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19 Jun

Le bonheur d’Emma

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies romantiques

« Tu vois ça ne fait pas mal, je te l’avais promis »

 

Les bonnes surprises viennent souvent de là où on ne les attend pas. Et qui aurait pu s’attendre à ce qu’elle vienne d’un petit film allemand, dont la distribution en France ne dépasse pas la petite trentaine de copies ?

Sans réelle promotion, mais bien relayé par une critique plutôt unanimement enthousiaste, le « Bonheur d’Emma » avait tout de la curiosité à voir. D’autant, que pour l’essentiel, c’était un film des premières fois ou presque. En effet, le réalisateur Sven Taddicken n’avait auparavant signé qu’un long (« mon frère ce vampire » en 2001, passé inaperçu chez nous), et son interprète principale, Jördis Triebel, issue du théatre, faisait pour sa part ses premiers pas devant la caméra. Impressions.

 

L’histoire :

 

Emma est une fermière solitaire, endettée jusqu’au coup, menacée d’expulsion et d’expropriation, qui n’a pour seule compagnie que ses cochons, qu’elle couve affectueusement même lorsqu’elle les égorge. Max, morne employé dans une concession automobile, traverse la vie anonymement, jusqu’au jour où on lui apprend que ses douleurs au ventre sont en fait dues à un cancer incurable, ne lui laissant que quelques semaines à vivre. Dans un sursaut de folie, Max vole l’argent de son patron pour aller finir ses jours sous le soleil mexicain. Après une course poursuite automobile qui se finit accidentellement, Max se réveille dans le lit de Emma, qui l’a sorti de la voiture venue s’accidenter devant sa ferme, et qui a pris soin de le soigner et de le cacher. Commence alors une timide relation entre ces deux êtres perdus qui vivent en marge de la société.

 

« - Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu étais malade ?

   - Je le ferais la prochaine fois ! »

 

Adapté du roman de Claudia Shreiber, best-seller outre-Rhin, le risque d’un tel synopsis aurait été de sombrer dans une certaine forme de dramaturgie pénible et pleurnicharde, qui aurait été des plus mal venues. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire, ainsi résumée, n’est pas forcément des plus gaies. Mais la force du film de Taddicken, c’est de proposer une autre vision des choses. Par un scénario intelligent et brillant, totalement décalé, il sait distiller un peu d’humour à chaque situation dramatique, histoire de la désamorcer. Et le résultat est plutôt probant, puisqu’il donne lieu à un film très original, et très décalé, rappelant un peu les univers de films germaniques et nordiques assez récents comme « Les bouchers verts » ou « Schultze gets the blues ».

Jour2fête

 

« Tu peux dégueuler sans t’excusez ? »

 

Par une mise en scène assez fluide à défaut d’être originale, et un choix assumé pour une certaine authenticité visuelle sans artifices, Taddicken arrive finalement à nos transporter dans sa petite bulle lumineuse et tendre. Pari relativement difficile compte tenu de l’aspect franchement triste de l’histoire et des décors à sa disposition (une vieille ferme délabrée et isolée dans une campagne paumée et pas très jolie). Car Taddicken cherche avant tout à rendre son film vivant, comme un pied de nez à la mort qui guète. Ainsi, il nous propose en permanence des scènes touchantes et émouvantes, dans le chemin que ces deux personnages devront faire pour s’apprivoiser. Encré dans une réalité sociale forte, ce film prend le parti pris de rejeter toute forme de misérabilisme et de sensiblerie facile : l’amour, la mort, les difficultés du quotidien, tout ici est traité et surmonté avec une certaine forme de légèreté,  de recul, et d’humour décalé. Ce qui confère finalement à l’ensemble un côté follement attachant, humain, et presque joyeux.

 

« J’ai fait un marché avec la mort : si elle me laisse faire l’amour encore une fois avec toi, alors elle pourra venir me prendre un peu plus tôt »

 

Si le niveau de l’interprétation est très bon, il est indispensable de souligner la performance parfaite de Jördis Triebel. Pour son premier grand rôle, cette actrice de théâtre crève parfaitement l’écran, en arrivant à trouver le ton parfaitement juste pour ce personnage si particulier, si rustique et terrien, et si fort en la fois. Ce rôle de femme tantôt terriblement rude et seule, et tantôt si sensuelle et charnelle, n’était pas si facile à appréhender. Et lui conférer une telle humanité, une telle luminosité et un côté si attachant tient donc de la partition parfaite. Son partenaire, Jurgen Vogel réalise également une jolie performance, qui reste malgré tout un peu en dessous de celle de Triebel. En tous cas, ils sont pour beaucoup dans la réussite de ce petit film.

 

Au final, cette adaptation d’un best-seller par Sven Taddicken figure comme une des bonnes surprises de cette année cinématographique 2007. Malgré un synopsis très lourd, il s’appuie sur un scénario bien écrit, où l’humour et le côté décalé des personnages prend toujours le dessus sur les situations les plus dramatiques, rejetant systématiquement le misérabilisme et le sentimentalisme guimauve et trop facile. Avec un ton particulier donc, il signe un film poétique et assez léger finalement, sorte d’ode à la vie et au petits bonheurs qui prennent le dessus sur tous les soucis de la vie quotidienne. On reprochera juste au film sa mise en scène un peu trop académique et quelques petites fautes de rythme. Mais on ne boude pas notre plaisir pour autant. Un conseil, allez le voir !!!



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B
Si la teneur ne semble pas, à priori, des plus joyeuse, la force passionnée de ta critique me donne l'envie d'aller au plus vite voir ce film. Je suis sûr que je ne serais pas déçu.
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!