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17 Jun

Boulevard de la mort

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

« -     C’est quoi trois fois rien ?

-         C’est mieux que rien du tout »

 

Il s’était fait quelque peu attendre le nouveau Tarantino. Il faut dire que depuis son diptyque « Kill Bill », dont les deux parties datent de 2003 et 2004, le petit génie du cinéma US avait quelque peu disparu de la circulation. Hormis une participation limitée à la réalisation du « Sin city » de Robert Rodriguez en 2005, l’homme avait semble-t-il disparu. Aussi, la sortie de ce « Boulevard de la mort » était-elle particulièrement attendue. Et pourtant, lancé par une critique mitigée, le film est sorti finalement presque dans l’indifférence générale. La faute peut-être à une période saturée en sorties de grosses machines hollywoodiennes, telles que « Shrek 3 », « Pirates des Caraïbes 3 », ou encore « Spider man 3 ». Quoi qu’il en soit, le film était forcément à voir impérativement. Bilan des courses.

« A Hollywood, si t’es assez fou pour te jeter du haut d’un escalier, il y a toujours un mec prêt à payer pour ça »

 

L’histoire :

 

Austin, Texas. Dans une ambiance vintage, on suit un groupe de filles. Plutôt mignonnes, délurées et sexy, elles traînent dans les bars, et allument un peu tout ce qui bouge. Un inconnu pour le moins énigmatique, Mike le cascadeur, figure également dans le bar et s’immisce au fur et à mesure dans ce groupe féminin. Les mettant en confiance et jouant leur jeu de provocation et de séduction, il passe une partie de la soirée en avec elles. On finit par découvrir qu’il s’agit en fait d’un assassin sadique qui finit par tuer tout ce petit groupe de filles au moyen d’un collision frontale automobile ultra-violente qu’il provoque volontairement. Seul rescapé et innocenté, on le redécouvre quelques mois plus tard dans le Tennessee prêt à recommencer son jeu sadique avec un autre groupe de jeunes, jolies et tout aussi délurées jeunes automobilistes…

Rosario Dawson, Tracie Thoms, Zoe Bell et Mary Elizabeth Winstead. TFM Distribution

 

« J’ai des promesses à tenir et des miles à parcourir avant de te laisser dormir, Butterfly »

 

La première chose à savoir sur ce film, c’est qu’il s’agit d’un hommage au « cinéma bis », celui projeté dans les « Grindhouse », où se suivaient deux films de catégories B, mêlant souvent horreur, épouvante et érotisme, les deux films étant séparés des bandes-annonces. Ce projet est donc découpé en deux parties, le premier film « Boulevard de la mort » (l’histoire d’un tueur en série qui opère en voiture) étant réalisé par Tarantino et le second « Planète terreur » (film de zombies) par son acolyte, Robert Rodriguez. A l’origine et en hommage à ce genre, le deux films devaient n’en former qu’un seul, puisqu’ils devaient s’enchaîner l’un après l’autre, tout juste séparés par des fausses bandes-annonces de genre. C’est d’ailleurs comme cela qu’il est sorti en Amérique du nord. En revanche, les producteurs et les distributeurs européens, jugeant le projet « inhabituel » pour le public local qui ne connaît pas ces « Grindhouse », ont décidé de couper l’ensemble en deux segments bien distincts, « Boulevard de la mort » précédant de deux mois la sortie de « Planète terreur ». Dans ces circonstances, la partie des fausses bandes-annonces, réalisés par des amis du tandem à l’origine du projet, comme Edgar Wright (« Shaun of the dead »), ou Eli Roth (« Hostel » ou « Cabin fever »), a donc été purement et simplement sacrifiée pour la sortie européenne.

Rose McGowan et Kurt Russell. TFM Distribution

 

« Il n’y a rien de plus attrayant que le côté meurtri d’un bel ange »

 

Du visionnage de ce film ressort plusieurs constatations. La première étant que Tarantino reste fidèle à ses principes cinématographiques. En rendant hommage au cinéma projeté dans les « Grindhouse », il nous montre une nouvelle facette de sa culture cinématographique, s’invitant dans un genre encore différent de ceux qu’il nous avait fait revisiter précédemment (comme le western spaghetti et le film de kung-fu dans le diptyque « Kill Bill »). Bien évidemment, ce genre a des liens évidents avec ce que nous avons pu voir par le passé dans les films de Tarantino : univers bien rétro et stylisé, violence volontairement excessive et caricaturale, personnages aux travers et aux fantasmes franchement sado-maso, filles ultra-sexy et provocantes…

Là encore, les dialogues ont une part essentielles, les banalités fusant à gros débits, jusqu’à noyer les spectateurs, et dont ressortent quelques phrases franchement décalées et dans l’esprit rock’n’roll.

Kurt Russell. TFM Distribution

 

Tarantino nous ressort également sa recette habituelle, en confiant le rôle masculin principal à une ancienne gloire déchue. Cette fois c’est le vieux briscard Kurt Russell qui s’y colle, visiblement avec un plaisir non dissimulé. Au volant d’un bolide des années 70, dont l’intérieur est transformé en une réelle voiture de cascadeur, le visage balafré, il paraît parfaitement à son aise dans la peau de ce tueur psychopathe. De même, Tarantino porte ici encore un soin particulier à l’esthétique de l’image, forçant le trait pour que celle-ci ressemble pleinement à celle des films de genre des années 70. L’image apparaît tantôt jaunie, tantôt noire et blanc, avec les impuretés sur l’image et les sauts de bobines qui permettent quelques jeux d’ellipses intéressants.

 

« Elle est à l’épreuve de la mort »

 

Comme dans la plupart de ses films précédents, ce « Boulevard de la mort » s’articule en deux parties bien distinctes, la première étant l’ascension du tueur qui réussit son coup, et la seconde étant sa chute, figurée par une course poursuite qu’il lance lui-même pour son plaisir sadique et qui va finalement se retourner contre lui. De ce film qui s’apparente des fois plus à un ovni qu’à un film de genre, ressort quand même quelques morceaux de bravoure, notamment la deuxième course poursuite, super impressionnante, du fait principalement de sa longueur et surtout de la présence de la cascadeuse Zoe Bell (doubleuse de Uma Thurman sur « Kill Bill ») qui se maintient comme elle peut sur le capot d’un bolide lancé à fond les manettes et percuté toutes les trois secondes par le bolide de Mike le cascadeur.

Kurt Russell. TFM Distribution

 

L’interprétation est aussi à la hauteur, que ce soit le revenant Kurt Russell, les jeunes et souvent inconnues actrices-bimbos de service (sortent particulièrement du lot Zoe Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, et Sydney Tamiia Poitier), ou les guests tels que Tarantino himself, ou encore son pote réalisateur Eli Roth, tous sont au diapason, prenant visiblement beaucoup de plaisir à jouer dans ce film.

C’est d’ailleurs paradoxalement l’impression qui ressort de l’ensemble. Certes, il y a des scènes ultra-violentes et cruelles, mais le tout est fait avec suffisement de recul et de second degré, de volonté caricaturale, que le film prend au final un vrai parfum de comédie.

Mary Elizabeth Winstead. TFM Distribution

 

Au final, le nouvel ovni de Tarantino, « Boulevard de la mort », comporte tous les éléments qui ont fait le succès de ses films précédents : ambiance rétro, hommage à genre (en l’occurrence les films de série B), scénario grotesquement violent et ambiance funky, acteur principal gentiment has-been, et filles ultra provocantes. Le tout pour obtenir un résultat comme à l’accoutumée, c’est-à-dire un film hommage entre opéra gore et comédie culte. Reste qu’il n’apparaît pas comme le meilleur film du maître. Mais étant donné que le projet a du changer de forme pour sa sortie en Europe, on ne pourra pas juger de manière objective de la vraie valeur de ce projet. Ce qui ne retire en rien la qualité de celui-là, qui demeure un bon divertissement de cinéma pop corn.



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B
Difficilement défendable, ce film apparait comme une véritable caricature du Tarantino dont ont a eu l'occasion jusqu'à présent de voir. l'"humour" dont il veut nous servir, ne serait-il pas plutot celui d'un malade qui se révéle ? En effet, les films du genre "massacre à la tronçoneuse" ou "vendredi 13" n'ont jamais essayé de faire rire aux travers de l'horreur. Là, il s'agit d'un film sadique plus que sur un sadique. Cet humour est à gerber tant il franchit dans l'esprit et l'essence même, les limites du genre. Tarantino passe du côté obscur, nous donnant un malaise non sur les images mais sur sa philosophie malsaine. L'échec commercial venant plus de là que de détails techniques.
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