Les aventures du Capitaine Wyatt
« Détruisez ce fort et nous vivrons en paix sur tout ce territoire »
1840. A l'apogée de la guerre, l'armée des États-Unis tente de réduire les derniers groupes d'Indiens Séminoles vivant en Floride. Pour l'aider, elle fait appel au taciturne capitaine Wyatt. Ce dernier a pour mission de détruire un fort dans lequel les contrebandiers entreposent les armes qu'ils livrent aux Indiens.
Leur mission accomplie, les Américains rebroussent chemin après avoir libéré quelques prisonniers, dont une jeune femme, Judy Beckett, dont Wyatt tombe amoureux. Mais faute de pouvoir suivre leur plan à la lettre, ils devront pour regagner leur camp traverser les marais sauvages des Everglades avec les Séminoles à leurs trousses
« Je tiens à tous les hommes qui sont ici. Autant que vous tenez à retourner à Savannah ! »
Grande figure du cinéma de lâge dor hollywoodien, Raoul Walsh aura mené une prolifique carrière de réalisateur sétendant de lépoque du muet (dès les années 10) jusquau milieu des années 60. Période durant laquelle il réalisera plus dune centaine de films. Touchant un peu à tous les genres, du film daventures (« Gentleman Jim », « Barbe Noire le pirate ») au film de gangsters (« Les fantastiques années 20 », « Victime du destin », « La grande évasion ») en passant par les films historiques (« Capitaine sans peur », « Lesclave libre ») ou encore les films de guerre (« Aventures en Birmanie », « Convoi vers la Russie »), cest surtout dans le genre du western que le réalisateur borgne sillustrera, avec des films tels que « Les implacables », « Une corde pour te pendre », « Bataille sans merci », « La charge de la huitième brigade » ou encore « La rivière dargent ».
« Est-ce quon peut vivre en ne songeant quà se venger ? »
Réalisé en 1951, « Les aventures du Capitaine Wyatt » se distingue avant tout des autres westerns par son décor inhabituel. Délaissant en effet louest sauvage, théâtre traditionnel du western classique, le film de Walsh sintéresse aux guerres indiennes de Floride où larmée mena de rudes combats contre le peuple Séminole dans les marais tropicaux des Everglades. Un sujet intéressant en soi, puisque peu de films évoquent ce passage méconnu de lHistoire américaine. Peut-être parce que les Séminoles demeurent lun des rares peuples amérindiens invaincu, puisque ne sétant jamais soumis daucune façon à larmée fédérale américaine. Cependant loriginalité du film sarrête ici puisque le scénario des « Aventures du Capitaine Wyatt » est un copié/collé de celui d « Aventures en Birmanie », film de guerre réalisé six ans plus tôt par le même Walsh et porté à lécran par Errol Flynn. Transposant laction de la jungle birmane aux marais tropicaux et remplaçant larmée impériale nipponne par les guerriers Séminoles, le scénario sappuie sur les mêmes éléments, de la prise dune position fortifiée à la course poursuite avec lennemi aux trousses à travers un territoire luxuriant et hostile. A mi-chemin entre le film daventures et le western, « Les aventures du Capitaine Wyatt », en dépit de quelques clichés inhérents au genre (la part dombre du valeureux héros, son amour naissant pour la belle ingénue quil délivre), réserve quelques bonnes séquences daction, à limage de la prise du fort des contrebandiers. Toutefois, lintérêt du film est gâché par les relents racistes et anti-indiens quil dégage constamment. A limage de Gary Cooper (par ailleurs pourtant très bon dans ce rôle), tout en habits de trappeur, qui les traite notamment de « macaques ». Ou encore de la représentation qui en est faite, les Séminoles apparaissant alors à la fois comme des êtres fourbes (les guerriers qui viennent poignarder les soldats dans la nuit) et cruels (les soldats quils ont donné à dévorer aux alligators(!)). Sil présente sans nul doute une réelle curiosité dans lunivers du western, « Les aventures du Capitaines Wyatt » nen demeure pas moins un film anachronique, symbole de lAmérique raciste des années 50, et est à ce titre, assez dispensable.
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