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29 Oct

L'amour nu

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames

Un grand merci à Tamasa Distribution pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’amour nu » de Yannick Bellon.

 

L_amour_nu

« Au fond je suis un optimiste. Désespéré. Mais optimiste »

 

Claire est interprète à l’UNESCO. Elle y fait la rencontre de Simon, un océanographe qui vit avec sa fille Sandrine. Ils se rencontrent, ils s’attachent, ils s’aiment. A la suite d’un contrôle médical, Claire apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur au sein. Déchirée, déprimée, elle quitte Simon, sans oser lui dire la vérité…

 

« Désormais une seule chose doit être importante pour vous. Et puis, vous avez toute la vie devant vous pour voyager ! »

 

L_amour_nu_Jean_Michel_Folon

Si la réalisation a longtemps été l’apanage des seuls hommes (à quelques très rares exceptions près comme Alice Guy, l’américaine Dorothy Arzner ou un peu plus tard Ida Lupino, Kinuyo Tanaka puis Agnès Varda), il faut attendre les années 70 pour commencer à voir les femmes investir ce terrain. Chantal Akerman, Diane Kurys ou encore Colline Serreau furent ainsi sans doute les exemples les plus célèbres pour ce qui est du cinéma français. Comme son nom ne l'indique pas forcément, Yannick Bellon fut l'une de ces aventurières qui osèrent défier l'ordre établi en imposant un regard féminin dans la production cinématographique. Et si son cinéma ne fut peut-être pas aussi populaire que celui de ses consœurs, elle fut néanmoins l'auteure de films marquants en ce qu'ils osèrent traiter de sujets graves et souvent tabous pour l'époque. A l'image du viol et des difficultés à le faire reconnaître (« L'amour violé », 1978) ou de l'homosexualité tue dans une société du paraitre encore très largement pudibonde et conservatrice (« La triche », 1981). Entre ses deux films qui compteront parmi les plus importants et les plus marquants de sa carrière, elle réalise en 1981 « L’amour nu », adaptation du roman autobiographique « Ma vie en plus » écrit par l’actrice Françoise Prévost.

 

« Je ne suis pas contagieuse… Je suis juste pourrie ! »

 

L_amour_nu_Yannick_Bellon

Longtemps considérés comme tabous, la maladie et le handicap ont été plusieurs décennies durant des sujets assez marginaux au cinéma, ne servant le plus souvent que de ressort pour amplifier les mélodrames (« Trois camarades », « Love story »). Ce n’est réellement qu’à partir des années 70 qu’un changement de regard s’opère tout doucement (« La gueule ouverte »). Avec « L’amour nu », Yannick Bellon ose ainsi confronter sa caméra à la maladie et à toutes ses conséquences les plus intimes, à savoir le corps (et sa déchéance), l’estime de soi et, dans le cas présent, la féminité de son héroïne. Drame de l’intime, le film aborde ainsi de façon frontale et quasi didactique (la cinéaste a d’ailleurs débuté sa carrière par le documentaire) les différentes facettes de la maladie, qu’elles soient physiques (l’épreuve de la mutilation corporelle et de la radiothérapie) ou psychologiques (la peur de la mort, le repli sur soi, le mutisme et l’isolement). Surtout, le film est novateur en ce qu’il confronte la maladie au regard des autres et aux préjugés tenaces de la société qu’il dénonce : au-delà du mal qui la ronge, Claire est ainsi fragilisée jusque dans sa propre féminité, qu’elle croit déchue du fait de sa mastectomie. Au point de vouloir renoncer à toute vie amoureuse et à renoncer à un amour naissant, plutôt que d’y puiser douceur, réconfort et soutien. Si le regard de la cinéaste se révèle particulièrement juste, autant que la critique sociale à laquelle elle se livre, on pourra néanmoins reprocher au film son style minimaliste et quelque peu aride (pour ne pas dire austère par moments) ainsi que quelques scènes assez outrancières dont la grandiloquence ne colle pas avec le souci de réalisme de l’ensemble. A l’image de cette scène gênante, durant laquelle l’héroïne en crise se dénude chez ses amis pour illustrer sa maladie et son mal être. Il n’en reste pas moins que « L’amour nu » reste pour son époque un film audacieux, doublé d’un joli portrait de femme accidentée mais résiliente et toujours intègre face à l’adversité et au monde qui l’entoure.

 

L_amour_nu_Marlène_Jobert

 

**

Le blu-ray : Le film est présenté en version intégrale restaurée en 4k et proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français (partiels) sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné du Court métrage « Le Bureau des mariages » de Yannick Bellon (1962, 25 min.), du module « Le Temps de la reconstruction » par Eric Le Roy (16 min.), d’un entretien avec Marlène Jobert (5 min.) ainsi que d’un entretien avec Jean-Michel Folon (13 min.).

 

Édité par Tamasa Distribution, « L’amour nu » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 15 octobre 2024. Cette belle édition comprend également le livret « L’Amour nu, une tragédie optimiste » par Eric Le Roy (20 pages).

 

Le site Internet de Tamasa Distribution est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!