

 

Côté réalisation, McGuigan, à l’image de son film, signe une réalisation trop lisse et sans personnalité. Ceci est d’autant plus dommage que le film de Mimouni reposait sur un choix de décors classes et austères bien précis, qui renforçaient cette sensation impersonnelle et froide si particulière. La réalisation de McGuigan se confère ainsi pleinement aux standards hollywoodiens des films de commande en imposant une esthétique de pub et de clip, qui ne démarque pas le film des autres productions du genre. Le casting semble également discutable pour qui a vu et apprécié l’original. Et à ce titre si Vincent Cassel y trouvait un de ses meilleurs rôles, oscillant entre fragilité et virilité, on doit reconnaître que Josh Hartnett livre une prestation étonnante, loin des rôles sans étoffe auxquels il semble habitué. Dans un rôle de jeune premier plus classique, il nous montre toute sa sensibilité et sa vulnérabilité, une facette moins connue de son talent. Mais le reste du casting, trop clinquant et standardisé, ne tient pas la distance par rapport aux acteurs originaux. En premier lieu, Diane Kruger, dont c’est ici la première expérience américaine, n’égale jamais vraiment Monica Bellucci dans le rôle de la beauté fatale qui rend fou. Elle est très jolie, certes, mais elle semble trop fade et sans relief pour inspirer ici une telle passion. L’autre erreur de casting s’appelle Rose Byrne. L’actrice australienne, qui a déjà fait preuve de son talent et de son charme est ici mal employée. Là où Romane Bohringer jouait de sa beauté si peu ordinaire et développait des trésors de charme en femme blessée d’être ignorée pour rendre son personnage crédible, Rose Byrne est trop classiquement belle pour jouer les femmes ignorées et blessées. Du coup, malgré son talent, elle n’arrive jamais à rendre son personnage crédible. Reste un Matthew Lillard, jusqu’ici habitué aux rôles médiocres (il est Samy dans les films « Scooby-doo »), il se montre trop rigolard, là où le méconnu Ecoffey montrait beaucoup d’habileté pour jouer ce personnage à la fois dragueur et amoureux peu sûr de lui.

 

« - Je suis retourné à son appartement, pensant trouver des réponses, mais j’ai découvert tout autre chose : elle mentait tout le temps…

   - Peut-être qu’elle était amoureuse de toi depuis longtemps et quand elle t’a retrouvé, elle avait pas envie de te perdre une seconde fois »

 

Au final, « Rencontre à Wicker park » n’arrive pas à la cheville de son modèle original, « L’appartement ». Trop calibré, trop lisse, trop copié sur l’original, le film ne retrouve jamais l’ambiance si particulière du film de Mimouni. Néanmoins, sans aucune prétention, le changement radical de la fin de l’histoire, fait passer le film dans un tout autre genre, la comédie romantique. Un changement de genre salutaire, puisqu’il faut reconnaître qu’en la matière, le film, bien que classique et convenu, s’avère efficace et agréable à regarder. Une surprise plutôt agréable donc, même si le film, calibré à souhait, sent un peu trop le film de commande. Pour ceux qui auront eu la bonne idée ou la chance d’avoir déjà vu « L’appartement », ce film sera une curiosité agréable à regarder. Pour les autres, ne vous arrêtez pas à ce « Wicker park » et dépêchez-vous de découvrir ce petit bijou méconnu et inégalé qu’est « L’appartement » !!!

     



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B
J'avais d'abords vu ce film qui m'avait beaucoup plut. Et puis "l'appartement" ensuite. Autant le film de Mimouni est tout simplement génial, autant la version US, loin de l'égaler est sympa. Ton point de vu est tout à fait juste.
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