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12 May

La roue

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames

Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La roue » d’André Haguet et Maurice Delbez.

 

La_roue

« Nous ne pouvons réclamer de vous que des sacrifices »

 

1940. Conduit par le mécanicien Pelletier, un dernier train emporte, à travers les bombardements, les familles qui fuient le Nord de la France… Une jeune femme est tuée et laisse à ses côtés une enfant en bas âge, Norma, que Pelletier va adopter et envoyer en nourrice avec son fils de 5 ans. Les années passent. Les deux jeunes gens viennent s’installer chez leur père et découvrent sa vie de cheminot qui ne laisse de place à personne d’autre qu’à sa locomotive à vapeur…

 

« Ce n’est pas une manie de donner un nom à une machine. C’est la preuve qu’on l’aime ! »

 

La_roue_Jean_Servais

A l’origine de « La roue », il y a « La rose du rail », un film mythique réalisé en 1923 par Abel Gance (rebaptisé plus tard « La roue »). Un film somme qui, selon les montages, dure entre 5 et 8 heures, et qui marqua durablement l’Histoire du cinéma notamment du fait de ses innovations techniques. Principalement connu comme scénariste (notamment pour Albert Valentin ou Georges Lampin) et réalisateur d’une poignée de drames historiques (le plus connu étant sans doute « Il est minuit Docteur Schweitzer » en 1952), André Haguet ambitionne de réaliser un remake du classique de Gance, trente ans après celui-ci, dont l’action serait transposée dans la France contemporaine. Mais la production du film se révèle lourde et complexe. Et ce d’autant plus qu’André Haguet est victime d’un accident dès le début du tournage et doit céder sa place à son assistant Maurice Delbez qui fait à cette occasion ses débuts en qualité de réalisateur.

 

« Je n’ai jamais pu oublier le visage de sa mère malgré les années. Je crois que j’aurais pu l’aimer. »

 

La_roue_Maurice_Delbez

Pour tout cheminot qui se respecte, « La roue » est un élément essentiel en ce qu’elle permet de faire avancer le train. Mais pour le mécanicien Pelletier, « La roue » c’est surtout celle du destin qui a placé sur sa route la jeune Norma un jour de bombardement durant la guerre. Orpheline, la petite fille sera recueillie par le brave mécano qui l’élèvera comme sa fille. Au point même, quelques années plus tard, de nourrir une jalousie envers tous les jeunes hommes qui tenteront de l’approcher. Si le film fleuve original d’Abel Gance contenait des références très fortes aux mythes grecs (Sisyphe et Œdipe notamment) tout en développant des thématiques pour le moins sulfureuses voire dérangeante (la relation quasi incestueuse entre le mécano et sa fille adoptive), André Haguet et Maurice Delbez ont fait ici le choix d’alléger et de simplifier le scénario en expurgeant notamment toute la dimension ambigüe de la relation entre Norman, son père et son frère. Ce qui a pour conséquence, avouons-le, d’appauvrir la dramaturgie du récit. Mais celle-ci ne sert, au fond, pour les cinéastes, que de prétexte. Le vrai sujet du film semble ainsi résider dans le train lui-même, dont ils évoquent l’importance vitale (y compris en temps de guerre), le courage et la fierté des cheminots, et surtout la modernisation avec le passage de la locomotive à vapeur à la locomotive électrique. Porté par deux immenses acteurs (Jean Servais et Pierre Mondy), « La roue » n’est pas – en dépit de son nom – un film trépident. Mais sous ses teintes mélodramatiques, le film offre un joli témoignage quasi sociologique sur la France prolétaire de l’après-guerre ainsi que sur sa modernisation.

 

La_roue_Pierre_Mondy

 

**

Le blu-ray : Le film est présenté dans une Nouvelle restauration 2K à partir de l’internégatif par Coin de Mire Cinéma avec la participation de Lobster Films. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

 

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « La roue » se lancera directement. A noter la présence de trois courts-métrages documentaires (« La Raison du diesel », « Contre la montre », « 231 D 735 ») qui viennent compléter cette belle édition.

 

Édité par Coin de Mire Cinéma, « La roue » est disponible depuis le 18 mars 2022 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

 

La_roue_digibook

 

Le site Internet de Coin de Mire Cinéma est ici. Sa page Facebook est ici.

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