Bilan Mensuel de Septembre 2006
Après les grosses productions de lété, et autres réjouissances enfantines ou cannoises, le mois de septembre fait toujours office de mois de transition dans la programmation, en attendant la vague suivante des poids lourds cannois et des grosses sorties de la rentrée doctobre et de la Toussaint.
Et ce cru de 2006 ne change rien à la règle !!!
Dans cette vague de sorties de petits films dauteurs et de succès presse cannois, lattraction principale de ce mois est de partir à la pêche à la bonne surprise. Et si cette attraction savère assez enthousiasmante, elle nen demeure pas moins assez incertaine et aléatoire !
Car les bons films et les révélations ne sont pas toujours là où on les attend !!!
Aussi, rendons à César ce qui lui appartient (comme à mon habitude sur ce blog !), et parlons dentrée de ce qui est LE film du mois, à savoir lexcellent « Little miss sunshine ».
Sorti tout droit dun peu nul part, ce premier long de Faris et Dayton, qui se sont déjà fait une réputation dans la pub, a été plébiscité dentrée par la critique presse, et à lheure où je rédige ces quelques lignes, le moins que lon puisse dire, cest que les spectateurs ont répondu présent, car sur une distribution finalement assez limitée, le film, après 7 semaines à laffiche, approche doucement de la barre des 700 000 visiteurs !!!
Et sil savère que ce film est un succès, il faut savoir lui reconnaître ses qualités. La première étant sa liberté de ton, légère et humoristique, traitant dune famille en crise, où chacun ayant ses propres névroses difficiles à surmonter, va participer au périple à travers les routes américaines pour faire participer la cadette de la famille à un concours de beauté pour petites filles. Les tribulations tendres et hilarantes de cette famille apporte donc une grosse bouffée doxygène et souffle un véritable vent de fraîcheur dans les salles. Outre sa qualité décriture (le film sort des sentiers battus du cinéma US et regarde avec un il un brin critique et caustique les valeurs de lAmerican way of life) et sa réalisation efficace, le film jouit aussi dun casting à la fois hétéroclite et impeccable, avec en tête le phénoménal Steve Carell, échappé tout droit de « 40 ans toujours puceau » et parfait en homosexuel suicidaire spécialiste de Proust, et Toni Collette, impeccable en solide mère de famille faisant le lien entre les divers membres de son clan à la ramasse
Un film véritablement hilarant, qui nous réconcilie avec le cinéma « Indépendant » américain, qui ne nous avait pas donné de telles joies depuis les fantastiques « Garden State » et « Sideways ». Une véritable réjouissance donc, qui mérite amplement sa première place du top mensuel, et qui devrait figurer très largement dans les meilleurs films de lannée !!!
Toujours dans un ton corrosif vis-à-vis de la société américaine, lautre bonne surprise du mois sappelle « Thank you for smoking ». Et là aussi, il sagit dun premier film, en loccurrence signé par Reitmann fils. Sur un ton cynique et acide, le film sattaque au lobby de la cigarette US, mais en attaquant frontalement dans sa démonstration les mondes du journalisme, de la politique, et des valeurs générales qui régissent la société américaine. Et là encore, même sil y a parfois quelques longueurs et quelques temps morts (il faut dire que le film démarre tambour battant), il est porté par dexcellents comédiens, avec en tête le trop rare Aaron Eckhart, remarqué dernièrement dans lexcellent « Conversation(s) avec une femme ».
Pour le reste, et en dehors de ces deux films, avouons-le avec une pointe damertume, les réjouissances ont manqué cruellement durant ce mois de septembre. Trois films se dégageant néanmoins du lot : tout dabord, cocorico, un film français, « Je vais bien ne ten fais pas ». Sil paraît quelque fois un peu gnangnan, et même si les ficelles qui maintiennent le mystère ressemblent parfois à de gros cordages archi-prévisibles, le film reste émouvant, bien porté par une Mélanie Laurent définitivement révélation de lannée chez les comédiennes françaises, et par un Kad Mérad qui simpose de plus en plus comme un acteur de référence, loin (hélas ?) de son registre humoristique qui nous avait fait laimer
Autre film ayant tiré son épingle du jeu, « Des serpents dans lavion ». Annoncé par un fort bavardage internet, une première depuis Star Wars, le film, un peu ovni, a en effet réussi son pari. Partant dun postulat complètement débile et archi conventionnel pour un film de genre, il sen sort en assumant parfaitement son second degré et son côté un peu cheap (on sent en effet souvent le manque de moyen), faisant du film au final un honnête film catastrophe avec son lot de frissons et une bonne dose dautodérision et dhumour.
« Nausicaa », lun des premiers Miyazaki, fable écologiste (encore !) clôt ce groupe. Cest déjà pas si mal !!!
Avant den venir aux grosses déceptions de ce mois (et elles sont nombreuses !!!), il faut parler dun film qui se situe franchement entre les deux camps. Car avec son « Quand jétais chanteur », Xavier Gianolli avait semble-t-il hypnotisé la Croisette et les journalistes qui nous avait survendu cette histoire damour impossible entre un chanteur de bal ringard de Province et une jeune et dynamique jeune femme. Et on pourrait dire que le film commençait bien. Mais très vite, le film se perd dans le pathétique, et malgré les interprétations magistrales de Cécile de France et de Gérard Depardieu (quon avait pas vu aussi génial depuis des années), la longueur du film pour aboutir à ce résultat grotesque finit par jouer en sa défaveur.
Dans le même registre des films moyens, nous citerons également le prometteur « Fair Play », qui malgré une belle distribution et une histoire originale, est toujours un peu trop « court » pour arriver à nous convaincre totalement. Enfin, « Ma super ex », qui partait pourtant dune bonne idée de comédie, se rate quelque peu par un manque de rythme récurant et par une mise en scène planplan.
Maintenant, passons à la catégories des gadins du mois, et ils sont nombreux !!!
Commençons méchamment par les trois plus mauvais films du mois, ceux dont on ne retiendra vraiment rien. Le plus mauvais sera sans conteste litalien « Melissa P. », sorte de « Hell » adapté lui aussi dun roman à scandales, mais qui est surtout le prétexte à filmer une ado se livrer à une sexualité assez malsaine et vengeresse cest malsain, voyeur, mal filmé et pas excitant du tout bref, le sommet de la perte de temps et de la connerie. Dans la famille perte de temps, laméricain « A scanner darkly » peut concourir haut la main. Tourné avec des comédiens réels avant de retravailler limage, ce film, proche du dessin animé dont lesthétisme est à gerber est dun ennui profond et à moins davoir du sommeil en retard, rien ne justifie le fait de voir cette énorme daube ! Sans intérêt donc. Enfin, je me vois obligé de parler également de « The sentinel », qui mérite aussi sa place parmi les nullités du mois. Michael Douglas nest vraiment plus ce quil était et sa présence en tête daffiche de ce film le prouve bien. Là encore, ce thriller-polar archi convenu et prévisible na absolument pas la moindre qualité et pire encore, pas une once dintérêt. Un scandale !
Viennent ensuite quelques films, qui sans être nuls, sont du moins ratés et/où pas suffisamment aboutis pour mériter dêtre retenus. En vrac, « Quelques jours en septembre », « Les anges exterminateurs » et « Jugez-moi coupable », qui semble annoncer le déclin officiel du pourtant estimé Sydney Lumet. Dans le genre grand cinéaste sur le déclin, je finirais par le film dOliver Stone, « World Trade Center ». Car celui qui était (re)connu comme étant un des plus brillants cinéastes de sa génération, et un des plus provocateurs, nous sort un film exécrable de bons sentiments, de moralisme, et patriotisme va-ten-guerre, allant jusquà justifié par les attentats du 11 septembre la guerre faite par les USA à lIrak. Exactement le film quon ne voulait pas voir sur un événement où la dignité était de
mise.
Le Podium du mois :
1- Little miss Sunshine.
2 - Thank you for smokink.
3 Des serpents dans lavions.
ROCKNROLL
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