La police a les mains liées
Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La police a les mains liées » de Luciano Ercoli.
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« Ce ne sont pas des lunettes de myope mais d’aveugle ! Plus forts que ces verres-là c’est la canne blanche ! »
Dans un hôtel milanais où se déroule une conférence internationale, une bombe explose et fait plusieurs morts et blessés. Le commissaire Balsamo parvient à retrouver l’un des terroristes mais manque son interpellation. Quand le policier est assassiné, Matteo Roland, qui était présent le jour de l’attentat, reprend l’enquête de son collègue…
« Il est drogué ? Alors il relève de ma juridiction ! »
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Après des débuts en tant qu’assistant réalisateur auprès de Pietro Francisci (« Attila, fléau de Dieu ») ou du vétéran argentin Hugo Fregonese (« Les forains »), l’italien Luciano Ercoli mène tout au long des années 60 une fructueuse carrière de producteur, aussi bien en Italie (il produit notamment deux films de l’icône comique Toto) qu’en France, où il travaille notamment sur les films d’André Hunebelle (« Fantomas », « Furia à Bahia pour OSS 117 ») et Christian-Jaque (« Le gentleman de Cocody »). Mais c’est avec l’avènement du western spaghetti qu’il se fait véritablement un nom, officiant ainsi à la production de deux des films les plus emblématiques du genre, à savoir « Un pistolet pour Ringo » et « Le retour de Ringo » de Duccio Tessari. Après plus d’une décennie dans l’ombre, il finit par passer au début des années 70 derrière la caméra pour diriger ses propres films. Il signera ainsi un petit corpus de huit films en l’espace de huit ans, mettant en vedette sa compagne l’actrice espagnole Nieves Navarro. Avant de tourner définitivement la page du cinéma pour se consacrer à d’autres projets.
« Il ne s’agit pas de moucharder mais de lui sauver la peau. Si je ne le mets pas en prison, il se fera abattre »
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Connu pour l’essentiel pour ses gialli (« Photo interdite d’une bourgeoise », « Nuits d’amour et d’épouvante »), Luciano Ercoli s’aventure en 1974 du côté du pur film policier avec « La police a les mains liés » (sorti initialement sur nos écrans sous le titre plus racoleur « Les dossier rouges de la mondaine »). Un film qui puise son inspiration dans l’actualité sociopolitique troublante et troublée de l’Italie des années de plomb. A commencer par l’attentat de la Piazza Fontana à Milan, qui fit dix-sept morts et une centaine de blessés le 12 décembre 1969, auquel le film semble ostensiblement faire allusion et qui sert de point de départ à une traque effrénée par la police d’un groupuscule terroriste. Mais plus que l’enquête elle-même – tragique, sanglante et parfois un peu absconse – l’intérêt du film se trouve ailleurs. Dans ses personnages qui sortent un peu de l’ordinaire et des archétypes de ce genre de films. A l’image de ce commissaire franc-tireur et un peu anar sur les bords, qui lit « Moby Dick » (un héros qui comme lui mène une quête sans fin) et qui refuse de se plier aux injonctions d’une hiérarchie corrompue. Car c’est bien la corruption qui est au cœur du récit, avec l’impression que les hautes sphères administratives et politiques sont toutes aussi machiavéliques que les terroristes qu’elles combattent (ou qu’elles manipulent ?), participant à enferrer la population italienne dans un climat d’oppression pour mieux servir ses intérêts propres. Les amateurs d’action seront pour leur part sans doute un peu déçu, car en dehors d’une fusillade finale dans le métro, ils auront finalement peu de choses à se mettre sous la dent (la scène de l’attentat étant même un peu cheap). « La police a les mains liées » est ainsi un poliziottesco pas tout à fait comme les autres, privilégiant le fonds à la surenchère de violences visuelles. Mais il parvient à nous tenir en haleine tout autant.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale italienne (2.0) ainsi qu’en versions française (2.0) et anglaise (2.0). Des sous-titres français et anglais sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele (2023, 21 min.), d’un entretien avec Valeria D’Obici (14 min.) ainsi que d’une bande-annonce.
Édité par Éléphant Films, « La police a les mains liées » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 12 décembre 2023. Il est également disponible en édition blu-ray depuis le 19 mars 2024.
Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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