21 Nov

La femme de mon frère

Publié par Platinoch - Catégories : #Comédies

Un grand merci à Memento Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La femme de mon frère » de Monia Chokri.

« Plus tu réfléchis, plus t’es beau et moins t’as de chance que ta vie soit méprisable »

Montréal. Sophia, jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim. Leur relation se révèle tout à fait fusionnelle. Cependant, celle-ci est mise à rude épreuve lorsque Karim, séducteur invétéré, tombe éperdument amoureux d’Éloïse, la gynécologue de Sophia…

« Fais comme moi, pratique le nihilisme joyeux : ignore tes propres sentiments jusqu’à ne plus les ressentir du tout ! »

Actrice au talent reconnu, la québécoise Monia Chokri se fait un nom sur les scènes de la Belle Province avant d’être révélée au grand public par les cinéastes Denys Arcand (« L’âge des ténèbres ») et Xavier Dolan (« Les amours imaginaires », « Laurence anyways »). Une mise en lumière qui lui ouvre un temps les portes du cinéma français. Mais en dépit de quelques apparitions chez Claire Simon (« Gare du nord ») ou Katell Quillévéré (« Réparer les vivants »), force est de constater que la jeune actrice semble se faire plutôt rare sur les écrans. C’est qu’en parallèle à ses projets d’actrice, Monia Chokri s’intéresse aussi à l’écriture et à la réalisation. Avec à la clé un premier court-métrage, « Quelqu’un d’extraordinaire », sorti en 2013. Suivi d’un premier long-métrage, « La femme de mon frère », sorti sur nos écrans en 2019 et sélectionné au Festival de Cannes dans la section « Un certain regard ».

« Mais quel genre d’être détraqué drague le médecin qui vient d’avorter sa sœur ? »

Avec « La femme de mon frère », Monia Chokri réinvente quelque peu le concept du triangle amoureux en introduisant brusquement au sein d’une relation frère/sœur particulièrement fusionnelle le personnage d’une petite amie. Un personnage de belle-sœur belle et brillante qui, plus encore que de briser l’équilibre et l’harmonie de cette fratrie, suscitera la jalousie de l’héroïne - jeune trentenaire désœuvrée, bardée de diplômes inutiles, qui aspire en vain à devenir chercheuse et ne trouve pas vraiment sa place dans la société – et la forcera à faire un point sur ce qui ne va pas dans sa vie. Avec beaucoup d’humour, de fantaisie mais aussi de délicatesse, Monia Chokri évoque la difficulté de grandir et de trouver sa place dans le monde quand on refuse quelque peu de se fondre dans la norme. Elle signe là aussi un joli portrait de femme, empêtrée dans ses contradictions et cachant son mal être derrière un caractère de cochon. Mais « La femme de mon frère » est aussi un film plus complexe qu’il n’y parait sur l’apprentissage (de soi, des autres, des responsabilités, de l’amour...). Si la tonalité du film s’avère déroutante (au début surtout), on se laisse rapidement prendre au jeu de cette comédie très décalée et souvent très drôle et surtout très attachante (l’improbable rencontre du héros et de sa dulcinée), à l’image de ces comédiens, Anne-Elizabeth Bossé et Patrick Hivon en tête.