Broken english
« On a pas tous les jours la chance de rencontrer la femme idéale et encore moins de lépouser »
En parfaite new-yorkaise, Nora, la trentaine bien sonnée, s'est développée une carapace à l'épreuve de l'amour. Cynique et désenchantée, elle se demande ce qu'elle pourrait bien faire pour trouver l'homme idéal. Elle n'est pas vraiment aidée par sa mère qui ne perd jamais une occasion de lui rappeler qu'elle est toujours célibataire. Après une série de rendez-vous désastreux, elle rencontre Julien, un français insouciant et joyeux, venu à New York pour travailler sur un film qui finalement ne se fera pas. Nora se laisse un moment convaincre par l'insouciance de Julien, mais redoutant un nouvel échec amoureux, elle se refuse d'y croire et le laisse repartir en France. Prise de remords, elle décide finalement d'aller à Paris, espérant enfin conjurer le sort de son train-train quotidien. Ce voyage sera l'occasion de reprendre en main sa destinée...
« Je pensais être mariée et avoir des enfants avant trente ans, et finalement, je ne sais toujours pas où je vais »
Dans la famille Cassavets, je demande la sur ! Il est rare de voir des familles entières se consacrer pleinement au cinéma. Pourtant, force est de constater que Zoe Cassavets a de qui tenir ! Et pour cause, son père nest autre que le légendaire John, cinéaste et acteur majeur du cinéma américain des années 60 à 80, et sa mère est Gena Rowlands, égérie du cinéma indépendant de ces mêmes années. Pour couronner le tout, on peut également rappeler que son frère Nick est lui aussi réalisateur, on lui doit notamment « Noublie jamais » (2004) ou « Alpha dog » (2007). Pas étonnant dès lors de voir la petite dernière du clan passer à son tour derrière la caméra, de surcroit pour un cinéma qui se veut résolument ancré dans son époque. En tout cas, en dépit dun sujet quelque peu usé (le mal être des trentenaires qui peinent à trouver lamour), le premier long métrage de Zoe Cassavets aura pas mal fait parler de lui ces derniers mois, notamment en raison de sa présence lors de nombreux festivals, comme Philadelphie, Moscou, Deauville, et surtout le prestigieux Sundance.
« Je cherche juste quelquun a aimer. Je ne supporte plus cette quête désespérée ! »
Et il est vrai que sur le papier, cette petite comédie new-yorkaise réunissait tous les éléments pour attirer la curiosité : et dune cocorico ! le boyfriend était français, de quoi changer des rôles de crétins et de salauds auxquels nos compatriotes sont abonnés depuis quelques temps à Hollywood, et de deux, le film nous était vendu comme étant pleinement labellisé « Cinéma indépendant et ambiance pop ». Bref, il était légitime de placer quelques espoirs dans ce film et de sattendre à voir un film dans la lignée de petits chefs duvre du genre tels que « Before Sunrise » ou « Conversation(s) avec une femme ». Et ce dautant plus que le film fait illusion assez longtemps. La moitié du film pour être exact, le temps dune première partie introductrice douce-amère assez amusante (la relation pathétique de Nora avec un comédien raté, son rencart arrangé par sa mère), et dune deuxième partie vouée à la rencontre avec un frenchy de passage, de loin la plus réussie, durant laquelle la réalisatrice cherche constamment une certaine forme dauthenticité dans les jeux de regards et de séduction. Mais très vite les choses se gâtent. Si le retour de Julien vers Paris oblige finalement la réalisatrice à se résoudre à adopter un scénario des plus convenus, elle nétait pas tant obligée de se vautrer dans la caricature et limprobabilité ridicule. Que dire dès lors de son New York et de son Paris de carte postale, qui se limitent à la Statue de la Liberté et à lEmpire State Building pour lune, et à lArc de Triomphe et à la Tour Eiffel pour lautre ? De même, que penser de sa vision des français, forcément dragueurs un peu trop sûr deux, à laccent anglais à couper au couteau et au mode de vie oisif et fêtard ? Certes, on évite la caricature de la baguette et du béret, cest toujours ça ! Mais ça reste quand même une vision bien caricatural et limité
Pire encore, la réalisatrice, paniquée semble-t-il à lidée de savoir comment finir son film, se perd dans dinterminables pérégrinations, aussi ridicules quimprobables, comme cette rencontre avec un vieux beau au bar dun palace, ou les retrouvailles fortuites de son amant dans le métro. Avec un manque de subtilité affligent sur la fin, et son scénario banal et mal dégrossit, ce « Broken englsih » quitte très vite les hautes sphères dun cinéma indépendant subtil pour se perdre dans une bluette mièvre pour nana frustrée, qui lorgne davantage sur « Sex in the city » que sur les « Garden state », « Sideways », « Conversation(s) avec une femme » et autre « Before sunrise ».
« - Pourquoi tu tiens tant à être mariée ? Le mariage nest pas une panacée ! Cest un contrat. Lamour nest pas un contrat et nen a pas besoin.
- Je veux être mariée pour savoir que quelquun ma aimée »
La mise en scène peu inspirée de Zoe Cassavets ne vient pas arranger les choses. Et pour cause, sur un tel sujet, on sattendait à voir un film dynamique et emprunt dune belle énergie. En tout cas, à tout sauf à cette triste mise en scène plate, manquant cruellement de cur et de puissance, ne donnant aucun relief aux sentiments éprouvés par son héroïne. A croire que la réalisatrice espérant que lemballage « musique électro-pop » un peu branchouille suffirait à créer une ambiance. Reste finalement la performance de la trop rare Parker Posey, qui de part sa justesse et son émotion sincère illumine le film. Sans mal du reste, tant ses partenaires Drea de Matteo, et plus encore Melville Poupaud sont ternes et cabots. Grosse déception au final que cette petite comédie caricaturale et un poil prétentieuse, qui non seulement napporte rien au genre, mais en plus se vautre dans linsipidité de la mièvrerie la plus banale et facile qui soit. A voir, uniquement pour Parker Posey !!!
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