Astérix aux Jeux Olympiques
« César ne vieillit pas, il mûrit. César est immortel pour longtemps. Dailleurs, le César du meilleur empereur a été décerné à César ! »
Grèce. Brutus, le fils de César, vient pour épouser la belle princesse Irina, fille du roi de Grèce, réputée pour être lune des plus belle femme de lEmpire. Malheureusement pour lui, cette dernière est déjà éprise dun gaulois, Alafolix, qui lui écrit des lettres damour passionnées. Cherchant, à défaut de ne pouvoir lannuler, un moyen de repousser léchéance du mariage avec Brutus, la jeune princesse propose à ses deux prétendants de participer aux Jeux Olympiques, afin de déterminer lequel des deux serait le plus brave et mériterait sa main. De retour dans son village dirréductibles gaulois que nous connaissons bien, Alafolix, accompagné dAstérix, dObélix, de Panoramix et dAssurancetourix, part donc relever le défi des Jeux Olympiques. Un défi dautant plus grand quil devra faire face aux tricheries et autres coups bas de Brutus, le tout sous les yeux dIrina et de César lui-même
« LEgypte a ses sept plaies. César a son fils. »
Et de trois ! Après « Astérix et Obélix contre César » (Zidi 1999) et « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » (Chabat 2002), « Astérix aux Jeux Olympiques » est la troisième adaptation cinématographique des aventures de notre petit gaulois. Réalisé et scénarisé par le tandem Thomas Langmann (également producteur) et Frédéric Forestier (réalisateur du « Boulet » dont Langmann était scénariste et producteur), le film est la libre adaptation de lalbum « Astérix aux Jeux Olympiques » publié en 1968. Fort du succès des deux premiers opus, qui avaient respectivement réuni 9 et 14 millions de spectateurs, cette nouvelle aventure dAstérix bénéficie du budget colossal de 78 millions deuros (soit près de deux fois plus que chacun des épisodes précédent), soit le deuxième plus gros budget de lhistoire du cinéma français derrière « Le cinquième élément » de Luc Besson (90 millions en 1997). Une folie des grandeurs voulu par Langmann, qui avoue ouvertement avoir fait un film moins drôle que le précédent mais qui se veut en contrepartie dun humour plus consensuel, lui permettant de plaire et de marcher dans un maximum de pays européens. Fort dun budget de 20 millions deuros pour la campagne marketing, le film sort donc simultanément dans toute lEurope (exception faite des pays anglophones) sur 5000 copies dont 1000 pour la seule France et autant pour la Russie. Restait à savoir si Langmann réussirait une bonne comédie populaire ou si son « Astérix » ne serait quune fumisterie de plus, sorte de grosse machine de guerre sans autre intérêt que damasser du pognon.
« Désolé, Papa, je suis en retard. Il y avait des embouteillages. Toi qui dit toujours que tous les chemins mènent à Rome, le plus dur cest den sortir ! »
Autant le dire tout de suite, je navais pas adhérer aux deux premiers opus (même si le deuxième était quand même largement plus regardable que le premier) : fan depuis tout petit de la série de BD de Goscinny et dUderzo, les adaptations cinématographiques qui nous ont été proposées ont toujours, selon moi, manquées cruellement de cet esprit intelligent et malicieux qui faisait le sel de la série. Aussi, cest avec pas mal da priori que jallais voir ce nouvel opus. Et finalement, ce quon pouvait craindre de pire a bel et bien lieu sur lécran. Certes, il y a des moyens considérables, les décors, costumes et autres effets spéciaux sont plutôt réussis. Certes, il y a de la référence (la course de chars tout droit inspirée de « Ben Hur »). Mais tous ces éléments senchaînent sans jamais réellement trouver aucun liant. Le scénario est réduit au maximum (deux camps saffrontent aux JO pour obtenir la main de la princesse) et tient sur un timbre poste, nétant prétexte quà une succession de gags, souvent feignants et pas drôles. Lensemble est dailleurs très mal écrit, manquant de percussion, de phrases faisant mouche, et de reparties bien senties. Dune manière assez générale, cest là que pêche le film : un manque cruel de talent, de travail, doriginalité et dinventivité, au profit dune certaine facilité, une satisfaction constante dans la médiocrité devant tout juste satisfaire le plus grand nombre.
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« Alafolix ! Soit sans craintes, je tinviterais à mon mariage avec la princesse ! Jespère que tu auras la délicatesse de minviter à ton enterrement ! »
Les défauts du scénario se retrouvent globalement dans la forme du film. La mise en scène est assez médiocre, sans aucune notion de rythme. La direction dacteur est, elle aussi, assez mauvaise. A quoi sert davoir des talents comiques comme Poelvoorde ou Dubosc si cest pour leur faire faire exactement ce quils font dhabitude ? Pour autant, Poelvoorde, le vrai héros du film, même sil peut paraître agaçant par moment, est lun des rares acteurs à tenter de tirer le film vers le haut. Delon surprend aussi à jouer dautodérision dans un rôle pour le coup taillé sur mesure pour lui. Cornillac na aucun mal à surpasser un Clavier qui ne correspondait par au personnage dAstérix, pour autant, les scénaristes narrivent toujours pas à donner au petit gaulois la personnalité et limportance qui est la sienne dans la BD. Derrière, Depardieu cabotine toujours autant jusquà lécurement, Stéphane Rousseau se montre particulièrement lisse et sans saveur, et trop de personnages au potentiel comique important ont été sacrifiés. Que retenir ainsi des apparitions quasi inutiles de Elie Seimoun ou José Garcia ? Et ce ne sont pas les clins dil indigestes et souvent inutiles de people qui vont changer les choses : de Zidane à Mauresmo, en passant par Schumacher, Todt, Parker, ou dans un autre registre Lalanne et Dany Brillant, ne manquerait presque que quelques marques pour faire un peu de pub à lécran. Consternant. Reste les gros effets visuels, éclairages particulièrement flashy, décors en carton pâte façon Parc Astérix, et course de char dont la subtilité et la qualité na dégale que les scènes bien bourrines de la saga « Taxi ». Avis aux amateurs
« Que le sable du stade rougisse du sang des perdants ! Avé ! »
Mal écrit, mal réalisé, humour mou du genou, ce troisième épisode cinématographique dAstérix réalise le sans faute en accumulant tous les ratages possibles. Bien que doté du second plus gros budget pour un film français, la paire Langmann- Forestier ne parvient jamais à insuffler assez dhumour, dintelligence, ou de souffle à cette aventure, privilégiant trop son aspect commercial et marketing. Dommage, car il y avait sur le papier les moyens financiers et techniques, ainsi que de bons comédiens, pour faire un vrai grand film daventures et dhumour populaire. Mais de laveu même du réalisateur producteur, le film a été construit de manière à optimiser son exportation et devra tabler sur plus de 12 millions dentrées France pour être rentable
On est décidément bien loin de lesprit si léger et subtil de Goscinny et de son petit guerrier gaulois. Avis donc aux amateurs. Pour les autres, cette grande foire à la connerie, ou lart de prendre les gens pour des cons, est hautement dispensable.
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