Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!
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Cherbourg, novembre 1957. Madame Emery et sa fille, Geneviève, tiennent une boutique appelée Les parapluies de Cherbourg. Geneviève est amoureuse de Guy, mécanicien dans un garage. Sa mère désapprouve la relation quand elle l'apprend. Le jeune homme est élevé par sa tante (et marraine) Élise, gravement malade. Il est appelé pour faire son service militaire en Algérie. Les deux amoureux doivent se quitter. Enceinte, désemparée parce qu'elle a peu de nouvelles de Guy, Geneviève est exposée au charme de Roland Cassard, un négociant en pierres précieuses de passage. Après quelques mois, avec l'insistance de sa mère, elle accepte de l'épouser, quittant ainsi Cherbourg…
Amoureux des arts et cinéphile passionné, le cinéma de Jacques Demy ne devait ressembler à aucun autre. Surtout dans un paysage cinématographique français qui, jusqu’à l’arrivée de la Nouvelle Vague, ne semblait pas laisser spécialement de place aux projets les plus originaux. Il faut dire que Demy rêve de faire une comédie musicale, colorée et virevoltante comme on en fait à Hollywood. Mais le genre, popularisé dès les années 30 (notamment par le duo Astaire/Rodgers) et qui connait son âge d’or dans les années 50, est encore quasi exclusivement l’apanage des anglo-saxons. Les projets de Demy sont ainsi contrariés. Son premier film, « Lola » (1960), avait été écrit initialement comme une comédie musicale. Mais devant la frilosité des producteurs qui refusent de financer un tel projet, Demy doit renoncer aux chansons et à la couleur. C’est finalement avec son troisième long métrage, « Les parapluies de Cherbourg », réalisé deux ans plus tard, qu’il parviendra à réaliser son rêve.
Ce qui frappe avant tout dans les « Parapluies de Cherbourg », c’est la constante liberté du réalisateur qui se joue systématiquement des codes alors en vigueur dans le cinéma français. Couleurs chatoyantes, musique omniprésente : le film ne ressemble clairement à aucun autre. Pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire, à l’image des dialogues intégralement chantés, qui rendent le film parfois difficile à suivre. Reste qu’au-delà du kitsch clairement assumé de l’ensemble et de son apparente légèreté, Demy livre un film mélodramatique rappelant en filigrane le contexte sombre de l’époque (la guerre d’Algérie), auquel il ajoute des éléments intimes de sa propre vie (le héros qui travaille dans un garage puis dans une station-service sont autant de clins d’œil à son père garagiste). Pas toujours facile d’accès par la forme, « Les parapluies de Cherbourg » n’en demeurent pas moins un grand film dramatique. La partition de Michel Legrand marque longtemps, de même que la dernière scène du film, éminemment triste.
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